"Je sèvre 12,6 porcelets par portée en production bio"
Au Gaec des Jonquilles à Limalonges dans les Deux-Sèvres, la combinaison d’un bâtiment performant et d’une éleveuse passionnée permet d’obtenir des performances techniques dignes d’un élevage conventionnel de haut niveau.
Au Gaec des Jonquilles à Limalonges dans les Deux-Sèvres, la combinaison d’un bâtiment performant et d’une éleveuse passionnée permet d’obtenir des performances techniques dignes d’un élevage conventionnel de haut niveau.
C’est dans un bâtiment neuf, à l’abri des intempéries mais aux normes bio, que Lise Bailly élève ses 50 truies en production biologique. Un bâtiment qui permet des performances de haut niveau : depuis le peuplement de l’élevage en 2016 et sur les cinq premières bandes passées en maternité (4 bandes de cochettes et une bande de secondes portées), les truies ont sevré 12.66 porcelets par portée.
Une performance nettement supérieure à la moyenne des élevages conventionnels, ceci malgré les contraintes techniques imposées par le cahier des charges bio. « Les truies sont bloquées dans leurs cases de l’entrée en maternité jusqu’à 10 jours après la mise-bas », explique Lise.
À la mise-bas, elle ne dispose ni d’hormones ni d’antibiotiques (les truies ont droit à 3 traitements allopathiques par an, les porcelets à un seul jusqu’à l’abattage).
Les truies sont vaccinées contre la parvovirose, le rouget, et les diarrhées colibacilaires des porcelets. Elles sont déparasitées et reçoivent de l’huile de foie de morue trois semaines avant la mise-bas. Autour de la mise-bas, l’éleveuse leur distribue un produit à base de plantes pour tonifier les naissances et réguler la flore microbienne des animaux. « Le microbiote intestinal des porcelets est directement issu des déjections de leur mère », explique Eric Belz, le dirigeant de la société Carephyt qui commercialise ce produit. « En orientant positivement la flore microbienne du tractus digestif des truies, on contrôle efficacement les diarrhées sous la mère sans faire appel aux antibiotiques ».
Le gisoir plein isolé est saupoudré de kaolin pour l’assécher. Les nids des porcelets sont chauffés avec une lampe, car le bâtiment grand volume n’est isolé qu’au plafond, et il peut faire froid en hiver.
Les animaux ont cependant accès à une aire paillée à partir du dixième jour de lactation. « L’interdiction de ventiler les bâtiments bio peut parfois poser des problèmes d’émissions d’ammoniac en hiver », concède René Orin, technicien Biodirect et concepteur de ce bâtiment. Cependant, le jour de la visite organisée par le groupement, la température de la salle atteignait 20 °C, malgré la neige. L’ambiance était excellente, grâce au paillage abondant des cases et à l’évacuation efficace des jus par un caniveau situé dans l’aire de paillage.
Un mélange de kaloin et de 2e âge sous la mère
L’aliment des truies distribué manuellement deux fois par jour dans une trémie au-dessus de l’auge est accessible à volonté. « J’augmente la ration de 500 grammes par jour. Beaucoup d’entre elles arrivent à consommer jusqu’à 13 kg d’aliment par jour ». Elles reçoivent encore de l’huile de foie de morue vers 35 jours. À 42 jours, âge du sevrage, les porcelets pèsent environ 10.5 kilos. Ils commencent à manger un mélange de kaolin et d’aliment 2e âge dans des augettes à partir de 30 jours d’âge (l’aliment 1er âge n’est pas utilisé en bio).
Après le sevrage, ils restent encore 15 jours dans la maternité, avant d’être transférés dans un post-sevrage sur paille. De leur côté, les truies retournent dans le bloc verraterie-gestante sur paille équipé de réfectoires et d’une courette extérieure comme l’impose le cahier des charges bio. Leur état d’engraissement très correct fait penser qu’elles ont très bien supporté la lactation longue imposée par le bio et le nombre important de porcelets sevrés.
Lise Bailly met l’accent sur la nécessité d’avoir des truies très maternelles pour limiter les écrasements durant les premiers jours de lactation. Elle apprécie également d’avoir des truies hyperprolifiques (18.4 nés totaux sur les cinq premières bandes, génétique Danbred). Seule ombre au tableau, le taux de pertes élevé entre les nés vivants (17.21) et les gardés 48 heures (12.81). « Il s’agit le plus souvent de petits porcelets peu viables », constate-t-elle. Un taux de pertes qui devrait donc logiquement diminuer quand le troupeau sera constitué de truies multipares.