Bio
GMS et magasins spécialisés doivent chacun repenser leurs stratégies pour continuer à voir le bio croître
La crise de la Covid a rebattu les cartes dans le monde du bio. Si ce segment est toujours en croissance, il commence à ralentir. Le Cluster Bio Auvergne-Rhône-Alpes a organisé un webinaire pour débattre des stratégies à envisager selon les circuits de distribution.
La crise de la Covid a rebattu les cartes dans le monde du bio. Si ce segment est toujours en croissance, il commence à ralentir. Le Cluster Bio Auvergne-Rhône-Alpes a organisé un webinaire pour débattre des stratégies à envisager selon les circuits de distribution.
Quels sont les perspectives et les enjeux pour le bio en GMS et en magasins spécialisés suite à la crise du Covid-19 ? C’était l’objet du séminaire digital “Je dis Bio” organisé par le Cluster Bio Auvergne-Rhône-Alpes le 26 novembre, lors duquel un bilan du marché bio en 2019 et 2020 sur les différents circuits de distribution a été dressé.
En GMS, la croissance ne peut plus être tirée par l’offre
Selon Nadège Peteuil, consultante Senior pour IRI Worldwide, le bio montre une dynamique incontestable en GSA mais attention aux signaux d’alerte. La bonne tenue du bio cette année s’explique surtout par un mix catégoriel avec une très belle dynamique des MDD, à un mix circuit -le e-commerce étant le grand gagnant, puisque le bio y représente 8,7% de PDM et une croissance de 50,9% de chiffre d’affaires sur un an contre 5,2% sur l’ensemble des circuits GMS, +14.4%- et à report par nécessité : les achats ont été fait en bio par nécessité plutôt que par conviction car en rupture d’approvisionnement en conventionnel.
Ainsi, IRI prévoit pour 2020 une croissance de +13,8% pour le bio (PDM de 5,2% en chiffre d’affaires) contre +6,8% pour l’ensemble PGC. « En revanche, 2021 aura forcément une croissance en négative de -2 à 4%, ce qui implique pour le bio une croissance moindre entre 0 à 2% pour l’hypothèse basse et entre +5 à +7% pour l’hypothèse haute, précise Nadège Peteuil. La croissance ne peut plus être tirée par l’offre, il est nécessaire désormais de reposer davantage sur la demande. Il vous faut rester accessible en prix mais sans dégrader la qualité, et rassurer le consommateur en combinant le bio au local, à l’équitable, à la qualité nutritionnelle… »
Digitalisation en route pour les magasins spécialisés
La consultante met aussi en garde contre une concurrence accrue des autres circuits de distribution en particulier les marchés et les points de vente direct. En magasins spécialisés bio, le constat est légèrement différent car les consommateurs n’y sont pas les mêmes : on y retrouve les adeptes (31 %), les “en migration” (55 %) et les “en découverte” (14 %). « Pendant le confinement, la réduction du kilométrage et la peur du virus ont changé les circuits de distribution fréquentés, explique François Labbaye président de Bio Développement. La montée du digital a pu compliquer les achats pour les consommateurs en migration qui n’ont pas eu tous les services et conseils qu’ils attendaient. Depuis la fin du premier confinement, le consommateur revient en magasin spécialisé, avec tout de même une demande plus forte de digitalisation. Le click and collect n’a pas baissé et continue de faire l’objet d’investissements de la part de chaque enseigne. »
En magasin spécialisé, miser sur une offre de qualité et sur un “bio +”
Pas d’inquiétude donc quant à la fréquentation à venir. En entrant dans un magasin spécialisé, le consommateur sait qu’il va payer plus cher et il est prêt à un différentiel de 20 à 22 % (chiffres 2019). De plus les adeptes fréquentent ces magasins pour la confiance dans l’enseigne et dans les marques, la qualité des produits (goût, nutrition) et l’engagement des marques dans le développement durable. « Vous êtes engagés, donc dites-le ! Communiquez ! Prouvez-le ! C’est ce qu’attend le consommateur, conseille François Labbaye. Et face à une croissance qui devrait ralentir, les enseignes et les marques doivent repenser leur stratégie, en axant sur l’accès et l’éthique de la bio pour la stratégie enseigne, et sur le bio dans la bio et le local en orientation produits ».
Le réseau spécialisé « pas encore à maturité », les MDD en GMS pour l’accessibilité
Interrogés sur les perspectives du bio selon les différents circuits de distribution, les opérateurs vont dans le sens des panelistes. Thierry Chiesa, directeur général d’Ekibio (pâtes et farines bio) estime que « la distribution spécialisée n’est pas à maturité dans son modèle, dont la croissance est tirée par la hausse du nombre de points de vente. La croissance devrait donc être à nouveau de 20 % en 2021 mais attention notamment à la concurrence de la GMS. Il faut revoir le modèle : l’offre, les services comme le drive… »
Eric Farino, responsable développement filière bio France chez Carrefour, analyse : « On sent un ralentissement du bio même s’il est toujours en progression en valeur. Chez Carrefour le bio alimentaire présente 6 %. Et nous ambitionnons les 1 000 références en MDD bio afin de segmenter l’offre pour tous les portefeuilles, de développer les corners shopping shops surtout en fruits et légumes et de développer le vrac. »
Enfin, pour Christophe Pochic, président de Gustoneo (produits bio pour le snacking et le petit déjeuner) estime que la communication et notamment la présence sur les réseaux sociaux sont essentiels pour être référencés en GMS, ainsi que des prix accessibles, et côté amont, veiller à la sécurisation de l’approvisionnement par des contrats.