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Ensilage, enrubannage, foin, quoi de neuf ?

Les étapes de récolte et de conservation jouent un rôle majeur dans la modification de la composition chimique des fourrages et donc de leur valorisation par les ruminants.

Globalement, l’évolution des matériels de récolte a permis d’accompagner l’essor des graminées prairiales, tout en permettant de produire un travail de qualité pour les légumineuses prairiales.
© P. Cronenberger

Si le stade physiologique de la culture, au moment de la fauche, reste le premier critère influençant la qualité du fourrage, les étapes de récolte et de conservation interviennent elles aussi de façon majeure dans la modification de sa composition chimique et donc de sa valorisation par les ruminants.
Le Sommet de l’élevage 2018 a été l’occasion de faire quelques rappels et un tour des nouveautés concernant l’ensilage, l’enrubannage et le foin. À commencer par la question faucher le matin ou l’après-midi ? « En réalité, c’est un luxe de pouvoir choisir. Certes, la quantité de sucre est supérieure dans le fourrage de l’après-midi mais l’essentiel reste de disposer d’une fenêtre d’intervention suffisante. Il est donc préférable d’intervenir dès la disparition de la rosée pour ne pas piéger l’eau dans les andains et à une hauteur de fauche de 7-8 centimètres pour éviter la terre, allier valeur alimentaire et rendement et favoriser un séchage rapide et la reprise du fourrage », rappelle Anthony Uijttewaal responsable du pôle fourrages à Arvalis - Institut du végétal.

L’étalement du fourrage détermine la vitesse de séchage

Le facteur déterminant de la vitesse de séchage reste l’étalement du fourrage et ce, avant le type de matériel utilisé (faucheuse classique ou conditionneuse). « Les résultats d’essais montrent que plus l’étalement du fourrage est important, plus son séchage est rapide, qu’il ait été ou non conditionné. Les premières heures qui suivent la fauche sont primordiales pour permettre une évacuation maximale de l’eau de la plante. » D’une manière générale, il est nécessaire que le fourrage atteigne une teneur en MS supérieure ou égale à 40 % en un minimum de temps afin de limiter les pertes par respiration des propres cellules de la plante. C’est au cours de la deuxième phase de séchage (MS > 40-45 %) que l’effet bénéfique du conditionnement commence. En créant des points de sortie privilégiés de l’eau, il accroît la vitesse de séchage par rapport à un même fourrage non conditionné.

Le choix du matériel de fauche et de ses réglages n’est pas anodin. En France aujourd’hui, il existe essentiellement trois types de faucheuses : les faucheuses rotatives « à plat » ou « classiques », les faucheuses conditionneuses à fléaux ou à doigts et les faucheuses conditionneuses à rouleaux (en matière plastique ou en acier). « Selon un essai comparatif conduit sur luzerne en 2016, la faucheuse rotative 'classique' présente le niveau de pertes le plus faible, égal à 3,8 % de la biomasse initiale avant fauche. Les conditionneuses à rouleaux révèlent, quant à elles, un niveau de pertes un peu plus important, compris entre 4,3 et 4,9 %. Le conditionnement avec des fléaux entraîne en revanche des pertes de MS supérieures aux autres types de faucheuses. Selon la configuration et les réglages, elles vont de 5,7 et 9,3 % », note l’ingénieur.

Fanage et andainage, des conditions d’intervention déterminantes

Les conditions d’intervention lors du fanage/andainage sont déterminantes. Au fur et à mesure du séchage, les feuilles deviennent cassantes, s’émiettent facilement et le bris de feuilles constitue alors un poste important de pertes de la valeur alimentaire, lors de la récolte au champ. « On considère que c’est à partir de 60 % de MS tiges et feuilles réunies que le risque de bris est important. » Dans le cas des légumineuses pures ou dominantes, il est préférable d’agir sur un fourrage encore humide ou réhumidifié par la rosée. « Des expérimentations conduites sur les stations Arvalis de Saint-Hilaire-en-Woëvre et de La Jaillère montrent que l’incidence entre une intervention (préandainage et andainage, à l’aide d’un giro-andaineur) l’après-midi ou le matin sur un fourrage réhumidifié est non négligeable. L’étude évalue le préjudice lié aux pertes quantitatives et qualitatives entre 70 et 110 euros l’hectare, selon le contexte économique retenu. Ces résultats illustrent bien que le choix du moment de l’intervention est primordial afin de produire un fourrage de qualité. Pour limiter les pertes mécaniques, il semble également qu’il est préférable de réduire le régime de prise de force à 350-450 tr/min. Il subsiste par ailleurs des solutions techniques à étudier pouvant concilier productivité et qualité du fourrage, telles que les andaineurs à tapis. »

Concernant les conservateurs, « nous connaissons assez bien leurs modes d’actions mais il reste encore du travail, que ce soit pour déterminer leurs seuils d’application, la rentabilité d’un apport ou non et définir les conditions dans lesquelles les ajouter. L’application de la dose adaptée n’est pas facile dans la pratique. Les recommandations se faisant en cfu (bactéries) ou en litres (acides) par gramme de fourrage frais et les réglages machine en litres par heure. Aussi, est-il nécessaire de connaître le rendement, le débit horaire de la machine, la teneur en MS, pas évident pour les fourrages préfanés », souligne Anthony Uijttewaal.

Le pressage, des conséquences moindres sur les pertes

Par rapport au foin, l’enrubannage offre des créneaux météorologiques favorables à la récolte des légumineuses, avec un meilleur ciblage du stade de récolte. Au moment du pressage, le risque de pertes mécaniques est faible si le fourrage récolté dispose d’un pourcentage de MS inférieur à 70 %. Il est estimé à 1,3 % de la biomasse initiale. Lors de cette opération, il semble que l’utilisation d’une presse à balles rondes, à chambre fixe puisse, occasionner davantage de pertes que son homologue à chambre variable mais la perte demeure faible. En comparaison de l’ensilage, les fermentations qui ont lieu sont généralement d’une intensité moindre en enrubannage. La teneur en MS supérieure de l’enrubannage restreint l’activité microbienne en réduisant l’activité de l’eau. Les pertes durant la conservation en enrubannage sont relativement faibles (environ 3 %, si le film plastique n’est pas percé). L’élévation de la matière sèche a tendance à réduire les pertes de MS. Attention toutefois, au-delà de 65-70 % de MS, on accroît le risque de moisissures superficielles.

L’enrubannage est un mode de conservation dont la réussite tient en grande partie au maintien de l’intégrité du film plastique. Une simple perforation peut rompre l’anaérobie et engendrer des pertes significatives. Liage et filmage représentent donc les deux piliers du maintien des conditions anaérobies. Le liage ficelle est aujourd’hui minoritaire au profit du liage filet. Ce dernier offre une surface plus lisse en rabattant les tiges et brins de fourrages rigides récalcitrants, en parallèle de la surface de la balle. « L’utilisation du système de couverture des bords dit cover edge apporterait la possibilité d’accroître cet avantage en produisant des bords de balle 'lisses' et ainsi de réduire les perforations sur les arêtes des balles. Depuis quelques années en France, le liage par film plastique a fait son apparition. Les premiers résultats le concernant sont prometteurs. Il offre une résistance mécanique accrue (moins de trous, meilleur placage du plastique). Par contre, selon une étude il nécessiterait une consommation de plastique importante (+ 8,7 % par rapport au filet). Mais ce résultat reste à confirmer et le recyclage intégral est possible. » Le mode d’enrubannage joue également un rôle dans le risque de perforations. Outre l’application d’un nombre de couches de film plastique supérieur (6 à 8) par rapport à l’enrubannage de graminées (4 voire plutôt 6), il n’existe pas de réglages des enrubanneuses spécifiques pour les légumineuses. Il convient néanmoins de procéder aux réglages essentiels concernant l’étirement et le chevauchement des couches. Le sur-étirement et la micro-abrasion du film plastique augmentant par ailleurs la perméabilité à l’oxygène d’autant plus que le stade de récolte est tardif (forte proportion de tiges rigides).

Ces données sont issues des essais Arvalis conduits dans le cadre des projets Luziva et 4AgeProd.

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