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De la semence sexée mâle pour modifier le sexe ratio

Au Gaec Les Deux Gîtes en Vendée. Sur les 180 Charolaises, la semence sexée mâle est massivement utilisée dans l’objectif d’obtenir 100 à 120 mâles. David Delaire et Victorien Aubert préfèrent vendre moins de génisses et davantage de jeunes bovins, et veulent saturer leur bâtiment d’engraissement.

David Delaire et Victorien Aubert, les associés du Gaec Les Deux Gîtes à La Genétouze en Vendée, conduisent leur troupeau de Charolaises à 100 % en IA. Depuis deux ans, ils développent le recours à la semence sexée mâle. « Le marché des femelles de boucherie n’étant pas porteur, nous préférons vendre plus de mâles, pour lesquels nous avons de bons résultats techniques, explique David Delaire. Ces mâles génèrent 200 à 250 euros de marge supplémentaire par rapport à des génisses vendues finies à 36 mois. Comme ils sont vendus plus jeunes – en moyenne à 18 mois – il y a aussi moins de capital immobilisé. » L’idée est aussi d’optimiser la rotation des jeunes bovins dans le bâtiment d’engraissement de 110 places qui a été terminé en 2017, les éleveurs ne voulant pas acheter de broutards à l’extérieur pour limiter les risques sanitaires. Cela leur permet de gagner de la place dans les bâtiments des vaches, où l’espace pour les vêlages est limité.

Une paillette sexée mâle coûte 18 euros de plus pour les génisses et 23 euros de plus pour les vaches qu’une paillette classique. « J’estime le surcoût d’un mâle né de semence sexée entre 115 et 135 euros, explique David Delaire. Cela tient compte du nombre de vaches supplémentaires mises à la reproduction, du nombre de paillettes utilisées du fait du taux de réussite moins élevé qu’en IA conventionnelle, et du fait que de temps en temps, une partie des paillettes ne donne pas un mâle mais une femelle. Il faudrait y ajouter le coût du temps de présence supplémentaire si la vache se décale (dégradation de l’IVV)."

De la semence sexée mâle pour 80 % des génisses et 50 % des vaches

Les éleveurs ont développé progressivement depuis deux ans le recours à la semence sexée, et cela se passe plutôt bien. « En 2018, 215 femelles ont été inséminées et 180 femelles sont gestantes. On verra combien de jeunes bovins seront vendus dans deux ans, notre objectif étant d’en avoir 100 à 110." Avec 80 paillettes de semences sexées utilisées en 2017, cette année, 96 mâles dont 39 issus de semence sexée ont été sevrés. Les éleveurs n’en avaient jamais eu plus de 76 jusque-là avant d’utiliser la semence sexée. "Dans notre élevage, on a plusieurs fois eu un deséquilibre du sexe ratio avec nettement plus de femelles que de mâles dans le passé. Nous en avons été d’autant plus motivés pour utiliser de la semence sexée mâle. »

"Les génisses les plus développées sont conduites dans l’objectif d’un vêlage entre 26 et 30 mois, et sont inséminées en semence conventionnelle, explique Nicolas Drapeau, inséminateur chez Apis diffusion. Les autres génisses sont inséminées en semence sexée mâle avec un taureau 'vêlage facile' ». Méloman est utilisé cette année. La moitié des vaches sont elles aussi inséminées en semence sexée mâle. Cette année ont été utilisés surtout Malibu et Isola. Le premier retour est assuré en semence conventionnelle. Les autres vaches sont inséminées dès le départ avec de la semence conventionnelle, et les femelles qui en résultent permettent d’assurer le renouvellement du troupeau.

 

 

Une spécialisation du système sur l’élevage

Après trois campagnes de recul, les éleveurs remarquent que chez eux, le taux de réussite chez les vaches n’est pas moins bon que chez les génisses. « Nous n’avons pas de cas de métrite, et un flushing classique (1 UF sous forme d’ensilage de maïs) est réalisé sur les vaches. » Cette conduite est appliquée sur un troupeau qui vêle bien, avec 10 % seulement de vêlages aidés. Il est sélectionné sur la facilité de vêlage, la production laitière et sur la morphologie adulte.

Les éleveurs sont attentifs au fait que l’IVV se dégrade un peu depuis l’utilisation de la semence sexée. Il était de 395 jours de moyenne l’an dernier. « Nous prévoyons d’utiliser un taureau de rattrapage né dans l’élevage et génotypé. Il saillira les dernières génisses inséminées, à partir de juin, et on pourra ainsi les mettre au pré. Pour les vaches, le taureau de rattrapage sera aussi utilisé. On arrête d’autre part la semence sexée et on passe en conventionnelle pour toutes les femelles sur les 45 derniers jours de reproduction, pour favoriser le taux de gestation. »

Trois ou quatre taureaux Charolais sont disponibles en semence sexée mâle chez Apis diffusion, avec une ou plusieurs nouveautés chaque année. Le choix est fait sur les index IABjbf et facilité de naissance. Mais quand une petite femelle pointe le bout de son nez, du fait du taux de fiabilité de 90 % du sexage des paillettes, elle présente les qualités nécessaires pour faire une carrière de reproductrice.

Avec la semence sexée, David Delaire et Victorien Aubert ont spécialisé un peu plus leur système sur l’élevage, au détriment des cultures de vente. "Nous ensilons davantage de maïs et vendons moins de maïs grain. Nous avons réduit la surface en blé, de 60 à 45 hectares, et la surface en prairies a augmenté." La conduite du troupeau pourra évoluer en fonction de l’évolution du marché des femelles. Les éleveurs vendent pour l’instant 50 à 60 vaches de réforme par an, à un poids moyen de 490 à 510 kg de carcasse. Ils vont mettre en place un lot de génisses label rouge engraissées au pâturage au printemps.

 

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