Autonomie protéique : l’introduction de méteil dans son assolement, une piste à explorer
Le méteil fourrager confère de nombreux atouts pour gagner en autonomie protéique et fourragère sur son exploitation. Mais comment l’introduire dans son assolement et à quel prix ? Jean-Baptiste Quillet, conseiller fourrages et bovin viande à la chambre d’agriculture de l’Indre, livre son expertise, en appui des résultats du programme Herbe et Fourrages Centre-Val de Loire.
Le méteil fourrager confère de nombreux atouts pour gagner en autonomie protéique et fourragère sur son exploitation. Mais comment l’introduire dans son assolement et à quel prix ? Jean-Baptiste Quillet, conseiller fourrages et bovin viande à la chambre d’agriculture de l’Indre, livre son expertise, en appui des résultats du programme Herbe et Fourrages Centre-Val de Loire.
« Face aux conditions climatiques particulières de ces dernières années, les éleveurs sont parfois tentés de chercher à améliorer leur autonomie fourragère en intégrant des méteils dans leur système fourrager, déclare Jean-Baptiste Quillet, de la chambre d’agriculture de l’Indre. Dans le même temps, ils visent à accroître leur autonomie protéique et à gagner en souplesse dans le renouvellement de leurs prairies ».
Les retours d’expérience montrent que ces atouts sont parfois contredits pour partie par des rendements inférieurs aux prévisions, une qualité moyenne et des coûts de production élevés.
Deux possibilités d’implantation
Deux possibilités s’offrent aux éleveurs pour la mise en place des méteils : soit un semis de méteil seul, soit en mélange avec une prairie. Dans le premier cas, le mélange céréales protéagineux est semé courant octobre pour une récolte en avril ou mai de l’année suivante. Avec un enrubannage précoce, il est possible de viser un rendement de 2,5 t de MS/ha. Ce niveau peut monter à 4,5 t de MS au 10 mai et jusqu’à 7 t fin mai.
Un enlèvement précoce offre la possibilité d’un semis de culture de printemps type maïs ou tournesol. La récolte sur septembre ou début octobre permet la mise en place d’une céréale d’hiver. Si le méteil est fauché tardivement, le choix se portera vers des cultures d’été type sorgho, moha, trèfle d’Alexandrie récoltées en août. L’éleveur a alors la possibilité de semer une prairie dans la foulée.
Dans le cas de figure où la prairie est semée simultanément au méteil, après une récolte du méteil en mai, la jeune prairie est exploitée fin juin début juillet selon les conditions météo. Un second pâturage sera parfois possible en automne.
Un surcoût à relativiser
D’un point de vue économique, les retours d’enquêtes terrain Herbe et Fourrages Centre-Val de Loire ont permis de mettre des chiffres afin de replacer les méteils dans les systèmes fourragers et de faciliter les comparaisons. Dans le cas des deux cultures successives, le chiffrage intègre les charges culturales et les charges de récolte. Avec le semis de prairie sous couvert, sont comptabilisés engrais, semences et charges de récolte. Le programme Herbe et Fourrages a calculé en fonction des rendements et pour deux années au contexte économique très différent, 2020 et 2022, le coût de la tonne de MS selon le tonnage récolté.
« Le prix de revient le plus bas de la tonne de matière sèche revient logiquement au méteil récolté tardivement (120 €/T double culture, 95 €/T sous couvert) mais c’est au détriment de la qualité, explique Jean-Baptiste Quillet. Par exemple, le méteil tardif contient 0,7 UFL/kg de MS et 7 % de MAT quand la récolte précoce est à 0,85 UFL/kg et 15 % de MAT. De fait, pour équilibrer la ration d’une vache allaitante au pic de lactation, il faut ajouter plus de concentré au méteil tardif (1 kg/jour de tourteau de colza contre 0,6 kg/jour pour le méteil précoce) ».
Dans la conjoncture de 2022, le coût journalier de la ration avec du méteil tardif (2,08 €/j en double culture, 1,94 €/j sous couvert) est toujours supérieur à celui du précoce mais également à celui de la ration témoin (50 % d’enrubannage de PT et 50 % de foin de PP à 1,82 €/j). Selon les calculs, pour un troupeau de cent vaches allaitantes et 150 jours de ration, les surcoûts des rations avec méteils par rapport à la ration témoin, bien qu’inférieurs avec prairie sous couvert, s’échelonnent de 600 à 3 900 €.
« Ce surcoût reste à relativiser car quand il permet d’améliorer l’autonomie fourragère, il est toujours plus économique qu’un achat extérieur », conclut Jean-Baptiste Quillet.