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En provenance du Sud-Ouest
Des veaux français engraissés pour le marché catalan

Près de Lérida, en Catalogne, Joan-Carles Massot engraisse des veaux français en ration sèche. Abattus à moins de 12 mois, ils sont destinés à la consommation locale. 

Tout autour de Lérida, en Catalogne, l’arboriculture fruitière cohabite avec les productions animales. En ce début de printemps, le rose des pêchers en fleur alterne avec le blanc des pommiers, et entre les vergers, il est possible d’apercevoir de nombreux bâtiments d’élevage hors-sol. Les porcheries sont les plus nombreuses, mais les unités d’engraissement de bovins sont également très fréquentes.

En périphérie de Torre-Serona, petite agglomération située à 5 km au nord de Lérida, les stabulations de l’élevage Agro-Massot ont été construites au ras des vergers. Installé sur l’exploitation depuis 1985, Joan-Carles Massot est la troisième génération à la tête de cette exploitation familiale, et la seule partie élevage est conduite avec deux salariés. Elle repose sur un système très intensif. L’essentiel des surfaces sont irriguées et consacrées aux arbres fruitiers. La partie élevage est en hors-sol strict. « Nous achetons à l’extérieur toutes les matières premières nécessaires à l’alimentation des animaux », précise le maître des lieux. 

La conduite de ces deux productions est parfaitement rodée. La partie élevage a pris de l’importance au fil des ans. « Je me suis installé avec mon père en 1985. À l’époque, il y avait déjà cinq ans que notre petite unité de fabrication d’aliment à la ferme avait été mise en fonctionnement. J’ai toujours connu cette activité d’engraissement sur l’exploitation et nous avons toujours travaillé en ration sèche. » La dimension de l’atelier bovin a bien progressé au fil des ans. Au moment de son installation, Joan-Carles Massot engraissait 500 têtes par an, chiffre passé à 800 têtes en 1988 pour arriver à 1 500 en 2002.

Une majorité de croisés laitiers achetés en France

L’atelier travaille à partir de veaux laitiers achetés autour de 3 semaines. Ce sont presque exclusivement des croisés viande et, sauf rares exceptions, tous ont été achetés en France. La plupart proviennent d’un large quart Sud-Ouest. « Nous faisons des mâles et des femelles issus de différents croisements, dont une majorité de limousins x holstein et blanc bleu x holstein. J’aime bien les croisés limousins. Ils donnent de bons résultats avec une belle qualité de viande. » Les veaux arrivent tout au long de l’année, à raison d’un camion de 75 à 80 têtes tous les quinze jours. En mars, ils étaient payés une moyenne de 250 euros par tête rendus sur place, avec un ratio assez équilibré entre mâles et femelles. « À une époque, j’ai essayé les veaux roumains et polonais, quand ils nous étaient plus largement proposés. Mais les résultats n’étaient pas terribles. La génétique n’est pas la même qu’en France. Ces pays sont aussi très éloignés de la Catalogne, et des veaux à certaines saisons peinaient vraiment à se remettre du transport. »

À leur arrivée, les veaux sont systématiquement vaccinés contre les pathologies respiratoires. Ils bénéficient également d’un traitement antibiotique préventif (colistine dans le lait reconstitué) au cours des premiers quinze jours qui suivent leur arrivée. Tant qu’ils bénéficient d’une alimentation lactée, ils sont logés dans des niches à veaux avec parc attenant, à raison de quatre veaux par niche sans distinction de sexe. « Ils pèsent en moyenne un peu plus de 50 kilos à leur arrivée. Ils disposent de deux repas de lait reconstitué les premiers jours et passent rapidement à un repas par jour. » Dès leur arrivée, ils ont libre accès à l’aliment premier âge. Chaque niche est équipée d’un abreuvoir à niveau constant, et le paillage généreux leur permet de s’habituer rapidement à consommer des fibres. Les premières semaines, l’objectif n’est pas tant de faire un maximum de croissance, mais de les sevrer le plus rapidement possible, soit 40 jours après leur arrivée. Au cours de ces premières semaines, le GMQ avoisine 800 g.

Pendant la phase de « croissance », qui s’étend de 120 kilos vif jusqu’à environ 10 mois d’âge, les GMQ avoisinent 1 250 g pour les femelles et 1 400 g pour les mâles. C’est à ce moment-là que les croissances sont les meilleures, mais c’est aussi au début de cette phase que les animaux sont les plus fragiles. « Le stade le plus critique, c’est autour de 120 à 150 kilos vifs, période où les croissances commencent vraiment à démarrer. Les principales pathologies font suite à des problèmes respiratoires. D’un lot à l’autre, le taux de mortalité avoisine 3 % », précise Joan-Carles Massot.

Le maïs, principal composant de la ration sèche

La composition de l’aliment change à plusieurs reprises tout au long des quelques onze mois de présence sur l’exploitation. La part du maïs et de l’huile de palme augmente progressivement (voir tableau) pour avoir des carcasses suffisamment finies sur des animaux abattus très jeunes. L’indice de consommation est de 4,6 à 4,7 kilo de concentré par kilo de croît. Tout le concentré est réalisé dans l’unité de fabrication à la ferme et les coûts de production des derniers lots abattus ont été de 3,60 €/j/tête pour les mâles et 3,90 €/j/tête pour les femelles.

Les veaux sont triés selon leur sexe juste avant de passer à la ration « croissance ». Faute de place en bâtiment, tous les animaux ne sont pas finis sur l’exploitation. En fin de cycle, une partie des mâles sont triés et placés en intégration sur des exploitations proches. La rémunération des éleveurs qui prennent ces animaux en pension au cours des dernières semaines est alors établie selon le temps de présence dans leurs ateliers.

Avec ce type de ration et une météo pouvant être très chaude une bonne partie de l’été, malgré les 200 m d’altitude, il est important d’avoir une bonne accessibilité aux abreuvoirs. « Je compte deux abreuvoirs pour chaque lot à raison d’une vingtaine de têtes par lot », précise Joan-Carles Massot.

La distribution des rations peu exigeante en temps de travail 

Sans être forcément toutes très récentes, les stabulations sont analysées pour l'essentiel comme fonctionnelles et surtout bien adaptées au mode d’alimentation retenu. Le concentré est en permanence à libre disposition et les auges sont régulièrement regarnies par des spires. Un mode de distribution des plus économique sur le volet du temps de travail. Pour permettre au rumen des animaux de fonctionner dans de bonnes conditions en ingérant suffisamment de fibres, une belle paille appétente leur est en permanence proposée dans des râteliers en libre-service. La totalité des besoins est achetée à l’extérieur. Mais avec une exploitation située à proximité de zones céréalières, l’approvisionnement n’est pas un souci. « Cet hiver, j'ai payé la paille sur une base de 36 euros la tonne rendue cour de ferme. » Les meilleures bottes sont utilisées pour les râteliers, en donnant pour cela priorité à la paille de blé. Entre paille alimentaire et paille de litière, les besoins sont estimés à 5 kg/tête/j sans que les niveaux d’ingestion aient été précisément mesurés. Côté litière, le climat sec, la faible hygrométrie de l’air et les températures souvent chaudes associées à des bâtiments bien aérés sont un atout pour limiter les besoins. Pour autant, les cases sont très régulièrement curées. Une partie du fumier est utilisé comme amendement dans les vergers et la part restante est commercialisée auprès d’autres arboriculteurs du voisinage. 

Mâles comme femelles, tous les animaux sont abattus à un peu moins de 1 an. L’objectif de poids à l’abattage est de 480 kg pour les mâles et 400 kg pour les femelles. L’essentiel des carcasses sont classés R. Les femelles font de 220 à 240 kg et les mâles de 260 à 280 kg. « Si elles devaient être vendues à un abatteur, les premières seraient valorisées de 4,10  à 4,20 euros du kilo, et les mâles de 3,80 à 3,90 euros. Ce sont des carcasses qui correspondent bien aux marchés Catalans. » 

Commercialisation des animaux

La plus grande partie des animaux finis sur l’exploitation (environ 90 %) sont commercialisés en direct depuis la salle de découpe construite en 2010. Ils sont abattus à raison d’une moyenne de 25 têtes chaque semaine dans un abattoir situé à 10 km du siège de l’exploitation. Puis les carcasses sont maturées une quinzaine de jours avant d’être travaillées dans l’atelier de découpe privé installé à proximité immédiate de l’exploitation, avec un niveau désossage plus ou moins avancé selon la demande des clients. Six personnes travaillent dans la salle de découpe. Les carcasses ou les muscles sont destinés à une clientèle assez variée (bouchers, supermarchés, restauration et collectivités, mais également particuliers). Autant d’animaux valorisés sous la marque de l’exploitation : « V Massot, Vedella de Qualitat ». " L’un de nos projets du moment est la mise en place d’une application sur smartphone pour faciliter à nos clients la prise de commandes pour notre viande ", souligne Joan-Carles Massot. 

L’exploitation réalise, selon les années, un chiffre d’affaires d’environ 3 millions d’euros, dont 80 % sont le fait de la partie élevage. La part restante concerne l’arboriculture.

Chiffres clés
40 ha de SAU dont 30 ha de vergers (pommiers, poiriers, pêchers) 
10 ha de prairies exclusivement fanées 
1 500 têtes/an dans l'atelier d’engraissement en ration sèche

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