Australie : record historique des exportations en 2019
Lors de son webinaire de clôture de cycle sur les marchés mondiaux, l’Institut de l’élevage a fait le point sur le marché de la viande bovine en Océanie. Après de nouveaux incidents climatiques majeurs en 2019, l’Australie a subi le ralentissement des flux de viande vers la Chine début 2020, suite à la pandémie de Covid-19. En Nouvelle-Zélande, une légère baisse des exportations de viande bovine est à prévoir.
Lors de son webinaire de clôture de cycle sur les marchés mondiaux, l’Institut de l’élevage a fait le point sur le marché de la viande bovine en Océanie. Après de nouveaux incidents climatiques majeurs en 2019, l’Australie a subi le ralentissement des flux de viande vers la Chine début 2020, suite à la pandémie de Covid-19. En Nouvelle-Zélande, une légère baisse des exportations de viande bovine est à prévoir.
« La production australienne de viande bovine (2,4 millions de tonnes équivalent carcasse) est tournée vers l’export avec 70 % des tonnages exportés », note Arnault Villaret de l’Institut de l’élevage, lors d’un webinaire organisé par l’Institut de l’élevage sur l’Océanie.
Après une année 2018 marquée par une sécheresse importante, 2019 fut encore plus extrême (baisse de la pluviométrie et températures records. De ce fait, les élevages ont été très sévèrement touchés par la sécheresse même si les feux de brousse puis les inondations ont fait la une des journaux au niveau mondial.
« La décapitalisation, déjà en cours, s’est accentuée. Les abattages ont continué leur progression (+ 5 % par rapport à 2018) avec une part de femelles représentant plus de la moitié du total (57 %) et en augmentation de 20 % par rapport à 2018. En deux ans (entre 2017 et 2019), les abattages se sont accrus de 13 %. »
Conséquence directe de cette décapitalisation, le cheptel viande national décroît depuis deux ans (- 12 % entre juin 2017 et juin 2019), passant d’un peu plus de 28 millions de têtes en 2018 à environ 24 millions de têtes en 2020.
Des tensions sur les prix de vente
La disponibilité en animaux sur le marché a encore tendu davantage les prix de vente (bouvillons et génisses) qui avaient déjà subi en 2018 une diminution de 12 % par rapport à 2017. Baisse qui s’est renouvelée en 2019, de - 5 %. « Elle est toutefois ‘limitée’ grâce au développement des marchés à l’export. 2019 a été l’année de tous les records en termes d’exportations en vif comme en viande bovine. »
Globalement, la dépréciation du dollar australien a été favorable à l’exportation, en lui offrant un gain de compétitivité de 6 % par rapport aux exports américains, par exemple. Ce phénomène n’est pas nouveau mais accentué sur les premiers mois de 2020, confortant les disponibilités et les demandes sur les marchés extérieurs.
Côté bovins vifs, l’Australie reste le premier exportateur mondial. Le rebond qui a eu lieu en 2018 s’est confirmé en 2019, avec une exportation qui a concerné plus d’1,25 millions de têtes, sachant que trois quarts sont des animaux à engraisser et le reste des bovins prêts à abattre. Les principales destinations restent les mêmes avec, en tête, l’Indonésie (671 000 têtes), suivie du Vietnam (284 000 têtes) et d’Israël (80 000 têtes). De nouveaux marchés qui ne représentaient que 2 à 3 000 têtes il y a encore quatre cinq ans ont émergés (Emirats Arabes Unis – 53 000 têtes et Qatar – 22 000 têtes). Autre fait marquant, le développement de l’export de bovins vivants vers la Chine depuis quatre ou cinq ans (43 000 têtes en 2019).
Des exportations records en valeur
« Du côté de la viande bovine, 2019 bat aussi un record, avec une hausse de 11 % des volumes pour atteindre 1,7 millions de téc. Les principales destinations restent les mêmes. Les expéditions vers la Chine ont cependant explosé (augmentation de 87 % à 417 000 téc soit 25 % du total des exports). L’empire du milieu devient ainsi le premier client de l’Australie. Ces exportations touchent des viandes premium hors hormones. Le Japon, jusqu’alors première destination, perd une place (- 9 % des envois vers le Japon). Les Etats-Unis, troisième client australien, a, également augmenté ses importations en provenance de l’Australie pour atteindre 330 000 téc.
L’accroissement en volumes des exports s’est également accompagné d’une hausse en valeur, grâce notamment au développement du marché chinois sur des produits à haute valeur ajoutée. L’augmentation moyenne en dollars US en kilo de carcasse s’affiche à + 4,5 % (5 €/kgc) pour une valeur totale de presque 6,87 milliards d’euros.
Une lente recapitalisation prévue en 2020
Pour 2020, hors effet Covid-19, les projections australiennes prévoient le début d’une nouvelle phase de lente recapitalisation, d’autant plus que les pluies sont revenues au premier trimestre et les estimations d’abattages sont revues à la baisse, de l’ordre de 20 %, en lien avec les moindres disponibilités. Une diminution de la production de viande de 13 % est également attendue et déjà de fortes tensions sont apparues sur les prix intérieurs, face à une demande dynamique pour l’exportation, malgré la pandémie et la rétention d’animaux pour la recapitalisation. Le prix des bouvillons et des génisses a ainsi cru de + 40 % sur le marché intérieur.
Des échanges contraints par les barrières non tarifaires
Suite à une prise de position de l’Australie qui a soutenu les Etats-Unis dans une demande de commission d’enquête relatives aux conditions d’informations sur la crise du Covid-19 par la Chine, cette dernière a déférencé un certain nombre d’abattoirs et de découpeurs australiens. « Pour l’instant, aucune indication ne montre d’impacts suite à cette mesure. Mais, d’une manière générale, par rapport à la poursuite du développement des exports de viande bovine australienne, les projections du pays considèrent que les conditions d’exportations et notamment les barrières non tarifaires et autres exigences sur les marchés auraient beaucoup plus d’impacts que le Covid-19 ou le cycle des sécheresses. De tout façon, à courts termes, ils étaient dans une situation de plus faibles disponibilités en termes de viande exportable et donc, la diminution de certains marchés ne semblait pas particulièrement inquiéter les australiens », conclut Arnaud Villaret.
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Contraction de la production de viande bovine néo-zélandaise
Globalement, le cheptel bovin néozélandais était en hausse de 2 % entre 2018 et 2019. Si le cheptel laitier majoritaire décroît (-3 %), celui de vaches allaitantes se développe (+ 7 %). Les vaches laitières viennent ainsi gonfler les abattages (+ 3 % en 2019 par rapport à 2018). Deux raisons l’expliquent : la volonté depuis 2016 de rationaliser les effectifs dans les exploitations laitières afin de respecter des critères environnementaux et de gagner en efficience. A cela s’ajoute l’alourdissement de diverses catégories de bovins (génisses et bouvillons) amenant une augmentation de la production de 6 % par rapport à 2018 (soit 712 800 téc). Les volumes exportés ont cru de 4 % en 2019 par rapport à l’année précédente (593 000 téc), grâce notamment à une hausse des disponibilités et à la dépréciation du dollar néo-zélandais. Les envois ont été très dynamiques vers l’Asie au détriment de ceux vers l’Amérique du Nord. En valeur, la hausse a été encore plus importante, elle a atteint 15 %.
« En 2020, la production devrait plutôt se contracter et les abattages diminuer. Les conditions climatiques annoncées sèches dans une partie de l’île devraient impacter négativement les poids carcasses des bovins », note Cassandre Matras du département économie de l’Institut de l’élevage. Début 2020, les envois ont été modérés, avec une amélioration cependant à partir d’avril en lien avec la pandémie qui persiste mais dont les impacts se font moins ressentir dans les principaux pays clients comme la Chine. Globalement sur 2020, une légère baisse des exportations néozélandaises de viande bovine est à prévoir.