Des chiffres sur la feuille de frêne
L’émondage régulier des frênes et autres arbres bocagers assurait à une lointaine époque une part non négligeable du stock fourrager hivernal dans certaines régions. Le recours à cette pratique était courant, en particulier dans certains départements du Massif central et des Pyrénées. Elle est peu à peu tombée en désuétude. Certains éleveurs y ont pourtant encore régulièrement recours dans ces mêmes régions, mais davantage comme un complément fourrager bien ponctuel. C’est plus particulièrement vrai lors de fins d’été trop sèches, quand les regains ne sont pas au rendez-vous ou quand le manque d’herbe découle des surpopulations de rats taupiers. Le fait d’émonder essentiellement les frênes bordant les parcelles permet de faire un apport de « vert » pour les bovins ou ovins avant de procurer un complément de bois de chauffage quand le diamètre des branches le permet.
Ressource décalée dans temps
« Avec l’élévation des températures et l’augmentation de la fréquence des sécheresses, les arbres fourragers représentent une ressource très intéressante pour l’élevage paysan », estime Jérôme Goust, ancien agriculteur et auteur de divers ouvrages sur la nature et le jardinage (voir encadré). Ces atouts sont entre autres la faculté des arbres d’offrir une ressource en feuilles dont la pousse est décalée dans le temps par rapport aux autres espèces fourragères. « En puisant l’eau en profondeur, ils sont aussi moins sujets à court terme à la sécheresse. » Et de préciser que même s’il est modeste, cet apport complémentaire permet de réduire d’autant la distribution en fourrage d’appoint. La feuille de frêne peut en tout cas être qualifiée d’appétante, à en juger l’intérêt que vaches et brebis lui témoignent, d’autant que sa distribution a généralement lieu quand les animaux sont essentiellement nourris de foin, de paille ou d’herbe desséchée.
Un peu comme pour de l’herbe, la composition alimentaire des feuilles de frêne varie de façon importante au cours de la saison de végétation. Leur valeur énergétique reste limitée (0,46 UF/kg MS) mais leur digestibilité est nettement supérieure à celle de la paille. C’est leur richesse en azote et en minéraux qui en font tout leur intérêt. Des analyses comparatives sur des feuilles de frêne récoltées en fin d’été font état de teneur en cellulose brute et en matière azoté qui n’ont rien de ridicule en comparaison à du foin de prairie.
Arbres fourragers - De l’élevage paysan au respect de l’environnement
Cet ouvrage de Jérôme Goust fait un historique sur l’utilisation des arbres en tant que source de fourrage. En s’appuyant sur l’exemple d’éleveurs qui continuent à avoir recours à cette pratique, il présente ce qui peut être fait aujourd’hui et fait état de certains travaux menés par l’Inra à ce sujet. Cet ouvrage rappelle l’importance des arbres dans le maillage bocager des parcelles et comporte également des fiches présentant les différentes essences dont les feuilles peuvent être utilisées pour nourrir le bétail.
En vente (19 €) sur www.terran.fr.