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Permaculture, penser la vigne autrement

La permaculture consiste à observer la nature pour travailler avec elle, afin que la vigne s’intègre harmonieusement dans son environnement.

Franck Mousset a commencé à planter des oliviers en bordure de vigne il y a une vingtaine d'années.
Franck Mousset a commencé à planter des oliviers en bordure de vigne il y a une vingtaine d'années.
© C. de Nadaillac

Selon le dictionnaire Le Robert, si l’agroécologie désigne l’ « ensemble des méthodes de production agricole respectueuses de l’environnement » et l’agroforesterie se rapporte à un « mode d’exploitation agricole qui associe la plantation d’arbres ou d’arbustes », la permaculture, de son côté, est « un mode d’aménagement écologique du territoire, visant à concevoir des systèmes stables et autosuffisants et à produire de la nourriture en renforçant l’écosystème ».

La permaculture se base sur l’observation des lois de la nature, ce qui implique un changement de paradigme par rapport à la viticulture traditionnelle. Il s’agit non plus de travailler contre la nature en cherchant des recettes pour la maîtriser, mais avec la nature. Cela signifie qu’il faut « mettre et utiliser tous les moyens à sa disposition, que ce soient les arbres, l’herbe, la vie du sol, l’hydrologie régénérative, pour intégrer nos cultures à l’intérieur », explique Alain Malard, consultant en viticulture œnologie, et auteur de l’ouvrage Vignes, Vins et Permaculture. « Dans une haie naturelle, il n’y a pas besoin de traiter les arbres et arbustes, ils s’autorégulent, ne sont pas malades et produisent des petits fruits », observe le consultant. L’idée est de décliner ce mode de fonctionnement à la viticulture.

Logiquement, l’observation est la clé de voûte de cette technique. « Il faut apprendre à observer la nature, puis essayer de l’imiter et de comprendre comment faire pour que la vigne soit acceptée », note-t-il. Chaque parcelle, chaque contexte étant différent, il n’y a pas de recette toute faite, juste une méthodologie. Après la phase d’observation, elle consiste à effectuer un travail sur l’eau. « Il faut réfléchir à comment capter, répartir et infiltrer l’eau », préconise Alain Malard. Cela peut être via la plantation de la vigne suivant les courbes de niveau (méthode d'aménagement Keyline) ou en réalisant des ouvrages hydrauliques comme des noues ou des bassins.

Miser sur la biodiversité sous toutes ses formes

Le second axe est la réintroduction de la biodiversité au sein des parcelles, en commençant par apporter de la diversité génétique au niveau des porte-greffes et des cépages. Multiplier les clones, mélanger des cépages différents au sein d’une même parcelle, opter pour la sélection massale avec greffage en place font partie des pistes à explorer.

De même, implanter des arbres en bordure et au sein des parcelles est une pratique intéressante. « Pour cela, il faut identifier les familles d’arbres qui vivent ensemble naturellement (les syntaxons) et trouver le syntaxon élémentaire, à l’intersection des différents syntaxons du domaine », détaille le consultant. Il n’y aura ensuite plus qu’à implanter ce pool de quatre ou cinq espèces, qui poussera vite et se connectera aisément au sol.

Laisser l’herbe se développer au moins dans les interrangs est également bénéfique, et ce jusqu’au bout de son cycle végétatif. « Quand l’herbe arrive à maturité, les mycorhizes vont en partir et vont alors coloniser la vigne, décrypte Alain Malard. Grâce à ces mycorhizes, la vigne sera plus résistante. »

Cultiver sa vigne en permaculture entraîne moins d’interventions humaines. Pour autant, pas question de laisser la nature reprendre totalement ses droits. « Il y a un travail d’observation et d’organisation à réaliser, prévient Alain Malard. Car si on laisse l’herbe faire, au bout de dix ans, il n’y aura plus que des vivaces qui poseront problème. Il faut donc régulièrement réinstaller le couvert d’origine. » Même méthode avec les arbres, puisque l’objectif n’est pas de laisser la parcelle se transformer en forêt vierge. Lorsque les arbres se développent trop, il faut les tailler pour qu’ils redeviennent buissonnants car comme dans toute chose, tout est question d’équilibre.

La permaculture se base sur l’observation de la nature, soit un changement de paradigme par rapport à la viticulture traditionnelle

dico

« Le Robert » dit

L’agroécologie désigne l’« ensemble des méthodes de production agricole respectueuses de l’environnement ».
L’agroforesterie se rapporte à un « mode d’exploitation agricole qui associe la plantation d’arbres ou d’arbustes ».
La permaculture est « un mode d’aménagement écologique du territoire, visant à concevoir des systèmes stables et autosuffisants et à produire de la nourriture en renforçant l’écosystème »

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