Aller au contenu principal

En Irlande, un OAD prévoit la pousse de l’herbe pour la semaine à venir

Depuis 2018, un outil d’aide à la décision donne pour les éleveurs irlandais une prévision hebdomadaire de la croissance de l’herbe à l’échelle de l’exploitation. Les éleveurs reçoivent l’information sur WhatsApp tous les mardis, et peuvent aussi suivre « la météo des prairies » tous les dimanches à la télé.

PastureBase Ireland repose sur un réseau d’élevages bovins créé en 2013 par le Teagasc, organisme de recherche semi-public irlandais. Ce réseau rassemble actuellement 6 000 élevages inscrits dont 2 200 sont des utilisateurs très actifs, répartis sur pratiquement tout le pays. Pour ces élevages, sont intégrées dans l’outil les surfaces des parcelles, les données de conduite du pâturage, de la fauche, de la fertilisation des prairies.

« L’éleveur saisit lui-même environ une fois par semaine ses données d’estimation de la biomasse présente dans chaque parcelle sur l’appli PastureBase », a expliqué Élodie Ruelle de Teagasc, lors des journées de printemps 2021 de l’AFPF. « Certains utilisent un herbomètre. Dans la plupart des cas, c’est une estimation visuelle que l’éleveur fait lors de son tour hebdomadaire des prairies. »

La majorité des éleveurs irlandais « entraînent leurs yeux » au début de la saison de pâturage avec la technique des quadrats (fauche à la microtondeuse de six surfaces de 0,5x0.5 m par hectare et pesée du couvert). Puis ils estiment uniquement à l’œil la quantité de biomasse. « Bien que cela puisse paraître surprenant, la précision des estimations visuelles hebdomadaires réalisées par les éleveurs est très souvent aussi bonne que celle des autres méthodes d’estimation. »

Un modèle élaboré en collaboration avec Inrae

Cinquante-huit élevages utilisateurs de PastureBase Ireland ont été sélectionnés pour que leurs données servent à développer un modèle de prédiction de la croissance de l’herbe. Ces 58 élevages sont bien répartis dans le pays et ils entrent régulièrement des données de qualité dans PastureBase Ireland. Un modèle de croissance de l’herbe, issu de la collaboration entre la ferme expérimentale de Moorepark en Irlande (Teagasc) et l’équipe de Luc Delaby de l’Inrae de Saint-Gilles, est mis en œuvre sur ces données.

Ce modèle intègre les données météo (pluie, température et rayonnement) provenant une fois par jour de la station la plus proche de l’exploitation, les caractéristiques de sols (profondeur, teneur en matière organique, granulométrie) et les évènements de la gestion du couvert renseignées dans PastureBase Ireland : date de pâturage et fauche, effectifs des animaux, date et quantité des apports d’azote.

 

 

C’est une moyenne de croissance potentielle de l’herbe pour les sept prochains jours à l’échelle de l’exploitation qui est transmise aux éleveurs. Des mails sont également adressés aux conseillers du Teagasc et à d’autres instances (gouvernement, agences publiques). « Tous les éleveurs adhérents à Teagasc ont accès à ces prévisions pour la ferme de référence la plus proche de la leur », explique Élodie Ruelle. Ils reçoivent cette information tous les mardis, sur WhatsApp. Ils ont également accès à la comparaison sur les sept dernières années de la croissance de l’herbe. Depuis août 2020, les prédictions par comté sont également diffusées sur Twitter et présentées tous les dimanches sur la chaîne de télé nationale RTE One lors de « la météo des prairies ».

Une qualité des prévisions jugée satisfaisante

La qualité des prévisions générées par cet OAD est a posteriori jugée satisfaisante sur les années 2019 et 2020. « Le modèle a tardé à reconnaître le début d’une petite période sèche, mais a ensuite bien rattrapé la pousse observée », analyse Élodie Ruelle. L’erreur moyenne sur l’ensemble des fermes est d’environ 7 kg MS/ha/jour. Dans certaines fermes, la qualité des données d’estimation visuelle de la biomasse n’est pas régulière, ce qui donne une courbe en dents de scie peu valorisable. Un certain nombre de stations météo ont d’autre part été installées directement dans les fermes pour étudier si cela permet d’améliorer les prévisions.

 

« Les éleveurs ont adopté cette information. Les premiers retours d’enquête ont montré qu’ils en tiennent compte pour prendre leurs décisions de gestion du pâturage », constate Élodie Ruelle. Cette information est aussi valorisée par les conseillers en élevage et par le gouvernement. Toute une dynamique se met en place autour de cet outil.

 
PastureBase Ireland est une application qui associe de nombreux autres outils : planificateur de pâturage, comparaison avec d’autres élevages, croissance cumulée des différentes parcelles…

Cet outil pourrait-il être utilisé en France ?

En Irlande, les prairies sont presque exclusivement composées de ray-grass anglais régulièrement ressemé. Il y a très peu de trèfles dans les fermes classiques. Et le climat reste très favorable à la pousse de l’herbe sur presque toute l’année dans tous les comtés. La situation est donc bien différente de celles des prairies françaises, aux couverts très diversifiés, avec un climat variable d’une région à l’autre et devenant extrême. Le modèle de prévision de la pousse de l’herbe de Moorepark et Inrae ne peut pas en l’état gérer cela. Il faudrait probablement que de nouveaux développements importants soient engagés pour l’adapter. Des prévisions pourraient se construire à l'échelle de régions et sur des tendances. Affaire à suivre !

Lire aussi : PâtureVision, un outil de cartographie pour le pâturage

Lire aussi : A la ferme expérimentale de Thorigné, un outil pour adapter le chargement au pâturage

 

Les plus lus

<em class="placeholder">boeufs croisés limousines angus </em>
Croisement limousin x angus : des résultats qui bousculent les modèles

Connue pour élever un troupeau limousin bio en autonomie alimentaire depuis plus de vingt ans, la ferme expérimentale de…

<em class="placeholder">Eleveur dans le camembert de sa contention constuite à l&#039;intérieur du bâtiment d&#039;élevage</em>
Bâtiment : « J’ai construit ma contention à l’intérieur du bâtiment pour plus de sérénité »

Au Gaec des Reclous, dans la Creuse, les éleveurs ont construit leur contention en demi-camembert dans le bâtiment d’élevage…

%agr
Rouge des prés : « Combiner conduite économe et revenu avec un troupeau mixte »

Mathieu Chauvé et Florent Cesbron, éleveurs de rouges des prés dans le Maine-et-Loire, valorisent au mieux le potentiel…

paratuberculose bovine prélèvement élevage pédichiffonnettes
Paratuberculose bovine : un nouvel outil de dépistage en élevage allaitant

Pour détecter la paratuberculose bovine, le GDS de l’Aveyron a testé et validé un nouvel outil applicable en élevage allaitant…

<em class="placeholder">Eleveur bovin viande et vaches charolaise à l&#039;estive dans les Hautes-Pyrénées. Pâturage, transhumance, agriculture de montagne.</em>
« Nos vaches charolaises transhument à 1 700 mètres dans les Hautes-Pyrénées »

Pierre et Damien Liarest, dans les Hautes-Pyrénées, emmènent chaque année une quinzaine de vaches charolaises en gestation…

<em class="placeholder">Xavier Ferrand, engraisseur de jeunes bovins dans l&#039;Allier, a créé son mélange d&#039;huiles essentielles pour renforcer les défenses immunitaires des taurillons en atelier ...</em>
Maladies respiratoires des bovins : « J’utilise quatre fois moins d’antibiotiques grâce aux huiles essentielles et à la phytothérapie »

Le Gaec de la Sioule, dans l’Allier, a divisé par quatre son utilisation d’antibiotiques en atelier d’engraissement depuis que…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande