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Impluvium de Volvic : les éleveurs au service de la qualité de l’eau

​​​​​Situé au cœur des volcans d’Auvergne, l’impluvium de Volvic fait l’objet de soins d’envergure pour préserver la qualité de cette eau mondialement connue. L’abreuvement des bovins en cours d’eau est l’une des facettes.

Préserver la ressource en eau et son environnement dans un territoire d’une superficie de 38 000 hectares dont 850 de SAU, telle est la mission du comité environnemental pour la protection de l’impluvium de Volvic (Cepiv), créé en 2006 à l’initiative de la société des eaux de Volvic. Leurs actions se déclinent en trois axes : aménagement des communes, préservation de la biodiversité et maintien d’une agriculture raisonnée. Deux cours d’eau, le Lambertèche et l’Ambène, qui prennent leur source au pied des volcans, traversent respectivement sur 5 et 1,5 kilomètre cet impluvium et impactent une quinzaine d’élevages allaitants. Pour protéger ce bassin d’infiltration des eaux et tendre vers une agriculture respectueuse de l’environnement, ces derniers se sont engagés notamment à limiter le recours aux pesticides et à pratiquer le compostage. Pour la lutte contre le campagnol terrestre et la taupe, l’interdiction d’utiliser des produits chimiques a amené le collectif à privilégier l’emploi de deux piégeurs ce qui représente aujourd’hui l’équivalent d’un temps plein sur l’année. Formés et équipés de pièges efficaces, ces professionnels ont une activité indépendante financée par le Cepiv.

Une protection collective

En 2011, un contrat territorial a vu le jour autour des milieux aquatiques. Accompagné par différents partenaires (conseil départemental, agence de l’eau Loire Bretagne, fédération départementale de la pêche…) et les agriculteurs, le Cepiv le pilote et finance le reste à charge des installations voire l’intégralité selon les ressources financières. Ce programme garantit une qualité d’abreuvement pour les bovins tout en assurant la protection des cours d’eau. Techniquement, la réussite de ce programme tient beaucoup aux agriculteurs. Car si au départ, des entreprises extérieures avaient été sollicitées, celles-ci proposaient des ouvrages onéreux et vite dégradés. Or l’entretien est primordial pour la pérennité des équipements. Les agriculteurs de la zone ont rapidement pris les choses en main en réalisant eux-mêmes les travaux et en assurant l’entretien des ouvrages qui sont leurs outils du quotidien.

​​​​Des solutions techniques homogènes

Ils couvrent trois types de chantiers : abreuvoirs, passages busés et clôtures de protection des ripisylves. Pour les abreuvoirs, le choix s’est porté collectivement sur des abreuvoirs en descente aménagée. Douze ans plus tard, les équipements sont toujours fonctionnels comme témoigne cette photo avec deux éleveurs charolais parties prenantes de l’opération, Jean-Michel Herment et Bernard Pranal.

« L’abreuvoir aménagé a une longueur minimale de 3 mètres quand il est simple (pour 20 bovins environ), mais il peut mesurer le double s’il y a plus d’animaux. Il peut même être aménagé des deux côtés du cours d’eau, explique Jean-Michel Herment. On procède à un décaissement de la berge sur 20 centimètres d’épaisseur, on installe un géotextile et on empierre le tout avec de la pierre cassée de basalte. La pente doit être inférieure à 15 %. Au pied de la descente, on dispose un tronc en chêne pour canaliser l’eau et empêcher les cailloux de tomber. Deux lisses en chêne sont installées, dont la plus basse est située à 70 centimètres de hauteur. Le tout est tenu par des piquets d’acacia. » Et d’ajouter : « avec ce système, aucune déjection ne va dans l’eau. Il est aussi primordial, pour assurer une circulation optimale de l’eau au pied de l’abreuvoir, de l’implanter sur un secteur rectiligne relativement courant, pour éviter toute érosion ou, au contraire, sédimentation en pied. Il faut donc éviter les méandres ».

L’abreuvoir est couramment associé à un passage busé de 5 mètres pour l’accès aux machines et aux animaux. Le busage de diamètre 1 000 est installé à l’horizontale afin de conserver en permanence une lame d’eau suffisante. Le lit est décaissé de manière que le fond des buses soit enterré sur au moins 30 centimètres. La reconstitution du lit du cours d’eau dans les buses se fait avec les matériaux issus de la phase de décaissement. Les buses sont disposées de manière qu’il ne puisse pas se former de dépôts à l’amont, d’érosion et de chutes à l’aval.

S’agissant des arbres sur les berges, le programme ne prévoit pas d’implantation mais de la remise en état. Seule la sécurisation des haies par du barbelé pour les berges boisées (à dominante de noisetiers) ou du fil de clôture électrique pour les berges moins fournies et peuplées d’herbacées est assurée par les propriétaires des parcelles.

À ce jour, les cours d’eau sont protégés par 8 kilomètres de clôture, 50 abreuvoirs et 21 passages busés installés. Cet exemple d’aménagement collectif soutenu par des collectivités territoriales et une entreprise privée montre son efficacité. La volonté de plus en plus marquée d’extraire les besoins agricoles en eau des réseaux d’eau potable augure de ce que demain devront probablement faire collectivement les agriculteurs riverains de cours d’eau.

Remerciements à Daniel Mauger, responsable du projet à la société des eaux de Volvic

Une opération gagnant-gagnant

Le coût d’un abreuvoir simple est d’environ 1 000 euros, un busage s’établit à 600 euros et il faut compter 8 euros du mètre linéaire de clôture. Administrativement, un dossier d’aménagement est déposé auprès de la police des eaux (à noter qu’aucune surréglementation spécifique n’a cours sur l’impluvium de Volvic). Un accord intervient entre le Cepiv et l’agriculteur sur le projet. L’éleveur réalise les travaux et si l’ouvrage respecte le cahier des charges établi entre les différents partis. Il est intégralement financé, main-d’œuvre comprise. C’est un atout de taille qui explique l’efficacité des programmes.

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