Assurance prairies : scepticisme autour des 350 fermes de référence
En cas de contestation de l’évaluation des pertes par l’indice Airbus, un réseau constitué de 350 fermes de référence a été constitué.
En cas de contestation de l’évaluation des pertes par l’indice Airbus, un réseau constitué de 350 fermes de référence a été constitué.
« J’entends les craintes que les éleveurs ont exprimées sur les modalités d’indemnisation en matière d’assurance sur prairies et sur le recours au système indiciel. Notre objectif partagé est de renforcer dans la durée la confiance des acteurs dans l’approche indicielle », s’était exprimé Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, le 30 mars dernier. Après l’annonce de la mise en place de 350 fermes de référence, dans l’optique d’assurer le suivi dans le temps de la bonne corrélation entre l’indice et les données de terrain via un protocole scientifique reprenant les bases de celui mis en place par l’Institut de l’élevage entre 2016 et 2019, des interrogations subsistent. « Le réseau doit être complété rapidement pour couvrir toutes les zones fourragères de France, et pas seulement la moitié », regrette Patrick Bénézit, président de la fédération nationale bovine (FNB). Nicolas Lassalle, éleveur allaitant dans l’Aude, confirme l’importance de la situation géographique : « Il faut vraiment disposer ces fermes au bon endroit, en concertation avec les professionnels. Ici, compte tenu de la diversité du département, il en faudrait trois. »
Lire aussi | Assurance prairies : « Chez Airbus, nous travaillons sur une nouvelle version 2025 de l’indice satellitaire »
Des mesures avec des herbomètres connectés
Après plusieurs tergiversations, ce sont finalement 70 petites régions fourragères qui ont été identifiées. « Il y a eu un appel d’offres et ce sont les chambres d’agriculture qui vont être chargées de mettre en place le réseau, après une formation des conseillers qui disposeront d’herbomètres connectés, explique Jérôme Pavie, de l’Institut de l’élevage. Pour une autre estimation du rendement, un deuxième lot a été suggéré afin d’obtenir des mesures avec des fauches sur des carrés d’herbe. »
En plus du retard pris par rapport à un démarrage au 1er février, le protocole et sa fiabilité font débat dans les rangs des assureurs. « Que va mesurer ce réseau et en quoi sera-t-il comparable aux mesures de l’indice satellitaire ? Il faut que le protocole de prélèvement soit strict pour une comparaison équivalente », s’interroge Jean-Michel Geeraert, directeur du marché de l’agriculture chez Pacifica. Même son de cloche du côté de Groupama : « Un réseau de 350 fermes semble trop large et difficile à maintenir pour assurer une robustesse scientifique. Pour être fiables, les mesures doivent être rigoureusement effectuées par une même personne, avec des conditions de date, d’horaire, afin d’éviter les biais », ajoute Delphine Létendart, directrice assurances.
Pour en savoir plus, lire | Assurance prairies : l’indice Airbus doit encore convaincre
Lire aussi | Assurance prairies : « Pour être rassuré, il faudrait des mesures de pousse d'herbe sur le terrain »