Salade IVe gamme : pourquoi avoir constitué une association d’organisations de producteurs ?
La salade et les légumes pour la IVe gamme ont désormais leur AOPn. Parmi les objectifs : pallier le manque de statistique sur la production, analyser le marché et comprendre ses évolutions et s’allier pour mieux faire face aux défis. Protection des cultures, complexité des cahiers des charges et image de la profession figurent aussi parmi les chantiers.
La salade et les légumes pour la IVe gamme ont désormais leur AOPn. Parmi les objectifs : pallier le manque de statistique sur la production, analyser le marché et comprendre ses évolutions et s’allier pour mieux faire face aux défis. Protection des cultures, complexité des cahiers des charges et image de la profession figurent aussi parmi les chantiers.

L’AOPn pour la salade IVe gamme, reconnue fin décembre par le ministère de l’Agriculture, a commencé à timidement se faire connaître au moment du salon de l’agriculture. Son nom : Association des producteurs de légumes frais destinés à l’industrie de la IVe gamme (en abrégé : Asso Leg 4G). « La reconnaissance en tant qu’AOPn nous a été accordée pour les salades destinées à la transformation, mais l’association travaille sur tous les légumes pour la IVe gamme de ses adhérents », précise Delphine Pierron, déléguée administrative de l’association, qui est par ailleurs directrice du Cénaldi (AOP des légumes à destination de l’industrie, conserve et surgelé).
Le périmètre salades de l’association (salades entières, jeunes pousses y compris épinard, mâche…) de l’association représente 80 à 85 % des volumes. Parmi les autres légumes produits par les membres, on trouve toute sorte de légumes (radis, carottes, chou, céleri rave…).
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Qui sont les membres de cette nouvelle AOPn pour la salade IVe gamme ?
Sept organisations de producteurs (OP) et quatre sociétés qui produisent de la salade destinée à l’industrie pour la IVe gamme composent la nouvelle AOPn.
Les OP sont : Agrial, CPL (Coopérative des Producteurs Légumiers/Rosée des champs), Nanteurop, Océane, Racines carrées (OP créée en 2022 pour la production bio), Vitaprim, Ydéal.
En ce qui concerne les sociétés productrices, on retrouve : Picvert (dans la Somme), Placier Productions (avec Mâche&CO, en région nantaise), Reveny dans les Bouches-du-Rhône, Vie Veg (producteur bio dans la Somme).
Plus forts ensemble
Parmi les objectifs ? « D’abord construire un vrai collectif. Même s’il y a une volonté de se rassembler, il faut un petit peu s’apprivoiser », précise Delphine Pierron.
Pour Loïc Letierce, maraîcher en Loire-Atlantique et président de la nouvelle AOPn, « les producteurs de salade destinées à la IVe gamme font face aux mêmes défis. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de nous regrouper pour être visibles et agir collectivement », affirmant vouloir contribuer, en œuvrant à la pérennité de la filière, « à la souveraineté alimentaire de la France ».
Combler le manque de statistiques sur la production de salade IVe gamme
Autre objectif prioritaire : améliorer la connaissance de la production. « Il y a un véritable manque de connaissance de l’offre au niveau national, explique Delphine Pierron. Il y avait assez peu d’échanges d’informations entre les acteurs car ces informations peuvent être un peu sensibles en dehors d’un cadre officiel ». Et surtout, il n’y a aucune statistique officielle de cette production qui fait partie de la production des légumes frais. « Il y a un fourre-tout salade, mais il n’y a pas d’identification de la destination industrie », développe la responsable administrative.
Analyser le marché et comprendre ses évolutions
L’an dernier, l’association qui n’était pas encore AOPn, a œuvré prioritairement pour une meilleure connaissance des marchés. Quels enseignements ont pu être tirés ? « On commence tout juste, répond Delphine Pierron. Néanmoins lors de la présentation des premiers chiffres, nous nous sommes aperçus que les adhérents avaient des connaissances très vagues du marché. Quand je leur ai montré les chiffres issus de la compilation des leurs informations, certains se sont montrés étonnés de la part occupée par les jeunes pousses par exemple. Ils se rendent compte que ces statistiques étaient importantes finalement ».
L’idée est de suivre bien sûr toutes ces données dans la durée pour voir ces évolutions : quelle catégorie augmente ? quelle autre baisse ? est-ce qu’une catégorie phagocyte l’autre ou pas ?
« Au bout du compte, cela permettra à chacun d’élaborer sa stratégie », poursuit la responsable administrative.
Image du métier, travail sur les cahiers des charges et protection des cultures
Trois commissions, témoignant des sujets de préoccupation, ont été créées au sein de l’AOPn :
- Cahier des charges : la salade IVe gamme est une production où les cahiers des charges des industriels sont complexes et exigeants. « En fonction des clients, une exigence peut ne pas être exprimée ou mesurée de la même manière », explique Delphine Pierron. Cela rend les choses plus complexes et demande un lourd travail pour la production. L’idée est d’arriver à rationaliser le tout en identifiant un cahier des charges de base (la « qualité saine, loyale et marchande »), ce qui relève davantage de la spécificité (le service rendu par la production qui peut être négocié dans le prix par exemple) et les exigences que la production n’est pas forcément capable d’assumer.
- Protection des cultures : cette commission a pour but de mieux suivre le sujet et d’identifier où les producteurs de salades destinées à la IVe gamme sont en manque de solution. « Sur ce volet protection des cultures, on ne souhaite pas travailler tout seuls, précise Delphine Pierron, mais plutôt identifier les spécificités de nos productions dans les groupes qui suivent déjà la problématique protections des cultures des légumes » au sein de la filière fruits et légumes.
- Le 3e chantier sur l’image de la profession se met en place tout doucement : le but est de faire connaître la production de la salade (et des autres légumes) à destination de la IVe gamme, leurs spécificités etc.
Voilà de quoi bien occuper les prochains mois. A moyen terme, la volonté est de travailler en filière avec les industriels de la salade en sachet, qui sont réunis aussi sein du SVFPE (membre de l’Anifelt), voire d’aller jusqu’à une interprofession pour défendre collectivement la filière salades et légumes IVe gamme, comme cela avait déjà été évoqué par le SVFPE.
Lire : « Au bord du gouffre », la salade en sachet veut son interprofession