Quel sujet d’étude avez-vous choisi dans le cadre de votre bourse Nuffield ?
Baptiste de Fressanges - Je voulais me remettre en question par rapport à mon activité actuelle de polyculture élevage. Le sujet de mon étude est « Notre système est-il viable ? Quel avenir pour un troupeau allaitant en système intensif ? ». Ma bourse Nuffield, avec le soutien de France Génétique Elevage et sous la tutelle de Laurent Journaux, est d’abord une formidable opportunité de s’ouvrir sur le monde, sur toutes les filières agricoles. Elle permet d’ouvrir des portes, de disposer d’un carnet d’adresses riche, et de rencontrer des spécialistes réputés et passionnants.
Après des études en alternance jusqu’au BTS en maison familiale et rurale, et une expérience de woofing en Australie, je me suis installé en 2006 sur l’exploitation familiale.
Comment se déroulent les deux années d’un boursier Nuffield (1) ?
B. de F. - La bourse d’une valeur de 20 000 euros permet de réaliser la Contemporary Scolar Conference (une semaine de conférences et de visites pour les 80 boursiers de l’année), puis le Global Focus Program (six à huit semaines de voyage par groupe de huit boursiers avec visites techniques et rencontres professionnelles de premier plan),
Pour ma part je me suis rendu en Angleterre, aux États-Unis, en Allemagne, en République tchèque, en Pologne, en Turquie, au Kenya et en Afrique du Sud. Puis commencent les travaux individuels à l’étranger. Je suis dans cette dernière phase qui dure plusieurs mois. Je travaille en autonomie, en utilisant le réseau Nuffield et mes propres contacts.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué pendant la phase collective du programme ?
B. de F. - J’ai observé qu’il faut savoir saisir les opportunités (biogaz, photovoltaïque… ) même si elles s’éloignent de notre métier initial. Le Kenya et l’Afrique du Sud m’ont particulièrement impressionné. J’ai vu qu’avec presque rien, il est possible de faire beaucoup. J’ai surtout été marqué, un peu partout en Europe, par la fréquence des structures d’exploitation regroupées. C’est un modèle qui me semble très intéressant. Nous pouvons le faire à petite échelle. À titre personnel, nous avons d’ailleurs créé depuis ce voyage, avec mon frère et un voisin, une société commerciale. Nous travaillions déjà beaucoup en Cuma. Nous allons maintenant plus loin en achetant ensemble nos engrais et aliments du bétail et en vendant ensemble nos céréales.
Il faut s’adapter, nous n’avons pas le choix. Il ne faut pas s’enfermer chez soi et au contraire s’ouvrir pour ne plus subir et retrouver le sens de notre travail.
Vous poursuivez cette année votre parcours avec les travaux individuels. Pouvez-vous nous livrer déjà certaines de vos pistes ?
B. de F. - J’ai visité une quinzaine d’ateliers d’engraissement en Italie, aux fonctionnements variés. Je veux être acteur de la mise en marché de mes broutards, en prise directe avec l’engraisseur. Une meilleure communication avec les engraisseurs italiens est capitale pour défendre ensemble notre filière commune. Mon organisation de producteurs Covido-Bovicoop m'accompagne sur les pistes de travail de mon étude. J’ai pu constater en voyageant que la qualité de nos broutards est un atout énorme par rapport à la concurrence. Nous leur fournissons des animaux de très bonne qualité. Je suis optimiste pour l’avenir, même si le marché italien est sur une tendance baissière. Il va falloir aussi saisir les nouveaux marchés d’export, et il est indispensable d’adapter notre façon d’élever à leur demande.
Je reviens tout juste d’Irlande, et je vais essayer d'adapter les techniques de pâturage sur ma ferme. Il y a beaucoup de choses à faire pour baisser nos coûts de production. Je suis optimiste pour l’avenir de l’élevage allaitant.
(1) Voir toutes les informations sur le site
www.nuffieldfrance.frMieux communiquer avec les engraisseurs italiens pour défendre ensemble notre filière commune