Pesticides
Pourquoi le nouveau rapport de Générations Futures n’est pas un débat sur les pesticides et le bio
L’ONG vient de sortir un nouveau rapport expliquant qu’il y a plus de résidus de pesticides que ce qu’on pensait sur les fruits et légumes non bio. Mais ce qu’elle dénonce réellement, c’est le format de présentation des résultats de la DGCCRF. Elle demande donc à la DGCCRF plus de transparence dans sa communication.
L’ONG vient de sortir un nouveau rapport expliquant qu’il y a plus de résidus de pesticides que ce qu’on pensait sur les fruits et légumes non bio. Mais ce qu’elle dénonce réellement, c’est le format de présentation des résultats de la DGCCRF. Elle demande donc à la DGCCRF plus de transparence dans sa communication.
« Fruits et légumes : les résidus de pesticides sous-estimés ». « On mange plus de pesticides que ce qu’on pensait »… Derrière ces titres aguicheurs de l’actualité, Générations futures a encore frappé, avec la publication d’un nouveau rapport.
Ayant obtenu de la DGCCRF les données complètes utilisées pour les rapports annuels relatifs aux contrôles en matière de recherche de pesticide dans les denrées d’origine végétales, Générations Futures a recalculé les pourcentages des résidus de pesticides sur fruits et légumes et s’est aperçu que les rapports annuels publics de la DGCCRF présentaient les résultats mélangeant les échantillons bio et non bio, et ce sans le spécifier. « Ce fait nous a depuis été confirmé par les services de l’Etat », précise l’ONG dans un communiqué.
Ainsi, les pourcentages de 2017 recalculés par Générations Futures donnent des résultats légèrement moins bons pour les produits non bio : 66,70 % des fruits non bios contenaient des résidus de pesticides quantifiés (contre 63,10 % annoncés dans les plans de surveillance mélangeant bio et non bio) ; 45 % pour les légumes non bio (contre 43,20 % bio et non bio) ; et 53,80 % pour l’ensemble fruits et légumes (contre 51,30 %). A noter : ces données concernent les limites quantifiables et non les limites maximales de résidus (lire plus loin la réponse de la DGCCRF).
Le débat porte sur la transparence des rapports et non sur les pesticides
« Il y a clairement un quiproquo depuis deux ans, aussi bien chez les ONG que les politiques ou la presse : le bio étant présenté à part dans les annexes, on avait tous compris que les bilans de la DGCCRF ne concernaient que le non bio. Elle ne l’a jamais spécifié, ni dans ses rapports, ni en faisant des démentis publics », explique à FLD François Veillerette, directeur de l'association Générations Futures, en web conférence le 16 septembre.
Pour une fois, l’ONG ne souhaite pas relancer le débat sur le bio et les pesticides -contrairement à la presse nationale qui s’est jetée sur le sujet. Mais elle exige plus de transparence de la part de la DGCCRF et lui demande de spécifier sur les prochains rapports ce fait. « La DGCCRF utilise les lignes directrices européennes de l’Efsa pour extraire et traiter les données et ce n’est pas une exigence européenne de séparer les résultats selon les modes de production. Je comprends que la DGCCRF suive le protocole réglementaire de l’Europe. Ce qui nous a choqués, c’est l’aspect information du public », précise François Veillerette. La DGCCRF aurait promis à l’ONG de souligner cette méthodologie dans le rapport à 2018 à paraître.
Plus de budget pour séparer les données selon le mode de culture
« Le bio est à part dans les annexes des rapports, pourquoi pas le non bio ? Aujourd’hui, c’est le moment d’être transparent, d’autant plus que le bio semble confirmer par ses résultats ses performances sur les contaminations. Il serait aussi formidable d’avoir le détail pour HVE, ZRP… Mais comme ce sont des “labels” français, ils ne sont pas pris en compte dans le protocole européen. Et des traitements de données supplémentaires coûtent plus chères. » Ainsi, Générations Futures continue de militer pour une hausse du budget de la DGCCRF.
De son côté, l’ONG va travailler sur l’impact de l’origine de production (France, UE hors France, reste du monde) sur les contaminations, « maintenant que nous avons les données complètes. Nous devons mettre au point un protocole qui soit statiquement acceptable (nous envisageons d’empiler des années afin d’avoir assez de données, ce qui va limiter le nombre d’espèces de fruits et légumes disponibles). »
La DGCCRF répond
De son côté, interrogée par FLD, la DGCCRF rappelle que « les rapports annuels, qui sont envoyés chaque année à Générations Futures, portent sur les denrées d’origine végétale dans leur ensemble, qu'elles soient bio ou non (issues de l'agriculture conventionnelle et bio). Dans un souci de transparence, ceux-ci font apparaître spécifiquement et de manière indépendante, les données concernant les produits bio ». En bref, si le bio est à part dans les annexes, « c’est parce que c’est un sujet qui plaît ».
Ne pas mélanger limites quantifiables et LMR
S'agissant des plans de surveillance et de contrôle des produits végétaux conventionnels, les contrôles de la DGCCRF portent sur le respect de la réglementation, et plus spécifiquement sur le respect des limites maximales de résidus (LMR) autorisées, à distinguer des limites quantifiables (LQ) qui, s’agissant des produits conventionnels, sont purement informatives, puisque c’est le respect des LMR autorisées qui est contrôlé. « Générations Futures fait état dans son communiqué de pourcentages correspondant à des résidus de pesticides quantifiés : pour ce qui concerne les denrées conventionnelles, la présence de résidus de pesticides au-dessus de la limite de quantification, mais inférieure à leurs LMR respectives, est bien conforme à la réglementation. »