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Éleveurs et vétérinaires : le conventionnement, combien ça coûte ?

Si les maladies ont un coût que l’on peut parfois estimer, il est difficile de chiffrer combien rapporte « la bonne santé ». Or, c’est précisément le principe du conventionnement vétérinaire : il pourrait s’apparenter à celui de la médecine traditionnelle chinoise, où le praticien est rémunéré lorsque ses patients sont en bonne santé.

En conventionnement, il n’y a pas de paiement à l’acte, mais une cotisation annuelle globale. La relation entre éleveur et vétérinaire est modifiée : tous deux sont partenaires de la santé des animaux.
En conventionnement, il n’y a pas de paiement à l’acte, mais une cotisation annuelle globale. La relation entre éleveur et vétérinaire est modifiée : tous deux sont partenaires de la santé des animaux.
© Claudia Serra

D’un point de vue strictement comptable, les éleveurs en conventionnement semblent avoir un budget sanitaire sensiblement plus élevé que les autres. Une seule étude sur le sujet a été publiée en 2016. Elle a été faite sur des élevages laitiers, clients d’un même cabinet vétérinaire, mais soit en convention, soit en libéral. Le chiffre d’affaires moyen de la clinique par bovin lait et par an était de l’ordre de 80 euros en clientèle conventionnée et autour de 55 euros en clientèle libérale, mais avec beaucoup plus de variabilité entre les fermes.

Ce chiffre moyen plus élevé en conventionnement s’explique par la combinaison de plusieurs facteurs : l’exclusivité de la délivrance des médicaments par la clinique (alors que la clientèle libérale peut en acheter ailleurs), une présence plus grande des praticiens en élevage (qui font aussi le suivi repro, la gestion des boiteries…), et un niveau moyen de performances plus élevé de ces élevages.

Pour en savoir plus | Éleveurs et vétérinaires en conventionnement : « Une confiance mutuelle »

Du point de vue des éleveurs, travailler en conventionnement est « une assurance santé ». « On assure bien notre tracteur et notre maison, pourquoi pas nos animaux ? », décrit Roselyne Vray, éleveuse de charolaises et de salers, trésorière de la Copav et adhérente depuis son installation en 2009. « Sur le plan financier, il y a des années où on s’y retrouve, d’autres moins, mais on ne changerait pour rien au monde ». Par son aspect mutualiste et collectif, la convention permet à certains éleveurs de faire face à des coups durs ou à des opérations complexes sans lesquelles l’animal aurait été envoyé « à la casse ».

Le « coût » de la convention est aussi à voir du point de vue des vétérinaires. Pour ceux que nous avons interrogés, la présence d’une clientèle conventionnée, sans être « la poule aux œufs d’or », est « une sécurité financière pour les cabinets ruraux, notamment lorsqu’un jeune s’installe ». Selon eux, en assurant un chiffre d’affaires à l’année, le conventionnement participe à la lutte contre la désertification vétérinaire : « Dans certaines régions de France, on peut se retrouver à 1 h 30 du premier vétérinaire. C’est un drame pour les éleveurs », confie Anne-Catherine Bernard, vétérinaire dans l’Allier, qui travaille en partie en conventionnement depuis deux ans au sein de la Coval. 

La Fevec veut motiver les jeunes étudiants vétérinaires à choisir la rurale 

La formation des jeunes générations de vétérinaires est l’un des piliers de la Fevec. De nombreux praticiens conventionnés accueillent des étudiants en stage lors de leur année de spécialisation rurale. Sauf que le choix de la rurale, de moins en moins d’étudiant le font !

Les raisons de cette relative désaffection sont évidemment multiples, mais Alexandre Fauriat en a identifié une grâce à l’une de ses étudiantes : le stage en exploitation réalisé en première année d’école se passe souvent mal. Les étudiants en école vétérinaire (qui sont des étudiantes dans 75 % des cas) ne connaissent généralement pas du tout le monde de l’élevage… et les exploitants qui les accueillent sont habitués à avoir des stagiaires plus aguerris au travail de la ferme.

Résultat : la communication passe souvent mal, les étudiants se sentent « bons à rien » et c’en est fini de la vocation pour la rurale ! Pour lutter contre ce risque de mauvaise première impression de l’élevage, la Fevec a mis sur pied un réseau d’éleveurs « hyper accueillants et qui aiment les vétérinaires », décrit Alexandre Fauriat. Des éleveurs qui savent que ces jeunes ont tout à apprendre du monde de l’élevage, mais qu’ils seront peut-être, à la fin de leurs 6 années d’étude, leurs praticiens de demain. 

Pour en savoir plus sur ce dispositif intitulé Terre d’accueil, contacter la Fevec 

Lire aussi | Pénurie de vétérinaires ruraux : comment les écoles s'ouvrent à de nouveaux profils

Lire aussi | Déserts vétérinaires : quelles propositions pour « maintenir un maillage » ?

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