Du temps gagné avec un stockage bien agencé
Un agencement judicieux des stocks de fourrage, d’ensilage et de concentré est un préalable pour gagner du temps avec une mélangeuse sur le temps d’affourragement.
Un agencement judicieux des stocks de fourrage, d’ensilage et de concentré est un préalable pour gagner du temps avec une mélangeuse sur le temps d’affourragement.
« Entre les mélangeuses à vis verticales, à vis horizontales ou à pales, les éleveurs sont parfois un peu perdus », souligne Pierre Lépée, technicien machinisme à la chambre d´agriculture de la Creuse. Ce dernier est donc régulièrement sollicité par des éleveurs qui envisagent l’achat d’une mélangeuse. En dehors du choix de l’outil à proprement parler, le premier critère pour lequel il les met en garde concerne le nombre d’UGB. Une mélangeuse achetée neuve pour alimenter moins de 250 UGB avec une utilisation réduite à la seule période hivernale ne constitue pas un investissement bien raisonnable. Il gagne surtout à être remis en cause si le stock fourrager repose sur une part importante de foin et d’enrubannage. Plus la part de fourrages à fibre longue dans la ration est importante, plus il est difficile d´obtenir un mélange homogène et plus le temps de mélange devra donc être important.
La consommation en carburant augmente d’autant. « Quand certains éleveurs me disent qu’ils font régulièrement 700 à 800 boules d’enrubannage, je leur conseille avant d’envisager l’achat d’une mélangeuse de faire évoluer la nature de leurs stocks en récoltant sous forme d’ensilage ce qu’ils récoltaient jusqu’alors sous forme d’enrubannage. » Dans une mélangeuse, il faut un peu de brins longs pour faire ruminer mais la base doit être du brin court.
Consommation de carburant et homogénéité du mélange
« Au cours d’essais comparatifs réalisés avec la FDCuma de Corrèze et les chambres d’agriculture du Limousin (voir aussi page 20 et 21), nous avons testé trois machines sur trois rations différentes. Nous avons mesuré les temps de travaux, la consommation de carburant et l’homogénéité du mélange. Il est apparu que la consommation de gasoil et le temps de mélange étaient bien sûr différents en fonction des rations, avec des temps de mélange plus élevés pour les rations incluant une grande partie de fourrage long (enrubannage, foin) », précise Pierre Lépée. Les chiffres vont pratiquement du simple au double (4,4 l contre 7,4 l) pour une même mélangeuse selon le type de ration.
Qui plus est, entre une ration comportant beaucoup foin et une autre essentiellement basée sur l’ensilage, il y a une nette différence pour la quantité de matière sèche par mètre cube de ration. Avec un mélange pour animaux d’élevage essentiellement basé sur l’ensilage d’herbe, 1 m3 de ration satisfait aux besoins journaliers de 5 UGB. Quand la part du foin augmente, on est plus proche de 1 m3 pour 4 UGB. À l’inverse, une ration type « engraissement », avec une part importante d’ensilage et de céréales et tourteaux, permet de satisfaire aux besoins de 6 voire 7 UGB avec 1 m3. Cela réduit d’autant le nombre d’animaux qu’il est possible d’alimenter avec un seul bol.
Pour améliorer le temps consacré à l’affouragement, il ne faut pas non plus que le recours à la mélangeuse soit synonyme de complexification accrue de la composition des rations. Le temps et la qualité de préparation avec une mélangeuse dépendent de la conception de la machine. Mais la façon de l’utiliser et d’organiser le chantier est tout aussi importante pour gagner du temps. « Cette nouvelle méthode de travail est rarement compatible avec les fabriques d’aliments conçues à l’origine pour une distribution manuelle. Il faut souvent revoir les installations pour permettre un chargement aisé à la vis ou au godet », souligne Pierre Lépée.
« De ce fait, plus qu’un simple coup de fil, j’aime aller sur place pour voir comment les éleveurs sont organisés. Il faut prendre le temps de faire le tour de l’exploitation, voir où sont stockés fourrages sec, ensilages et concentrés… Il est important de faire le circuit qu’empruntera la mélangeuse. Autant de volets qui ne peuvent être correctement appréhendés par téléphone. » L’organisation du stockage des différents composants de la ration doit suivre l’ordre d’incorporation des produits : les brins longs et les concentrés d’un côté, les silos de l’autre.
« On voit souvent des points à faire évoluer autour de l’aplatisseur. Par exemple, en le positionnant en hauteur sur deux murs pour faciliter la reprise avec un godet ou en perçant des trous dans les murs pour faire passer des vis pour remplir la mélangeuse, il est souvent possible d’améliorer assez facilement à la fois le temps de travail et les conditions dans lesquelles ce dernier est réalisé. »