La guêpe de l’amandier, un frein à la production d'amande bio
Eurytoma amygdali est un ravageur important des vergers d’amandiers. Cette microguêpe est un des freins à la culture de l’amandier en agriculture biologique dans le sud-est de la France.
Eurytoma amygdali est un ravageur important des vergers d’amandiers. Cette microguêpe est un des freins à la culture de l’amandier en agriculture biologique dans le sud-est de la France.
La guêpe de l’amandier Eurytoma amygdali, observée en France depuis les années 1980, provoque des dégâts importants sur la production d’amandes. Le développement des larves dans les fruits peut engendrer jusqu’à 80 % de dégâts dans une amanderaie, rendant les amandes incomestibles. Cet hyménoptère appartient à la famille des Eurytomidae. De couleur noire foncée, les femelles adultes mesurent de 7 à 8 millimètres tandis que les mâles font de 4 à 6 millimètres. Eurytoma amygdali présente un cycle annuel. Les adultes émergent au printemps.
« Les dates de début d’émergence dépendent des températures hivernales : entre fin mars et début avril dans le sud du Gard, deuxième quinzaine d’avril sur le plateau de Valensole (Alpes-de-Haute-Provence) », indique Henri Duval, Inrae, lors d’une journée technique Amandier en février 2024 à Avignon. La durée d’émergence varie entre deux et trois semaines selon les années. Après l’accouplement, la femelle pond dans les jeunes fruits, ce qui bloque leur développement. En général une seule larve se développe dans le fruit. Après la ponte, un écoulement de gomme translucide apparaît régulièrement au niveau de la blessure.
Les dégâts visibles dès début juin
Les œufs éclosent puis les larves consomment l’amandon et se développent à l’intérieur du fruit jusqu’en juillet, lorsqu’elles entrent en diapause. Les dégâts sont visibles dès début juin par un léger jaunissement de la gove et par l’apparition de gomme sur la surface du fruit. Les fruits contaminés restent accrochés sur l’arbre et noircissent durant l’hiver. La nymphose intervient en février-mars. Fin mars, les guêpes perforent la coque avec leurs mandibules en vue de l’émergence.
Quels moyens de protection ?
Prophylaxie
La prophylaxie est essentielle pour limiter la pression Eurytoma amygdali. En hiver, bien éliminer à la taille toutes les amandes contaminées, noires et momifiées, restées sur les arbres. Les retirer du verger et les détruire par brûlage.
Barrière physique
L’utilisation d’argile en barrière physique a montré une efficacité au cours du projet LEVEAB (50 kg/ha à renouveler 1 à 2 fois) sur des niveaux de populations moyens, indique la fiche Arbo Bio Info juillet-août 2024.
Produits phytosanitaires
Seul le Karaté Zéon (lambda-cyhalothrine) est autorisé, utilisable en conventionnel uniquement. En bio, aucun produit n’est autorisé, mais le spinosad reçoit régulièrement des dérogations. Son efficacité est variable, surtout en forte pression. Il se positionne en encadrement du pic d’émergence.
Zoom sur le projet LEVEAB
Le projet LEVEAB (Lever les verrous à la culture de l’amandier en agriculture biologique), commencé en 2020 et s’achevant cette année, vise à proposer des solutions opérationnelles pour permettre la culture de l’amandier en AB, notamment vis-à-vis de ses principaux bioagresseurs (Eurytoma, Fusicoccum…). Cinq actions sont menées dans le cadre de ce projet : recherche de kairomones pour le piégeage massif d’E. amygdali ; expérimentation en vergers de produits naturels et solutions accessibles en AB ; identification de plantes de services aptes à favoriser les auxiliaires et à réguler la pression des ravageurs ; identification des pratiques agricoles et des facteurs du milieu favorisant E. amygdali ; communication sur le projet. Les résultats du projet LEVEAB seront publiés sur les sites rd.agriculture-paca.fr, rd-agri.fr et occitanie.chambre-agriculture.fr.