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Gaec des deux vallées en Moselle : des Limousines de haut niveau génétique

Le Gaec des deux vallées vend des broutards et des reproducteurs. Les choix techniques procurent un bon compromis entre débouchés génétiques et commerciaux.

À Marange-Zondrange en Moselle, Benoît et Martial Oster travaillent avec leur mère Raymonde, qui prend sa retraite tout prochainement, et leur père, déjà retraité et toujours actif. Ils sont installés dans une zone de polyculture élevage, sur des sols argilo-calcaires. La SAU de 328 hectares comprend 210 hectares en cultures (colza, blé, orge, tournesol, et maïs ensilage). Les 118 hectares d’herbe sont des prairies naturelles de côteaux et de fonds de vallée, à part 10 hectares de mélanges de graminées et légumineuses confectionnés par les éleveurs et renouvelés tous les trois à quatre ans. Le troupeau de Limousines, qui totalise actuellement autour de 100 vêlages, a été créé dans les années 70 et il a atteint un niveau génétique très remarquable et réputé. "Le troupeau est de type mixte lourd, et notre signature consiste à s’attacher à la finesse d’os, aux qualités maternelles, et à la rusticité. C’est-à-dire élever des bêtes faciles à entretenir, avec notamment des aplombs et des mamelles de qualité", présente Martial Oster.
Les éleveurs vendent des reproducteurs, qui sont choisis et conduits à part à partir de l’âge de six mois environ, et des broutards. Toutes les femelles de réforme sont engraissées. La sica Ulel (Union lorraine des éleveurs de limousin) commercialise toutes les vaches de réforme. Elles sont abattues à Rethel dans les Ardennes ou dans le berceau limousin. Auparavant, jusqu’à 90 % des vaches passaient en filière label rouge Blason Prestige Lorraine. Mais depuis quelques années, un poids maximum de 500 kg de carcasse pour les vaches a été instauré dans cette filière et les vaches du Gaec des deux vallées étant au-dessus en sont exclues. Chaque année, quatre ou cinq vaches sont présentées en concours de boucherie, à Noël et à Pâques. "C’est intéressant, par exemple l’une d’entre elles dernièrement a donné 580 kg c à 8 euros, mais c’est aussi pas mal de travail." La sica Ulel achète également 100 % des broutards, les autres étant régulièrement mis en marché avec Cevinor dans le Nord. Les broutards partent en juillet ou en août en fonction des débouchés commerciaux de l’année, sachant qu’ils sont toujours sevrés début juillet pour coller avec la disponibilité en herbe. Cette année, ils ont été vendus en moyenne 1 010 euros nets à 383 kg après avoir passé un mois au bâtiment après sevrage. "Jusqu’à il y a deux ans, une bonne partie de nos broutards intégraient une filière avec le distributeur luxembourgeois Cactus. Ils étaient engraissés chez des éleveurs au Luxembourg. Mais depuis la modification des normes sanitaires par rapport à l’IBR, cette filière ne fonctionne plus", explique Benoît Oster.

Beaucoup de prévention par la vaccination

Les vêlages démarrent vers le 20 octobre, et 70 % d’entre eux se déroulent avant la fin de l’année. Les derniers vêlages s’échelonnent jusqu’à fin avril. Très souvent, les dernières vêlées sont réformées pour conserver l’organisation de la période de vêlage et se libérer pour les travaux de saison du printemps. Ces derniers veaux sont vendus à l’âge de trois semaines pour être conduits en veaux de lait. "On a pu obtenir 450 euros pour un mâle par exemple cette année". Les vêlages se déroulent très bien. L’an dernier pour 95 veaux nés, la vêleuse a été utilisée quatre fois. Sur le plan sanitaire, les éleveurs ont fait le choix de faire beaucoup de prévention par la vaccination : double vaccination des mères contre les diarrhées des veaux, vaccination des veaux contre les maladies respiratoires par injection dès l‘âge de quinze jours puis à nouveau pour les plus âgés en mars. Et tout le monde est vacciné contre la BVD. "Nous avons fait face il y a quelques années à la cryptosporidiose, maladie opportuniste, qui a été éliminée par des mesures de prévention. Nous nous en sortons également maintenant pour les problèmes de nombril." Une cure d’oligoéléments est réalisée à la rentrée en bâtiment. Pour la reproduction, un flushing est réalisé sous la forme de 500 g d’avoine et 1 kg d’orge, commençant trois semaines avant les IA et durant six semaines. Toutes les génisses et les premières vaches vêlées sont inséminées. Si elles ne sont pas gestantes au bout de deux cycles, elles sont mises au taureau. Les taureaux donnent finalement environ la moitié des veaux. Pour contrer le problème d’anoestrus chez les primipares, 15 à 20 implants sont posés chaque année. Les autres leviers (alimentation, éclairage…) n’ayant pas permis de régler le problème jusque-là.

 

 

 

 

Réintroduction du maïs ensilage

Trente à trente-cinq hectares de prairies naturelles sont ensilés chaque année. "Ils sont fauchés entre le 10 et le 15 mai, préfanés à 35 % de MS, et nous n’utilisons pas de conservateur, expliquent les éleveurs. On a régulièrement de bons rendements. Il n’y a qu’en 2013 que c’était très mauvais. Mais de toute façon, on récolte quand la valeur alimentaire est optimale, même si le rendement est faible." Depuis 2017, parce qu’ils augmentent le cheptel pour préparer le départ en retraite de leurs parents et la reprise d’une exploitation et pour sécuriser le système fourrager, les éleveurs ont recommencé à cultiver de l’ensilage de maïs sur six à huit hectares. "Nous avons obtenu 10 tMS/ha cette année. C’est à peine moins bien qu’en 2018. Certaines années, on obtient 16 à 17 tMS/ha." Pour se parer aussi face à la sécheresse, Benoît et Martial Oster s’étaient positionnés sur du corn gluten feed déshydraté en juillet. "C’est un produit dont le prix peut varier du simple ou double."

Les éleveurs travaillent avec une mélangeuse depuis 2014. "On arrive à bien valoriser nos ensilages et enrubannages même si leur valeur alimentaire est forte en les alliant et diluant avec d’autres fourrages. Nous n’avons pas d’aplatisseur à faire tourner, le travail est simplifié", estiment les éleveurs. La ration des vaches suitées se compose cet hiver de 14,3 kg bruts d’ensilage d’herbe, 8,6 kg d’ensilage de maïs, 3,7 kg d’enrubannage, 3,3 kg de foin, 1,2 kg de paille, 300 g de tourteau de colza, et 120 g de minéraux. Celle des vaches taries est 11,5 kg bruts d’ensilage d’herbe, 3,7 kg d’enrubannage, 3,3 kg de foin, 3 kg de paille et 1 kg d’ensilage de maïs. Un semi de 25 tonnes de tourteau de colza est acheté à peu près une fois par an. "Pour le prix, on regarde à un mois près. Le tourteau de colza se conserve bien. Nous le stockons dans deux silos et le reste à plat." L’engraissement des vaches cette année est conduit à l’ensilage de maïs, avec 6 à 7 kg par jour d’un mélange tourteau de colza et orge, pendant quatre à cinq mois. La proportion de protéines est augmentée dans les deux derniers mois de finition. Il y a des vaches en finition toute l’année.

Le pâturage démarre vers le 15 avril. "Nous organisons un paddock central autour duquel tournent ensuite les animaux sur les repousses derrière fauche." L’affourragement a démarré à partir du 15 juillet cette année. "On a voulu les tenir en état avec du foin car l’année dernière, avec de la paille, elles avaient moins de lait au vêlage que d’habitude. Nous n’avons pas eu de repousse intéressante en septembre et octobre, même si les vaches mangeaient nettement moins de fourrage et ont été repassées à la paille avec de l’aliment liquide. Ensuite c’était trop mouillé. On ne laisse pas trop les animaux au pré à l’automne pour favoriser le bon démarrage du printemps suivant." Autour du 11 novembre, les vaches sont triées et rentrées en bâtiment. Du compost est apporté tous les trois ou quatre ans sur les parcelles de fauche.

Finesse d’os, qualités maternelles et rusticité

Chiffres clés

- 316 ha de SAU dont 193 ha de grandes cultures et 115 ha d’herbe
- 96 vêlages
- chargement corrigé : 1,24 UGB/ha SFP
-3 unités de main-d’œuvre

Avis d’expert : Céline Zanetti, chambre d’agriculture de Moselle

"Des éleveurs ouverts et curieux"

"Le niveau génétique de l’élevage est très bon. Mais cela ne suffit pas… Si les ventes compensent à peine des charges élevées, la génétique n’apporte rien économiquement… Chez Oster, le compromis est très bien fait. Il faut dire qu’ils sont très ouverts d’esprit et curieux. Ils font partie de plusieurs groupes de développement et n’ont pas peur d’essayer. Ils savent se remettre en question et savent être critiques sur leur travail et leurs pratiques. Par exemple, la préparation au vêlage qui faisait avant défaut a été corrigée, le chargement a été réduit pour faire faire aux aléas climatiques trop présents ces dernières années… Ils arrivent très bien à allier performances techniques et performances économiques. Il faudra à l’avenir réussir à maintenir ces performances avec un troupeau plus conséquent, une structure plus importante répartie sur deux sites. Il faudra réussir également à maîtriser les frais vétérinaires qui sont déjà élevés aujourd’hui."

Des reproducteurs très appréciés

Chaque année, le Gaec des deux vallées vend une dizaine de reproducteurs. Deux ou trois mâles sont évalués à la station nationale de Lanaud et l’un d’entre eux, Nickel, a d’ailleurs décroché le top price l’an dernier. Benoît et Martial Oster présentent d’autre part tous les ans au salon Agrimax à Metz, une ou plusieurs femelles, "parfois un taureau s’il est exceptionnel mais sinon nos mâles destinés à la reproduction ne sont pas préparés pour les concours". Ils possèdent quelques animaux porteurs du gène sans cornes mais ne cherchent pas à le développer spécifiquement sur leurs souches.

Trois taureaux pour vaches font la monte à chaque saison au Gaec des deux vallées, et les inséminations (donnant à peu près la moitié des naissances) sont réalisées soit avec des taureaux du catalogue Créalim soit avec des taureaux de monte naturelle ayant été prélevés. "Par exemple cet hiver je réutilise en IA des taureaux nous ayant appartenu nés en 2000", explique Martial Oster. Tous les bons taureaux sont prélevés au bout d’un an de service.

Cette année, les éleveurs ont acheté le top price de la vente du concours national à Poitiers, Malbec, en copropriété avec Pierre Rupp. "C’est la première fois qu’on achète un taureau de trois ans. Mais on a l’habitude depuis longtemps d’acheter nos taureaux en copropriété."

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