Aller au contenu principal

Bien démarrer l’élevage des chevrettes

Le démarrage des chevrettes est un point clé de la production laitière à venir. Denkavit, spécialiste de la nutrition des jeunes animaux, y a consacré son premier Denkamilk Day chevrettes.

Les chevrettes, garant de la production de demain

Les poids des chevrettes au sevrage, puis à quatre et sept mois sont déterminants pour la première année laitière. Une étude de Seenovia sur 2 628 chevrettes montre que le poids moyen est de 4 kilos à la naissance pour une chevrette simple, 3,5 kilos pour une double, puis de 15 kilos au sevrage, 24 kilos à quatre mois et 35 kilos ou 50 % du poids adulte à sept mois. Si la part atteignant 100 jours de lactation est maximale pour les chevrettes doubles (88 %, 86 % pour les simples, 81 % pour les triples), la production est optimisée chez les triples (325 kg de lait à 100 jours, 315 kg pour les doubles). « On peut donc garder des chevrettes triples, d’autant que beaucoup de chevrettes issues d’IA naissent de portée triple », souligne Florie Bergeon, conseillère à Seenovia.

L’étude montre aussi que le poids à 200 jours est déterminant pour la réussite à la reproduction et la production. « Le poids conseillé est de 32 kilos en alpine et 35 kilos en saanen, sans excès de graisse préjudiciable à la réussite à la reproduction. » Une étude Eilyps sur 553 chevrettes montre que le poids à quatre mois a aussi un impact significatif. « Plus la chevrette est lourde, plus elle produira de lait, rapporte Nathan Maudet, conseiller à Eylips. Nous conseillons un poids à quatre mois de 24 à 25 kilos. »

Des objectifs de croissance à respecter

À deux mois, la chevrette doit peser 15 kilos. « En partant de 4 kilos à la naissance, cela fait un objectif de GMQ [gain moyen quotidien] de 185 grammes, calcule Emmanuel Germain, chef produits d’aliments d’allaitement à Denkavit. Avec le froid, l’humidité, la pression sanitaire, il faut viser 200 grammes. Les recommandations pour la majorité des aliments d’allaitement sont d’apporter 200 g d’aliments par litre d’eau jusqu’à un mois, puis 175 grammes par litre, pour favoriser la consommation de concentré qui doit atteindre 200 grammes par jour au sevrage. Il ne faut pas descendre sous 140 grammes d’aliments par litre d’eau, la gouttière œsophagienne pouvant alors mal se fermer. »

Que la base laitière soit du lactosérum ou du lait, cela n’a pas d’effets sur la croissance. Un aliment d’allaitement contient aussi des huiles – huile de palme, stable à la chaleur, remplaçable par du tournesol-colza, huile de coprah, qui favorise la flore intestinale –, lécithine de soja pour le délayage de la poudre. Il peut aussi contenir du gluten de blé, qui réduit le coût sans dégrader les performances jusqu’à 9 % d’incorporation, et des additifs : huile essentielle d’origan, antibactérienne, huile de résine de conifères, qui stimule l’immunité, additifs améliorant l’appétence, la fluidité, l’absence de dépôts. Autre point essentiel : de l’eau à disposition, plutôt en bac à niveau constant monté sur crémaillère pour suivre la taille des chevrettes.

Une louve qui fonctionne bien

L’allaitement automatique soulage le travail de préparation du lait. « Le distributeur automatique de lait [DAL] doit être dans un endroit sec, propre, protégé du gel et à l’écart des animaux, sur un sol plan, précise Sébastien Planchenault, revendeur du DAL Eco Förster à Agye. Il faut prévoir des évacuations pour le lavage du DAL et près des stations de tétées et une arrivée d’eau à 2,5 à 6 bars. Un kit basse pression est possible. » Un point essentiel est d’avoir des tuyaux courts entre le bol mélangeur et les tétines, pour limiter l’effort de tétée et favoriser la bonne température de buvée. Le lait doit être à 39 °C à la tétine pour que la gouttière œsophagienne se ferme et, donc, à environ 45 °C dans le bol mélangeur. Il faut une tétine pour dix chevrettes. Et il est conseillé de calibrer fréquemment la louve. Le lavage du DAL et des tuyaux est également essentiel. « Nous préconisons un lavage par jour avec un produit alcalin et un lavage par semaine avec un produit acide. » Un DAL Eco avec lavage automatique devrait être proposé en 2025.

Bien ventiler pour limiter les problèmes respiratoires

<em class="placeholder">Ventilation dans un bâtiment chevrette</em>

Une nurserie bien ventilée est un point clé. « L’ambiance a un fort impact sur le système respiratoire, les maladies, la croissance, l’homogénéité des lots » insiste Jean-François Le Briquir, délégué commercial à Denkavit. La ventilation doit enlever la vapeur d’eau dégagée par les animaux. L’idéal est une humidité relative de 70-80 % et une température de 12 à 21 °C. Un des objectifs est d’enlever l’ammoniac. « Quand on le sent, il est déjà trop tard. » Autre objectif : limiter les pathogènes. « Les germes respiratoires sont omniprésents dans les bâtiments, notamment les pasteurelles, note Nicolas Ehrhardt, vétérinaire. La prévention passe par la gestion de la température et de l’humidité, l’absence de courants d’air et d’ammoniac, la séparation des classes d’âge, le soutien de l’immunité, la vaccination. »

En statique, la ventilation fonctionne par effet cheminée et effet vent. Des entrées et sorties d’air suffisantes, l’exposition aux vents dominants et la prise en compte d’obstacles (bâtiment, haie…) sont essentiels. La ventilation dynamique facilite la gestion des volumes d’air entrant et sortant et permet de s’affranchir de l’orientation du bâtiment, mais nécessite un bâtiment étanche. La capacité des extracteurs est à calculer selon le nombre d’animaux et le besoin maximum d’extraction. Attention aux obstacles devant les entrées d’air (néons, poutres…).

Avis d’éleveuse : Élisabeth Guillet, éleveuse dans la Loire-Atlantique

« Moins de 5 % de mortalité et un GMQ de 228 grammes »

<em class="placeholder">Élisabeth Guillet, éleveuse en Loire-Atlantique</em>

« En 2024, nous avons élevé 387 chevrettes saanens et 59 boucs pour le renouvellement et la vente. La nurserie est lavée et désinfectée, avant deux mois de vide sanitaire. Elle est isolée et chauffée par canon. La ventilation est statique, mais nous allons passer en dynamique. Les huit premiers jours, les chevreaux sont sur caillebotis. Puis ils passent de case en case, avec des multi-biberons, puis la louve et la séparation mâles/femelles. Le bouclage est fait à trois semaines pour limiter le stress. À la naissance, nous désinfectons le nombril et pesons chaque chevreau, ce qui permet ensuite de suivre la croissance par des pesées. Du colostrum pesé thermisé est distribué au biberon une à deux fois. Les chevrettes reçoivent ensuite du lait de mélange thermisé pendant quatre jours. Puis elles passent à la louve, à 220 g/l d’aliments d’allaitement jusqu’à un mois, puis 190 g/l, avec de l’eau et du concentré dès la fin de la deuxième semaine. Nous leur donnons aussi de l’huile essentielle d’origan, qui stimule l’appétit et coupe les diarrhées. Nous vaccinons les mères contre l’entérotoxémie et la colibacillose et faisons un anticoccidien au sevrage. La louve a des tuyaux très courts. Nous la calibrons tous les 2 ou 3 jours et la lavons chaque jour. En 2024, il y a eu moins de 5 % de mortalité et un GMQ moyen de 228 g, permettant un poids à 50 jours de 14,7 kg. »

Les plus lus

<em class="placeholder">Benoit et Remy Simiand au milieu des chevreaux
</em>
« Nous engraissons 20 000 à 25 000 chevreaux chaque année »
Dans la Drôme, Rémy et Benoît Simiand engraissent les chevreaux d’une centaine d’éleveurs. Les chevreaux partent à l’abattoir…
<em class="placeholder">Illustration IA sur les chèvres et les revenus</em>
Ces éleveurs de chèvres ont des projets pour améliorer leur revenu
Les éleveurs de chèvres cherchent à développer leur revenu en se perfectionnant ou en développant de nouvelles activités. Trois…
Une personne distribue du foin aux chèvres
En Centre-Val de Loire, une formation de deux mois pour devenir salarié en élevage laitier
La chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire propose une formation intensive de deux mois pour devenir salarié en élevage laitier,…
<em class="placeholder">Des chèvres utilisent des brosses pour leur bien-être.</em>
Que faire pour que vos chèvres aillent bien ?
Lors de rencontres dans le Rhône et l'Ardèche, cinq pistes d’action ont été proposées aux éleveurs caprins pour assurer la…
<em class="placeholder">seau contenant le petit matériel d&#039;élevage</em>
Astuce : « Un seau fourre-tout pour les mises bas des chèvres »
Lorine Manceau, éleveuse de 700 chèvres dans un Gaec des Deux-Sèvres, se déplace toujours avec un seau pour avoir tout le…
Chèvre avec gros genoux (Caev)
Mieux connaître le Caev pour assainir les troupeaux de chèvres
Le virus du Caev crée d’insidieux dégâts dans les troupeaux caprins, et environ 80 % des troupeaux français en seraient…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Chèvre
Consultez les revues Réussir Chèvre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Chèvre