Des bovins plus gourmands en céréales
L’alimentation représente 15 à 25 % des coûts de production dans les systèmes allaitants spécialisés, d’après une enquête de l’Institut de l’élevage réalisée au sein des exploitations faisant partie des réseaux de ferme de référence. Ce ratio dépend du type d’animaux produits. La part du coût alimentaire va croissante selon le niveau de productivité technique exprimé en kilos de viande vive produits par UGB. C’est évidemment chez les naisseurs de broutards légers que cette part est la plus faible alors qu’elle atteint son maximum chez les naisseurs engraisseurs avec achat complémentaire de bétail maigre à finir. « Depuis vingt ans, on a assisté à une explosion des consommations de concentrés dans les rations des bovins allaitants », expliquait Marion Kentzel, chef de projet à l’Institut de l’élevage à l’occasion de la conférence « Grand angle viande » organisée par ce même Institut. D’après les chiffres des exploitations suivies dans le cadre des réseaux, cette progression est de 60% en dix ans chez les naisseurs engraisseurs du Limousin et de 32 % pour les élevages Blonds du Sud-Ouest en système naisseur. La tendance est similaire pour les exploitations de la zone charolaise suivies en références par l’Inra : + 46% en 20 ans.
Simplifier la conduite d’élevage
Différentes données viennent expliquer ces évolutions. Il y a d’abord la réforme de la PAC de 1992. En se traduisant par une baisse du prix des céréales, elle a favorisé une progression de leur utilisation, que ces céréales soient produites sur l’exploitation ou proviennent d’aliments complets ou complémentaires achetés à l’extérieur. Autre facteur mis en avant, le souhait de bien des agriculteurs de se simplifier le travail alors que dans le même temps, le soutien aux surfaces en herbe les a parfois incités à passer à des systèmes 100% herbager. Un autre facteur est à prendre en compte : celui de l’évolution des marchés. La demande en bétail maigre a par exemple incité à sortir le plus régulièrement possible des animaux tout au long de l’année sans forcément caler les cycles de reproduction sur le cycle de l’herbe. La vulgarisation des vêlages d’été ou d’automne nécessite une alimentation des mères plus soutenue en hiver avec une complémentation des broutards un peu plus généreuse comparativement à du vêlage d’hiver.