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Bien conserver les mélanges riches en protéagineux

La faible teneur en matière sèche des mélanges céréaliers riches en protéagineux complique leur récolte et leur conservation en ensilage. Des précautions sont à prendre.

L’objectif est d’obtenir un fourrage à 30-35 % de matière sèche pour une bonne conservation de l’ensilage de méteils riches en protéagineux. © Arvalis - Institut du ...
L’objectif est d’obtenir un fourrage à 30-35 % de matière sèche pour une bonne conservation de l’ensilage de méteils riches en protéagineux.
© Arvalis - Institut du végétal

Pour assurer l’autonomie fourragère et protéique de leurs exploitations, de plus en plus d’éleveurs implantent en dérobées des mélanges céréaliers riches en protéagineux (MCPI +). Récoltés tôt, le plus souvent en ensilage (avant fin mai), ces mélanges affichent des valeurs nutritives intéressantes. Ils sont essentiellement composés de féveroles, pois, vesces et trèfles qui représentent en moyenne les deux-tiers de la matière sèche de ces fourrages (32 à 100 %). Ces légumineuses sont majoritairement associées à des céréales à paille (triticale, avoine et orge).

« La forte proportion de protéagineux a toutefois des conséquences sur la réussite de leur récolte et de leur conservation car faire sécher suffisamment ces méteils est compliqué. Première raison : leur faible teneur en matière sèche sur pied (13,6 %) qui est d’autant plus faible que le pourcentage est élevé et que le stade de récolte est précoce. Et, avant fin mai, ce n’est pas l’accumulation d’amidon qui peut permettre d’augmenter la teneur en matière sèche (MS), d’où la nécessité d’un préfanage au champ, pour atteindre la teneur en MS adaptée à l’ensilage, en un minimum de temps. Seconde raison : la morphologie des espèces et la structure du couvert. Le fort ratio tige/feuilles, une biomasse dense, des andains qui s’affaissent sur eux-mêmes, des chaumes clairsemés qui soutiennent peu les andains, contribuent au maintien d’un microclimat humide, rend plus délicat la reprise du fourrage par les outils de récolte et accroît le risque d’incorporation de terre, source de butyriques », observe Anthony Uijttewaal, responsable du pôle fourrage d’Arvalis - Institut du végétal.

Viser 30 à 35 % de matière sèche

« Il importe de viser 30 %, voire préférentiellement 35 % de MS au silo, afin d’éviter les pertes par écoulement de jus (3 à 12 % de la MS) et celles engendrées par le développement des microorganismes nuisibles (entérobactéries, butyriques). Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de laisser préfaner le fourrage de 48 à 72 heures, voire 96 heures au maximum après fauche. Au-delà, il existe un risque d’échauffement du fourrage dans les andains et de développement de flore fongique (levures et moisissures) néfaste à la conservation du fourrage. »
La coupe directe et le groupage d’andains dès la fauche sont inadaptés au regard du faible taux de matière sèche sur pied. Pour le choix des faucheuses, il s’agit d’un compromis entre le risque de rouler sur le fourrage (selon la largeur de l’andain), la surface d’exposition importante au soleil pour accélérer le séchage et le risque de pertes mécaniques liées au conditionnement (voir le tableau). Le fanage est inapproprié en raison du risque d’incorporation élevé de terre et la casse mécanique du fourrage (gousses, feuilles).

Faucheuses, le choix du compromis

Les combinés de fauche permettant de ne pas rouler sur l’andain central tout en profitant d’une exposition importante du fourrage grâce aux modules latéraux puis le regroupement d’andains à l’aide d’un andaineur à tapis semble être une piste intéressante mais n’a pas encore fait l’objet d’essai. Pour profiter pleinement de la première phase de préfanage en andains larges, il est recommandé de positionner le regroupement d’andains quelques heures (24h max) avant la récolte à l’ensileuse pour assurer au minimum le ressuyage du fourrage nouvellement exposé.

Pour les faucheuses conditionneuses, attention aux réglages de leur agressivité pour limiter les pertes, notamment sur légumineuses. La hauteur de coupe a également son importance pour faciliter la reprise. Idéalement, une hauteur de 8-10 centimètres est recherchée, cette hauteur limite le risque de souillure et facilite la reprise, notamment lors du regroupement d’andains.

 

 

Du fait de leur teneur moyenne à élevée en protéines et de leur faible teneur en matière sèche, ces méteils sont particulièrement sensibles à la protéolyse et donc difficiles à bien conserver. Cette dernière peut être réduite par le recours au préfanage et à un conservateur efficace. « Attention, si le fourrage récolté est trop humide, le conservateur ne sauvera pas l’ensilage. Il faut atteindre au minimum 25 % de matière sèche. Les règles d’utilisation sont identiques à celles d’un ensilage d’herbe. Les conservateurs à base d’acides organiques ou les inoculants bactériens lactiques homofermentaires permettent d’améliorer la conservation (baisse du pH, moindres pertes de matière organiques durant la conservation). Nous manquons cependant de données d’essai sur ces fourrages pour savoir s’ils se justifient économiquement. »

À retenir !

L’ensilabilité des méteils riches en légumineuses autrement dit leur faculté à être conservés sous forme d’ensilage, est moyenne. Elle est intermédiaire entre les ray-grass et la luzerne, du fait d’une teneur en sucres solubles correcte (9 à 11 %), d’une teneur en protéines moyenne à élevée (14 à 20 %) et d’une teneur en minéraux élevée (9 à 11 % de MS).

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