« J’ai vécu une aventure formidable »
Sylvaine Berland est incollable sur l’élevage charolais et les démarches qualité présentes dans l’Allier. Jusqu’à son départ en retraite le 1er juillet dernier, elle était sous-directrice de Sicaba et est restée fidèle au même employeur pendant 41 ans.
Sylvaine Berland est incollable sur l’élevage charolais et les démarches qualité présentes dans l’Allier. Jusqu’à son départ en retraite le 1er juillet dernier, elle était sous-directrice de Sicaba et est restée fidèle au même employeur pendant 41 ans.
41 ans à Sicaba
Après un stage dans le cadre de mon BTS, j’ai été embauchée le premier juillet 1975 à Sicaba - à l’époque Sica viandes - et j’y suis restée 41 ans. Mon premier travail a été d’inciter les éleveurs à adhérer au label rouge « Charolais du Bourbonnais ». J’ai ensuite été responsable de la partie « amont ». À partir de 1996, j’ai évolué vers davantage de responsabilités administratives et comptables associées à la gestion des ressources humaines, en continuant à suivre les évolutions des cahiers des charges de nos démarches qualité. Sicaba, c’est actuellement 95 salariés. Ce chiffre passe à 165 quand on inclut les différentes filiales. 80 % du tonnage abattu est sous signes officiels de qualité.
Charolais du Bourbonnais
J’ai accompagné la mise en place et le développement du « Charolais du Bourbonnais », premier label rouge gros bovins, reconnu en février 1974. Il est sous IGP depuis 1996.
Mon mentor
Daniel Monvoisin, premier directeur de Sicaba, a été mon mentor. C’est lui qui m’a embauché. Précurseur dans les démarches qualité, il m’a entre autres transmis la « culture Sicaba », faite d’une vraie volonté de mettre en avant les viandes de qualité produites localement, associée à une grande rigueur dans le travail.
Bio
Au début de ma carrière, j’avais tendance à analyser les acteurs du bio comme de doux rêveurs. Cette vision a radicalement changé au début des années 2000. Actuellement, le bio totalise 26 % de l’activité bovine de Sicaba avec une croissance soutenue l’an dernier. Pour un éleveur conventionnel, il y a des enseignements à tirer de la conduite en bio, en particulier pour la gestion des surfaces fourragères, en s’inspirant également des stratégies adoptées par certains de ces élevages pour arriver à une meilleure autonomie alimentaire et à la maîtrise de certains problèmes sanitaires.
Bœufs
Chez les adhérents de Sicaba, il y avait en moyenne 22 vaches par UTH lorsque j’ai été embauchée. Ce chiffre avoisine la centaine cette année. Au départ, c’était essentiellement des naisseurs-engraisseurs produisant des bœufs. L’attractivité du marché du maigre les a incités à substituer les bœufs par autant de vêlages supplémentaires. L’an dernier, Sicaba a abattu 540 bœufs label et bio contre plus de 900 dans les années 1970.
Forêt de Tronçais
J’habite dans la maison héritée de mes parents. Elle se situe dans une enclave en Forêt de Tronçais. Mon mari et moi avons pris notre retraite presque simultanément. Nous avons acheté des vélos électriques pour nous promener dans allées quadrillant les 10 520 hectares de cette forêt.
Fille, petite-fille et arrière petite-fille de boucher
Je suis issue d’une famille de bouchers emboucheurs. La passion de la viande et de l’élevage doit être inscrite dans mes gènes ! Mes parents auraient souhaité que je sois institutrice, mais ce n’était pas du tout dans mes intentions. J’ai toujours voulu travailler dans le para-agricole et je n’ai jamais eu l’intention de m’installer même si mon mari était éleveur, de Charolais évidemment.
Patrimoine rural
Je suis très attachée au patrimoine bâti rural. Je fais partie d’une association, « Patrimoine de France », qui œuvre à sa mise en valeur et sa restauration. J’en suis la déléguée pour mon département et j'entends désormais y consacrer une partie de mon temps libre.
Évolution de l’élevage
Dans l’Allier et les départements limitrophes, la pyramide des âges des éleveurs laisse planer bien des interrogations sur les évolutions à venir pour les exploitations allaitantes. Beaucoup d’éleveurs vont partir en retraite dans les cinq ans. Les fermes s’agrandissent, avec un nombre accru de cheptels de plus de 250 mères. Malheureusement la « fibre élevage » tend à s’étioler chez bien des jeunes. La crise et la volonté de réduire l’astreinte de leur travail les a incités à donner priorité aux cultures.
Solides amitiés
Je suis très attachée au métier d’éleveur et à ma région. Travailler à Sicaba sur des produits de qualité bien identifiés dans un abattoir appartenant aux éleveurs a été en phase avec mon éthique et ma philosophie de l’élevage. Dans le fond, j’ai vécu une aventure formidable. Je me suis épanouie dans mon métier et je n’ai pas vu le temps passer. Dans certaines exploitations, j’ai côtoyé trois générations d’éleveurs et noué de solides amitiés avec une partie d’entre eux.