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Clôtures virtuelles : premiers résultats intéressants en fermes expérimentales

Arvalis et l’Institut de l’élevage livrent les premiers résultats des essais scientifiques menés dans leurs stations expérimentales, sur l’utilisation des clôtures virtuelles via le réseau des Digifermes.

Des stimuli aversifs, audio ou électriques sont générés par un appareil fixé sur le cou de chaque animal, en lien avec la position de ce dernier.
Des stimuli aversifs, audio ou électriques sont générés par un appareil fixé sur le cou de chaque animal, en lien avec la position de ce dernier.
© Ferme expérimentale des Établières

Du pâturage tournant, sans la contrainte de déplacer les fils ? Les technologies de communication et de localisation rendent aujourd’hui possible de multiples applications connectées sur les exploitations, comme la dématérialisation des clôtures. Plusieurs sociétés proposent déjà des clôtures virtuelles, Agersens en Australie, Agrifence au Royaume-Uni et Nofence en Norvège. Arvalis et l’Institut de l’élevage conduisent des essais scientifiques sur cette technologie via le réseau Digifermes dans leurs stations expérimentales des Établières en Vendée (ferme bovins viande), de Saint-Hilaire-en-Woëvre dans la Meuse (ferme céréalière et bovins viande), de Derval en Loire-Atlantique (ferme laitière) et du Mourier en Haute-Vienne (ferme ovine). Le système de clôtures virtuelles de la société Nofence a été retenu. Créée il y a une dizaine d’années, la start-up commercialise depuis cinq six ans son système, lancé au départ sur les petits ruminants (moutons et chèvres).

« Les clôtures virtuelles visent à gagner en temps de travail et en conditions de travail, en supprimant tout ou partie du déplacement des clôtures et de leur entretien. Au travers des essais, il était également important de vérifier l’appropriation de la technologie par les animaux, la précision des données GPS, la valorisation de l’herbe et l’intérêt économique de ce système », souligne Sixtine Fauviot, responsable de la ferme expérimentale des Établières en Vendée.

Un apprentissage variable selon les individus

Pour les essais, deux lots de génisses d’1 à 2 ans, conduites en pâturage tournant ont été comparés, un lot témoin en clôture physique et un lot d’essai en clôture virtuelle. Des pesées d’animaux, un suivi de la pousse de l’herbe (consommation et repousse) et un suivi du temps de travail et de l’appropriation de la technologie ont été réalisés tout au long de l’expérimentation. Une phase d’adaptation de huit jours a été laissée aux génisses. Ces dernières s’adaptent très rapidement aux clôtures virtuelles. « On pense que le délai peut être réduit, beaucoup d’animaux avaient compris le système en 24 heures. Entre le premier et le deuxième jour, les alarmes sonores et chocs électriques sont divisés par deux. Toutefois, les comportements peuvent être différents d’un animal à l’autre. L’application est bien faite et sa prise en main facile, même si quelques améliorations restent à faire. C’est une technologie très pratique pour le pâturage cellulaire. On peut faire un découpage à la carte en fonction de la taille des lots. Il faut être attentif au point d’abreuvement. En avoir un sur chaque paddock est nécessaire. Malgré l’absence de clôture physique pour contenir les bêtes, la présence d’un GPS (mouchard) sur chaque animal est assez sécuritaire pour l’éleveur qui sait constamment où se situe chacun d’entre eux », observe Sixtine Fauviot.

Après trois ans d’essais, les résultats sont comparables dans les trois fermes bovines. À savoir, l’absence d’impact relevé sur la croissance des animaux et sur leur comportement, évalué par des colliers accéléromètres sur les temps d’activité, temps d’ingestion mais également sur les temps de repos. L’activité des animaux a également été estimée par le biais de caméras time laps avec prises de vues toutes les cinq minutes. « Là encore, les comportements sont similaires pour les deux lots. Enfin, des mesures à l’herbomètre, sur les parcelles pâturées, nous ont permis de vérifier que la valorisation de l’herbe était identique entre les deux lots », informe Benjamin Collin, responsable de la ferme expérimentale de Saint-Hilaire-en-Woëvre dans la Meuse.

Une technologie avec du potentiel

Les batteries de seconde génération sont par ailleurs plus performantes. Après six semaines d’utilisation, leur charge s’affichait à 80 %.

Les clôtures virtuelles sont un dispositif fonctionnel qui permet aux animaux de s’adapter facilement et qui remplit son rôle en les maintenant dans une zone prédéfinie par l’éleveur. De plus, elles apportent un confort de travail en limitant le besoin d’implantation de clôtures physiques. Il reste cependant des améliorations à apporter pour rendre l’application plus opérationnelle, notamment pour le traçage des paddocks, la récupération des données de surface, de pâturage, pour la sortie d’un animal d’un lot. À l’heure actuelle, retirer une génisse d’un lot nécessite une déconnexion complète du lot. « On a également perdu la trace de certains capteurs qui se déconnectent. Nofence est une entreprise étrangère qui a besoin de comprendre la grande variété des systèmes d’exploitation français et le rôle des acteurs de la filière. Toutefois, les clôtures virtuelles ouvrent des pistes de pâturage sur des endroits qui n’autorisent pas les clôtures physiques. Cette technologie a du potentiel mais elle doit encore trouver son modèle économique », observe Sixtine Fauviot. Des questionnements subsistent sur la durée de vie des batteries, sur la réaction des animaux en présence de prédateurs, la gestion de troupeaux de mères avec leurs veaux…

Coté coût

L’investissement dans ce dispositif reste aujourd’hui élevé. Il faut compter 250 € par capteur auquel s’ajoute un abonnement de 100 € par collier, pour 8 mois de pâturage.

Principe de fonctionnement

Les animaux sont équipés de colliers qui possèdent un boîtier GPS avec une batterie. La clôture virtuelle fonctionne par géolocalisation des animaux et de la clôture. Il suffit de définir un paddock sur l’application qui transmet ensuite l’information par satellite au collier. Ce dernier va émettre un signal sonore à l’animal s’il se rapproche de la limite et lui envoyer une décharge électrique en cas de dépassement et ce, à trois reprises. Passés ces trois avertissements, le collier se déconnecte et ne conserve que la fonction GPS. L’éleveur reçoit alors une alerte sur son téléphone lui indiquant que l’animal s’est échappé. Il peut alors le géolocaliser et le retrouver sans peine.

Les clôtures sont facilement ajustables et modifiables sur l’application. Le collier pèse environ 1,7 kg. Il est équipé de panneaux solaires permettant de recharger la batterie.

Les Digifermes, qu’est-ce que c’est ?

Les Digifermes sont un réseau de fermes expérimentales qui défendent une vision de l’agriculture connectée. Elles visent à développer une démarche méthodologique générique pour évaluer les potentialités des solutions numériques matures.

Aujourd’hui, le réseau compte 15 sites labellisés.

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