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A l'EARL Poulachon en Sâone-et-Loire
205 vêlages, 7 ha de vigne et deux unités de main d'oeuvre

Sur leur exploitation alliant vin et viande, les 205 vaches du troupeau de l’Earl Poulachon affichent de bons résultats techniques. Organisation, mécanisation et bonnes stabulations sont indispensables pour un troupeau de cette dimension.

Frédérique et Daniel Poulachon : "nos trois enfants sont intéressés par l'agriculture."
Frédérique et Daniel Poulachon : "nos trois enfants sont intéressés par l'agriculture."
© F. Alteroche

18 vaches au moment de son installation en 1988, 205 actuellement! En 22 ans, l’exploitation de Daniel Poulachon a connu de nombreuses évolutions. « La campagne de vêlages qui démarre est la troisième pour laquelle nous sommes arrivés à notre objectif côté effectifs. » Aujourd’hui installé en EARL depuis 1991 avec son épouse Frédérique à Saint-Gengoux le National dans l’Est de la Saône-et-Loire, la progression de la dimension économique de cette entreprise est d’abord le résultat de longues journées de travail et d’investissements conséquents. Le développement de l’outil de production a aussi été motivé par un goût d’entreprendre. Ces dernières années, tout a été mis en oeuvre pour que leurs trois enfants, tous intéressés par l’agriculture, puissent avoir dans les mains un outil de production à même de permettre une installation dans de bonnes conditions. Cette envie d’aller de l’avant est actuellement contrariée par la conjoncture. « De 1988 à 2008, notre exploitation a été en croissance régulière. Malgré les hauts et les bas, tout était alors encore possible. Les données ont bien changé. La situation actuelle liée à la mévente des animaux nous incite à être particulièrement prudents. Nous avons levé le pied sur tous les investissements et gelé certains projets. Entre la vigne et les bovins, nous aurions actuellement largement assez de travail pour employer quelqu’un à mi-temps. Mais le prix des animaux conjugué au niveau de nos annuités ne nous le permet pas. »


DES JOURNÉES BIEN REMPLIES


Les journées sont donc longues et l’emploi du temps un peu démentiel fait que la vie sociale est pour l’instant sacrifiée en attendant des jours meilleurs. Toute la main-d’oeuvre est donc familiale. Leurs trois enfants attirés les uns plus par la viticulture, les autres plus par l’élevage donnent heureusement de sérieux coups de main au moment des gros travaux. La progression de la dimension du troupeau s’est faite presque exclusivement par les génisses nées sur l’exploitation. Le choix des dates de vêlages est lié au calendrier des différentes interventions sur le vignoble. La vendange a lieu dans la seconde quinzaine de septembre et les raisins sont vinifiés dans une cave coopérative. « On enchaîne sur les semis de blé début octobre. Idéalement, il faut qu’ils soient terminé mioctobre pour les premiers vêlages. » La fin de l’automne est consacrée à la fois à la surveillance des mises-bas et à la taille de la vigne. Actuellement, 80 % des veaux naissent entre le 15 octobre et la fin décembre. Les derniers vêlages se poursuivent jusqu’à fin février, mais l’objectif à terme est que tout soit terminé fin janvier. A côté des soins aux animaux, le gros du travail hivernal consiste jusqu’à la mise à l’herbe, au renouvellement et à l’entretien des kilomètres de clôtures pour lesquelles Daniel Poulachon reste fidèle aux barbelés qui doublent les haies. « A raison de 6 heures par jour, la taille de la vigne nous occupe jusqu’à la fin janvier. Entre vêlages et vignoble, à l’automne nos journées sont bien remplies ! On se lève à 5 heures.A 5 heures 30 on est dans les bâtiments. À 8 heures 30, les bêtes sont nourries et paillées et à 9 heures, je suis généralement dans la vigne. J’y suis aussi une partie de l’après-midi.A 16 heures 30 on retourne dans les stabulations jusque vers 19 heures », explique Daniel Poulachon.A cette période de l’année, avec parfois plus de 5 naissances par jour, la télévision est aussi régulièrement branchée sur la chaîne « Charolaise » pour optimiser la surveillance des vêlages. Moyennant ce bon suivi et un indéniable côté « animalier » qui permet à Frédérique Poulachon de connaître toutes ses vaches par leur nom et non par leur numéro, les résultats techniques sont au rendez-vous. En 2009/2010, sur 198 vêlages, il y a eu 210 veaux nés dont 12 paires de jumeaux. 193 étaient vivants à la mise à l’herbe et 192 ont été sevrés. Pour cet hiver, il est prévu de mettre autour de 215 femelles à la reproduction.Tout le troupeau est en monte naturelle. « Nous mettons les taureaux dans les cases le 15 janvier et travaillons avec onze à douze taureaux. Nous en achètons en général deux jeunes chaque année. Nous sommes attentifs aux facilités de naissance mais nous recherchons cependant des bêtes avec un certain développement et un bon équilibre entre le squelette et la viande. » Les rations hivernales sont basées sur les fourrages de l’exploitation. « On ensile autour de 40 hectares d’herbe et 16 hectares de maïs ensilage et on fane entre 80 et 100 hectares par an dont les deuxième et troisième coupes de nos prairies d’association luzerne + dactyle. » Le matin, la ration hivernale, c’est foin pour tout le monde à raison de 8 à 10 kilos par vache suitée et le soir, c’est une ration distribuée à la recycleuse avec un mélange comprenant pour une vache 2 à 3 kilos d’ensilage de maïs, 9 à 10 kilos d’ensilage d’herbe et 2 kilos de paille.Toutes ont aussi droit à leur gobelet de minéraux. Pour les génisses, le menu est le même, en faisant juste varier les quantités distribuées. « L’hiver, quand les bâtiments sont pleins, la recycleuse de six mètres cubes doit être remplie jusqu’à cinq fois par jour. Même si cela peut paraître séduisant pour limiter le temps de travail, au moment de la construction des bâtiments, nous n’avons pas envisagé le libre-service pour le foin. Je trouve que cela favorise trop la consommation avec des vaches qui mangent bien audelà de leurs besoins. » Tous les lots sont paillés quotidiennement. « On utilise près de trois tonnes de paille par jour. Je n’aime pas avoir d’animaux sales. En dehors de la quinzaine d’hectares de céréales cultivées sur l’exploitation, l’essentiel est acheté en andain dans la côte chalonaise à une petite trentaine de kilomètres de l’exploitation. Nous prenons une centaine d’hectares par an. »

LOTS DE 25 VACHES SUITÉES

Au moment de la mise à l’herbe, la plupart des femelles sont pleines.Tous les lots de reproductrices sont accompagnés d’un taureau et ces derniers sont retirés au plus tard début juillet. « On fait quatre lots d’une vingtaine de vaches suitées de mâles. Autant pour celles suitées de femelles. » La cinquantaine de génisses de 30 mois est regroupée en un seul lot. Elles sont sur une seule parcelle de 64 hectares et elles y resteront tout l’été. Pour les génisses d’1 an, l’utilisation de parcelles d’une dimension plus limitée fait que cette génération d’animaux est scindée en quatre lots. « On se partage la surveillance. Chacun de nous deux est toujours chargé des mêmes lots. On va les voir tous les matins. J’ai principalement en charge les femelles suitées de mâles et Daniel les autres lots. S’il n’y a pas de problèmes, il nous faut autour d’une heure à une heure et demie chacun tous les matins pour vérifier que tout va bien », explique Frédérique. En ces temps compliqués pour l’élevage, Frédérique et Daniel Poulachon ne cachent pas que le fait d’avoir deux cordes à leur arc est un gros atout. Les revenus dégagés par la vigne apportent une précieuse contribution pour aider à rembourser les investissements consentis sur la partie viande.

Un parc de bâtiments qui a progressé avec la taille du troupeau


La dimension mais aussi le côté esthétique des différentes stabulations de l’EARL Poulachon frappe l’oeil du visiteur lorsqu’il arrive sur l’exploitation. Le parc de bâtiments est récent et allie qualité et homogénéité architecturale avec des abords parfaitement propres et ordonnés. Ces bâtiments neufs et très fonctionnels ont joué un rôle clé pour mener à bien la progression numérique du troupeau.Avec des parcelles dont une bonne partie sont situées sur des sols argilo-calcaires, il n’était de toute façon pas envisageable de faire du plein air, mis à part de façon très ponctuelle et momentanée pour la douzaine de taureaux reproducteurs et éventuellement quelques vaches en vêlage d’hiver. « Dans les années qui ont suivi la création de l’EARL en 1991, nous avons hiverné jusqu’à 100 vaches suitées dans de nombreux bâtiments pour partie entravés, répartis sur cinq sites ! » La première construction conséquente date de 1996. Sur ce qui allait devenir le siège de l’exploitation, ils ont commencé par réaménager une ancienne bergerie en stabulation, aujourd’hui utilisée pour l’engraissement en la complétant par un hangar de 1 000 m2 de stockage et une stabulation de 70 places pour les génisses (n° 4). En 2000, la mise aux normes se traduit par la construction sur ce même site d’une stabulation de 150 places pour les vaches suitées (n° 5) . « Cela nous a enfin permis d’hiverner la totalité du cheptel sur un seul et même site. » Les années qui suivent voient le parc de bâtiment progresser régulièrement au rythme de l’évolution des effectifs. En 2002, c’est un hangar de stockage de 800 m2 pour le matériel (n° 1). En 2004 un nouvel hangar de même dimension pour le foin et à la paille (n° 2).


Enfin en 2009, c’est la construction de la dernière stabulation (n° 6). De part et d’autre d’un couloir central de distribution, elle se compose d’un côté de deux cases de 40 vaches suitées et de l’autre de 140 places principalement occupées par des génisses d’élevage. « Tous les vêlages ont lieu dans la stabulation de 150 places qui est équipée d’une caméra. Nous notons très rigoureusement les dates de saillies et les éventuels retours. A l’automne, on va chercher les vaches dans les différentes parcelles au fur et à mesure que la date de leur vêlage approche. Nous avons plusieurs parcs de reprise. De plus nos animaux sont calmes et ce travail ne pose pas de difficultés. » Les premières vaches vêlées rejoignent progressivement la stabulation la plus récente où elles complètent progressivement les deux cases de 40 vaches. « Le fait de faire de gros lots de vaches suitées ne pose pas de problèmes particuliers. Dans la stabulation de 150 places, nous réunissons par deux les lots de 14 vaches pour faire des cases de 28 au moment de la mise à la reproduction. »

En bref

- 280 ha de SAU, dont 50 ha de terres labourables (16 de maïs ensilage, 16 de blé et 18 d’une association luzerne + dactyle) et le reste en prairies permanentes.


- Un troupeau d’un peu plus de 200 vaches en partie inscrites au herd-book avec pour les mâles vente de broutards et d’une petite demi-douzaine de reproducteurs/an.


- Finition de toutes les femelles. Les 86 PMTVA sont liées à l’historique de l’exploitation et ne correspondent plus à la dimension actuelle du troupeau.


- 7,5 ha de vignoble (AOC Bourgogne rouge, Macon village et Bourgogne Aligoté).

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