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« On a beaucoup diversifié, j’ai besoin de revenir au métier d’éleveur ovin »

Maxime Taupin est en Gaec avec ses parents sur une exploitation multi-ateliers, entre troupe ovine, grandes cultures, vente directe. Le jeune éleveur prévoit de recentrer son activité.

Maxime Taupin
Maxime Taupin, 34 ans, élève 1 100 brebis en Gaec avec ses parents. Tout est vendu en direct et le Gaec compte de nombreux ateliers.
© B. Morel

« Nous sommes trop justes en main-d’œuvre malgré une organisation du travail optimisée. » À partir de ce constat, Maxime Taupin, en Gaec avec ses parents depuis 2017 (eux se sont installés en 1990), prévoit de se concentrer sur l’activité d’éleveur ovin dans les prochaines années. Il faut dire que le Gaec de la Bergerie, situé à Pel-et-Der, dans la Champagne humide de l’Aube, multiplie les ateliers de production.

 

 
Atelier de découpe
Toute la découpe de la viande et la transformation sont réalisées à la ferme dans ce laboratoire, par un des associés, aidé d'un boucher. © B. Morel

En plus des 1 100 brebis Romane, les associés élèvent 45 000 cailles de chair par an, 17 génisses à l’engraissement et 100 hectares de grandes cultures. Toute la viande est découpée, transformée à la ferme et vendue en direct, soit sur les marchés à Troyes et dans la Marne, soit dans la boucherie qu’ils possèdent dans la préfecture auboise. En tout, trois personnes sont salariées à la boucherie, tandis qu’à la ferme un salarié à plein temps et une apprentie travaillent aux côtés des trois éleveurs.

Pas vraiment de plus-value en vente directe

Avec le départ à la retraite de ses parents dans une paire d’années, Maxime commence à réfléchir à la suite. Pour lui, plus question de garder autant d’activités différentes, il souhaite se défaire de l’activité vente directe et de l’atelier cailles de chair. « Je veux vraiment me recentrer sur le métier d’éleveur et le faire bien. D’autant que quand on met tout en perspective, le temps de travail, les investissements, la rémunération, etc. la vente directe n’apporte pas tellement de plus-values sur l’agneau. »

 

 
Bergerie optimisée
La bergerie est optimisée pour qu'une seule personne puisse travailler efficacement. © B. Morel

Pour gagner du temps sur l’atelier ovin, le bâtiment est le plus fonctionnel possible, permettant à une personne seule de travailler efficacement. « Ma première expérience professionnelle, je l’ai vécue dans l’Oise où j’ai monté un atelier ovin pour un céréalier. J’ai pensé le projet de A à Z, j’avais vraiment réfléchi au bâtiment. Je l’ai reproduit à l’identique sur le Gaec en 2017 », rappelle le jeune éleveur de 34 ans.

Une bergerie spéciale agnelage

Avec une prolificité moyenne de 2,1 agneaux par brebis par agnelage, quatre périodes d’agnelage par an (mars, juin, septembre et décembre) et un rythme de quatre agnelages en trois ans, la bergerie doit pouvoir accueillir un grand nombre d’animaux. « Il y a 704 places aux cornadis, pour une surface de 2 500 m2 », précise Maxime Taupin.

 

 
Cases d'agnelage
Les périodes de mise bas s'enchaînent toute l'année, toutes les barrières de la bergerie sont modulables et les abreuvoirs sont disposés à intervalle régulier pour faire bénéficier toutes les cases d'agnelage. © B. Morel

Toutes les barrières sont modulables et pourvues d’un grand nombre de portes, afin de s’éviter des enjambements répétés. Des abreuvoirs sont répartis sur toute la longueur des aires paillées pour faciliter la mise en place des cases d’agnelage.

Enfin, « nous avons un couloir de contention fixe dans un bâtiment dédié. Pour l’instant il n’y a qu’un seul couloir mais à terme l’objectif est d’en avoir un pour chaque chantier tel que la pesée, le tri, le parage, etc. », souligne Maxime Taupin.

Autonomie fourragère et protéique

Côté alimentation du troupeau, l’autonomie fourragère et protéique est atteinte, les associés achètent seulement du complément azoté pour les brebis et les agneaux. Ces derniers reçoivent une ration composée de 25 % de maïs, 20 % d’orge, 50 % de complément azoté et 5 % de mélasse, sel et argile. Les agneaux sevrés reçoivent un aliment starter pour le démarrage. La ration des brebis est plus variable selon les disponibilités : ensilage de trèfle ou de prairie, enrubanné, pulpe de betterave surpressée et maïs, complétée de sels minéraux.

Le pâturage est conduit en tournant dynamique, avec un à trois jours maximums par cellule et entre cinq à six passages des brebis par parcelle. « Le travail de clôture du pâturage est titanesque mais petit à petit cela prend forme et me permet de mieux optimiser la ressource en herbe. » Maxime a également un projet d’agroforesterie sur les grandes cultures et les prairies et multiplie les essais de nature diverse pour produire le plus proprement possible avec le moins d’intrants.

Chiffres clé

Gaec à trois associés + 4 salariés (dont un pour la ferme) + 1 apprentie

155 ha de SAU, dont 55 ha de prairie permanente et 100 ha de culture de vente (luzerne semence, trèfle violet semence, méteil grain, colza, blé, orge, betterave sucrière, chanvre, maïs, tournesol) + 10 ha d’achat d’herbe sur pied

1 100 brebis Romane x charollais

17 génisses à l’engraissement

45 000 cailles de chair par an

Transformation à la ferme

1 boucherie à Troyes

3 marchés par mois

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