Gaec des Coutellières : une finition haut de gamme pour les femelles
Au Gaec des Coutellières à Le Bignon-du-Maine en Mayenne, tous les animaux du troupeau passent par la case engraissement avant d’être commercialisés. La production est axée sur le haut de gamme.
Au Gaec des Coutellières à Le Bignon-du-Maine en Mayenne, tous les animaux du troupeau passent par la case engraissement avant d’être commercialisés. La production est axée sur le haut de gamme.
Chez les Chauveau, l’engraissement est une affaire de famille. Pas une bête, mâle comme femelle, ne sort de l’élevage, naisseur engraisseur sans avoir été finie au préalable. La génétique est la clé de la réussite de cet élevage plusieurs fois primé au festival d’Évron, pour ses bêtes haut de gamme. L’utilisation de semence de taureaux culards pour 90 % des femelles, et ce, depuis trois générations, représente le socle de base de l’exploitation qui produit des animaux de forme. Les éleveurs recherchent de petits veaux vigoureux.
« Toutes les vaches sont engraissées que ce soit les Charolaises (80 vêlages) ou les croisées (30 vêlages). On commercialise rarement des génisses, elles sont en effet toutes mises à la reproduction pour un premier vêlage à 28-30 mois, en moyenne. La sélection s’opère ensuite selon deux critères principaux : la docilité et la lactation. Je réalise également moi-même les échographies pour déceler les vaches vides et les engraisser sans perdre de temps. On préfère engraisser les bêtes à compter du second rang de vêlage pour leur laisser le temps d’atteindre leur poids adulte. Ensuite, on fait attention à celles qui prennent de l’âge pour les concours de boucherie en raison des aplombs et d’une moins bonne finesse », souligne Mickaël Chauveau, l’un des trois associés du Gaec avec son frère Adrien et sa mère Martine. Les vêlages sont répartis sur l’année pour étaler les sorties.
Entre 5 semaines et 6-7 mois de finition
La finition des femelles nécessite de cinq semaines à six sept mois maximum pour celles présentées sur les concours de boucherie. Les rations d’engraissement sont identiques pour toutes les femelles. « Les vaches maintiennent un bon état car elles sont toujours complémentées. Leur engraissement commence après le sevrage des veaux à 6-7 mois d’âge et une période de tarissement. Celle-ci dure quinze jours à trois semaines. L’hiver, je les mets au foin. L’été, elles restent sur une petite parcelle d’herbe », explique Mickaël Chauveau.
Au printemps, l’herbe est privilégiée. Les vaches sont au pré par petits lots de cinq à six par hectare. Elles tournent sur plusieurs parcelles. Un lot qui n’est pas à l’engraissement passe derrière pour manger les refus. Elles sont complémentées au nourrisseur en fonction de la quantité d’herbe. Si cette dernière vient à manquer, des râteliers avec de l’enrubannage de prairies de ray-grass et trèfles sont apportés dans les parcelles. La complémentation au champ se compose de luzerne déshydratée, d’orge aplatie, d’un complément riche en matières grasses (12 %) et protéines (28 %) à base de graines de lin entières (30 %), d’avoine, de pulpe de betteraves et d’un complément azoté. « Je donne l’avoine entière pour la couleur de la viande. La pulpe de betteraves cale les animaux qui sont plus calmes, précise l’éleveur, avant d’ajouter, on utilise une ration Bleu Blanc Cœur depuis plus de vingt ans. On est affilié depuis 2015. Il nous accompagne dans la formulation de mes rations. » Une fois le tarissement réalisé, l’alimentation est distribuée à volonté. « Je remplis le nourrisseur, une fois par semaine au godet désileur, avec l’aliment que je prépare au fur et à mesure. Les vaches mangent ainsi les unes après les autres ce qui permet de fractionner le repas et de garder l’aliment à l’abri, en cas de pluie. »
Des rations bien pourvues en protéines
L’hiver, les femelles reçoivent une ration composée de fourrages (ensilage d’herbe, enrubannage et foin) et d’un aliment mélangé sur place, constitué d’orge autoconsommée, d’avoine, d’un extrudé énergétique à base de lin et d’un complément azoté. La ration est distribuée deux fois par jour. Les bêtes sont à l’attache pour éviter les hématomes.
« Les rations engraissement sont bien pourvues en protéines, nécessaires pour éviter la formation de gras de couverture sur les carcasses notamment. L’apport de graines de lin extrudé permet de diversifier la ration en énergie sans risque d’acidose. Les matières grasses insaturées favorisent le gras intramusculaire », note Amélie Piot, commerciale nutrition ruminants chez Valorex.
Les carcasses sont régulières. En 2018, 36 vaches ont été engraissées et vendues. Le poids moyen était de 528 kg carcasse et la conformation U +, pour une durée moyenne d’engraissement de 150 jours. En 2018, le prix de vente moyen des femelles s’est élevé à 5 euros/kg carcasse. L’hiver, le coût de la ration est évalué à 2,50 euros par jour. L’été à 3 euros. les références bovin croissance 2018 en Charolais U + se situe à 457 kg carcasse pour un prix moyen de la viande à 4 euros/kg carcasse.
« Notre objectif sur l’exploitation est de produire de la qualité pour faire vivre 3 UTH sans pour autant avoir un cheptel conséquent. »
Chiffres clés
Trois débouchés
Le débouché est adapté selon le classement des animaux. « Les bêtes classés R + - U- sont vendues sur le marché standard. Je travaille en direct avec deux abattoirs que je contacte. Les femelles classées U = ou U + sont commercialisées par le biais de quatre Super U qui disposent d’un rayon boucherie traditionnelle. Je programme sur deux mois les sorties. Ensuite, en fonction de la taille des carcasses, je sais vers quel magasin orienter mes bêtes. Certains préfèrent des carcasses de 480-500 kg, d’autres prennent jusqu’à 650-700 kg. Je garde ensuite les bêtes de conformation E pour les concours de boucherie. Ces derniers représentent un bon moyen de se faire connaître et d’apprécier la qualité de nos animaux. Les croisés se vendent très bien dans le circuit haut de gamme. J’ai de bons retours des abattoirs et bouchers sur la tenue de leurs carcasses », note Mickaël Chauveau.
En général, les prix des animaux femelles sur le concours d’Évron sont compris entre 5,5 et 6,80 €/kg carcasse pour les animaux plaqués.