Atelier complémentaire : « Je me suis installé grâce à la création d’ateliers porcin et volaille »
Le Gaec Asfaux de la Salesse, à la tête d’un troupeau de 85 mères de race salers croisées en charolais dans le Lot, a créé deux ateliers hors-sol en lien avec l’installation de David Asfaux. Cette diversité confère aux associés une plus grande sécurité économique, mais nécessite une bonne organisation du travail.
Le Gaec Asfaux de la Salesse, à la tête d’un troupeau de 85 mères de race salers croisées en charolais dans le Lot, a créé deux ateliers hors-sol en lien avec l’installation de David Asfaux. Cette diversité confère aux associés une plus grande sécurité économique, mais nécessite une bonne organisation du travail.
Lors de son installation en 2014 sur le Gaec familial à Sousceyrac-en-Quercy dans le Lot, David Asfaux a créé deux ateliers hors-sol. « En plus de l’augmentation du cheptel et de la surface agricole utilisée, les ateliers hors-sol ont rassuré les banques sur notre capacité à dégager du revenu pour trois associés », raconte David.
Une trésorerie diversifiée et échelonnée
« Lorsque je réalise des investissements, j’échelonne mes annuités en fonction de la production des ateliers hors-sol », explique David. En effet, si l’atelier bovin est saisonnier du fait de vêlages groupés entre février et avril, et de septembre à octobre, les ateliers hors-sol assurent des rentrées d’argent régulières. « Vingt à trente porcs charcutiers partent chaque semaine à l’abattage. Pour les canards prêts à gaver, il faut compter une sortie tous les cent jours », décrit David. « C’est une véritable bouffée d’air, qui permet d’attendre plus sereinement la sortie des veaux ou le versement des aides de la politique agricole commune », affirme l’éleveur. Les deux productions font l’objet de contrats avec une coopérative, le débouché est donc assuré : auprès de la CAPP (groupe Porc Montagne) pour les porcs, et de Terres du Sud pour les canards. Ce sont également les coopératives qui fournissent les porcelets et canetons. Pour David, la diversité est aussi source de résilience : « Avec ces trois productions très différentes, nous résistons mieux aux crises : actuellement, l’atelier palmipèdes est en difficulté à cause des restrictions liées à la grippe aviaire, mais les revenus issus des ateliers bovins et porcins compensent. »
Autre avantage, l’atelier porcin permet d’atteindre 100 % d’autoconsommation des céréales de l’exploitation. « Cela nous permet de toucher l’indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) pour 2 600 euros supplémentaires », indique David. En effet, une vingtaine de tonnes de triticale complémente l’alimentation des bovins. Le reste de la production de céréales est échangé avec la coopérative contre de l’aliment porcin. Les bénéfices se retrouvent aussi sur la fertilisation des surfaces. « Nous apportons environ 40 % d’engrais chimiques en moins grâce au lisier de porcs et au fumier de volailles », estime David. Le lisier est épandu sur les cultures et les prairies mécanisables. « Je constate moins de dégâts par les sangliers depuis que j’épands le lisier de porc », ajoute-t-il. Quant au fumier, « je l’enfouis sous le maïs, mélangé à 25 % dans du fumier bovin. Enterrer le fumier de volaille limite le risque sanitaire par rapport à l’épandage car les plumes peuvent porter des pathogènes. Le maïs est ensilé et distribué aux bovins, ce qui limite les risques de recontamination », précise l’éleveur.
Des opportunités pour des ateliers de petite taille
Profitant de deux bâtiments disponibles, David a créé deux ateliers de petite taille. « J’ai eu de la chance d’être suivi par les coopératives sur de petits volumes. Cela a permis de limiter les investissements et donc de faciliter le montage du dossier auprès des banques », retrace-t-il. Ses parents élevaient des porcs en système naisseur sur l’exploitation jusqu’en 2002, production qu’ils ont arrêtée à cause de la crise porcine. La porcherie était restée en place, seul l’intérieur a été réaménagé pour s’adapter à un atelier de post-sevrage et engraissement. De même, le Gaec loue son bâtiment volaille, à 400 mètres du site principal, à un membre de la famille qui a dû arrêter l’activité pour des raisons de santé. « Comme ce sont de petits ateliers, ils ont l’avantage de laisser la majorité du temps à l’élevage des bovins », apprécie David.
L’optimisation du temps de travail est nécessaire
Mener trois ateliers de front nécessite une bonne organisation du travail. Tout est fait pour dédier le plus de temps possible aux bovins. David s’occupe seul des cochons et des canards. « Il s’agit surtout d’un travail d’astreinte : je passe tous les jours 30 à 45 minutes sur chacun de ces ateliers. Ce temps peut atteindre 1h30 en cas d’intervention, notamment la vaccination des canetons ou leur pesée hebdomadaire », estime-t-il. Le nettoyage et la désinfection des bâtiments hors-sol entre chaque lot occupent une journée toutes les six semaines pour la porcherie, et deux jours pour la volière entre chaque lot de canards comprenant le curage, « soit environ 150 heures par an », chiffre l’éleveur. Il envisage de déléguer ce travail de nettoyage à un prestataire à l’avenir afin de se consacrer aux tâches à valeur ajoutée.
En effet, David devra optimiser son temps de travail pour maintenir les trois ateliers lorsque sa mère Josette partira en retraite d’ici à quelques années. « J’ai déjà investi dans un distributeur automatique pour l’alimentation des porcs », illustre-t-il. À partir du poids initial des porcelets, le distributeur incrémente chaque jour la quantité d’aliments distribuée pour correspondre au gabarit, et, sur l’atelier d’engraissement, adapte le ratio d’aliments croissance et finition.
L’entraide joue également un rôle important. « Mon père est à la retraite, mais travaille toujours un peu sur l’atelier bovin », explique David, avant d’ajouter : « Je bénéficie aussi de l’aide d’amis et voisins pour charger les canards à leur départ. » Pour aller plus loin, David élabore avec un éleveur voisin une banque d’échange de travail. Il envisage également d’embaucher un apprenti.
« Attention à la biosécurité en élevage mixte »
« Les élevages mixtes avec bovins et volailles et/ou porcs doivent prêter une attention particulière à la biosécurité. Pour limiter les contaminations croisées, il est nécessaire de respecter quelques bonnes pratiques, l’idée principale étant de distinguer physiquement les ateliers. Lorsque les ateliers sont sur le même site, il est primordial de les séparer au maximum et d’éviter les croisements de circuits (personnes, matériels). Il est important par exemple de concevoir des plans de circulation par atelier pour les différents intervenants. Si les intervenants des filières volaille et porcine sont sensibilisés aux mesures de biosécurité, c’est moins souvent le cas des intervenants en filières ruminants, ils peuvent donc se retrouver porteurs de pathogènes, et être à risque pour l’atelier monogastrique. Le matériel partagé entre ateliers (par exemple pour pailler) doit aussi être nettoyé et désinfecté. Enfin, le pâturage à proximité immédiate des bâtiments monogastriques, ou du stockage de fumiers de volailles, est à proscrire (risque de transfert de salmonelles, risque de botulisme par contact avec les fumiers). Pour éviter de futurs problèmes, les mesures de biosécurité doivent être envisagées dès le projet d’installation ou d’agrandissement. N’hésitez donc pas à vous faire conseiller. »
Chiffres clés :
- 100 ha de SAU, dont 40 ha de prairies naturelles non mécanisables, 45 ha de prairies temporaires (RGI, RGH, TB, TV, dactyle), 10 ha de triticale, 5 ha maïs ensilage
- 85 mères salers en croisement charolais + renouvellement
- Un bâtiment de 400 m2 de canards prêts à gaver en IGP « Canard à foie gras du Sud-Ouest », soit environ 9 000 canards par an en 3,5 bandes
- Environ 1 400 porcs/an, soit 160 porcelets en post-sevrage toutes les 6 semaines
- 2 associés