Comment est née cette initiative ?
Arnaud Bourry - Une première édition destinée aux troupeaux ovins a été organisée en 2017 dans notre département par la chambre d’agriculture. La formule a donné un résultat positif, et nous l’avons déclinée cette année pour les troupeaux bovins viande. Au programme, une matinée en salle avec présentation du territoire, de ses atouts, des acteurs locaux de la filière viande bovine (organisations de producteurs commerciales et non commerciales, négoces…) et puis, par petits groupes, chacun se présente aux autres en quelques phrases. Après un repas qui permet déjà aux échanges de s’installer, deux exploitations sont visitées par le groupe entier. La deuxième journée est consacrée à des visites libres des autres exploitations à transmettre.
Quel est l’intérêt de cette initiative par rapport à tout ce qui est déjà fait pour favoriser les installations en viande bovine ?
A. B. - Ces deux journées favorisent l’échange direct, mais en même temps sous couvert dans un groupe. En peu de temps, les porteurs de projets acquièrent une vision d’ensemble de la situation du département, et les cédants rencontrent des profils variés de potentiels repreneurs.
Il est important d’identifier plus clairement les cédants. Le répertoire doit être le plus large possible. On s’aperçoit que, malgré les nombreuses actions pour l’installation, certains cédants se posent encore beaucoup de questions et ne connaissent pas de repreneurs.
Les cédants qui ont participé à cette initiative ne veulent pas voir disparaître leur troupeau, qui souvent n’incarne pas moins que le travail de toute une vie. Mais pour être attractif pour un potentiel repreneur, aujourd’hui des efforts sont aussi à consentir. Maintenir le taux de renouvellement du troupeau surtout, mais aussi continuer à assurer l’entretien des bâtiments et des clôtures par exemple, peut faire la différence pour déclencher une décision de la part d’un futur éleveur.
Quelle est la situation démographique de l’élevage dans la Vienne ?
A. B. - Étant donné la pyramide des âges, beaucoup d’élevages vont changer de mains dans les dix prochaines années. Nous avons aujourd’hui environ 45 000 vaches allaitantes. Nous sommes bordés au Sud par le croissant du bassin limousin et à l’Ouest par les Deux-Sèvres, mais la Vienne est un petit département allaitant au sens géographique. Dans cette zone intermédiaire, si, sur les vingt dernières années, le nombre de brebis a énormément baissé, il est maintenant stabilisé. Les vaches ont elles aussi été bien poussées par la charrue, mais depuis 2012, et encore plus depuis 2016, le mouvement se ralentit du fait du contexte céréalier.
Nous voulons mettre en avant la complémentarité entre élevage et polyculture. Les systèmes de polyculture-élevage ont prouvé leur cohérence aux niveaux technique et économique.
Quels sont les atouts pour élever des vaches allaitantes dans la Vienne aujourd’hui ?
A. B. - Il est possible que des éleveurs de Normandie ou de Bretagne trouvent des opportunités dans notre foncier. En race Limousine, nous pouvons proposer aux éleveurs des valorisations intéressantes pour tout type d’animaux de tout âge, grâce aux filières label et aux niches de marché. L’abattoir de Montmorillon, après avoir failli disparaître il y a quatre ans, s’est modernisé et fonctionne bien. Le marché au cadran des Hérolles a démarré son activité en juin 2015. Cet ensemble dynamise le territoire. Les chambres d’agriculture de Vienne et de Charente ont d’autre part lancé une action commune pour favoriser le développement d’ateliers d’engraissement de jeunes bovins, que ce soit chez des naisseurs, chez des anciens éleveurs ou chez des céréaliers.
Mettre en avant la complémentarité entre élevage et céréales