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L’acacia, l’arbre « à abattre » ?

Le robinier faux-acacia est au cœur de nombreux débats. Entre conservateurs de la nature, forestiers, apiculteurs et divergences de point de vue entre les États membres de l’UE, il est absent de la liste européenne d’espèces exotiques envahissantes mais il est dans de nombreuses listes régionales… Faisons le point !

Le robinier possède de nombreuses caractéristiques semblables aux espèces exotiques envahissantes. En effet, il a une large amplitude écologique, une croissance rapide, une stratégie de multiplication végétative dynamique ainsi que peu de prédateurs ou pathogènes. Cependant, au niveau réglementaire, le robinier n’est pas considéré comme une espèce exotique envahissante. Ce fait s’explique par un manque d’informations quant au réel impact de cette espèce sur l’environnement et la biodiversité locale. En effet, les études scientifiques montrent parfois des résultats contradictoires aussi bien en ce qui concerne l’homogénéisation de certaines formations forestières ou la richesse et/ou l’abondance des espèces de sous-bois comparées entre peuplements de robiniers et peuplements forestiers indigènes.

Un fort intérêt économique

Le robinier est, avec le teck, l’une des rares essences catégorisée en bois de classe 4 (bois imputrescible) en étant à l’état brut et sans aucun traitement chimique. C’est d’ailleurs le seul bois européen classifié ainsi ce qui en fait un concurrent direct des bois exotiques : un sérieux atout dans un contexte de changement climatique. Il a donc un fort intérêt économique dans divers domaines comme l’apiculture et la sylviculture, faisant de lui une essence très importante pour certains pays européens. Il est également utilisé pour le contrôle de l’érosion des sols, l’amélioration et la récupération de sites perturbés. Il a aussi un intérêt en arboriculture ornementale, et ses feuilles peuvent servir de fourrages pour les animaux.

Seulement 1 % de la surface forestière française

Il faut également tenir compte qu’en quatre siècles, et en dépit de plantations massives dans beaucoup de milieux, le robinier n’occupe à l’heure actuelle que 1 % de la surface forestière française. D’ailleurs, les peuplements de robinier actuels, sont majoritairement issus d’anciennes plantations vieilles de plusieurs décennies, et non pas d’une propagation involontaire comme on pourrait parfois le croire. Au même titre, il faut savoir qu’un peuplement mixte n’est pas forcément un peuplement envahi par le robinier. En effet, il peut aussi s’agir d’un ancien boisement de robinier dans lequel les espèces indigènes se sont réinstallées.

Compte tenu de la forte sensibilité du robinier au manque de lumière ou encore de son incapacité à lutter contre la concurrence d’autres espèces lorsque le milieu ne lui est pas favorable, le chêne ou d’autres essences locales peuvent se réintroduire petit à petit dans le milieu jusqu’à reprendre parfois le dessus après plusieurs décennies.

Existe-t-il une solution intermédiaire pour la gestion du robinier ?

Des chercheurs suggèrent de mener une gestion autorisant la plantation du robinier dans des zones où il ne serait pas une menace mais interdisant cette plantation dans les zones sensibles. D’après le centre de ressources des espèces exotiques envahissantes, cette approche permettrait de définir « où et quand » éliminer le robinier ou au contraire, planter et valoriser le robinier, ses fleurs et son bois. Cela limiterait les actions de gestion coûteuses, difficiles, et parfois contreproductives et inutiles tout en préservant à la fois l’environnement et les activités économiques liées à cette espèce.

Définition

Les espèces exotiques envahissantes sont des espèces introduites par l’homme, volontairement ou involontairement, sur un territoire hors de leur aire de répartition naturelle. Pour être considérées ainsi, ces espèces doivent pouvoir se reproduire et se développer sur ce territoire et avoir des impacts négatifs sur les écosystèmes, les habitats naturels ou les espèces locales.

Précautions à prendre pour limiter la propagation du robinier

Un article publié en 2019 dans la revue Sylva Belgica, donne des indications quant aux règles à respecter pour éviter la propagation du robinier dans des zones non désirées.

- Laisser une distance de 250 mètres entre la plantation de robinier et un milieu ouvert à haute valeur biologique comme les landes, les pelouses sèches et les affleurements rocheux. Idéalement, les plantations doivent être effectuées en cœur de massif et mélangées avec d’autres essences. Par mesure de précaution il est souhaitable de limiter les peuplements purs à de petites surfaces de +/- 0,5 hectare.

- Éviter des mises en lumière brutales, et donc les mises à blanc sur de grandes surfaces, ainsi que le travail du sol dans son voisinage.

- La gestion sylvicole la plus adaptée en périphérie d’un peuplement de robinier est la futaie irrégulière et mélangée qui assure un couvert continu apte à contenir sa dynamique de développement.

- En cas de sylviculture classique avec coupe rase dans les peuplements voisins, il est nécessaire de garder une sécurité constituée d’une bande boisée de 20 m.

 

 
Les facteurs de risques et les facteurs modérateurs dans la propagation du robinier faux-acacia
Les facteurs de risques et les facteurs modérateurs dans la propagation du robinier faux-acacia © ADAPIC

Côté biblio

Cano, 2013, Le Robinier en Picardie, essence d’avenir ou peste végétale ?

Jourez, 1998, Le robinier ou faux-acacia

Vitkova & Krumm, 2016, De la plante introduite à la plante envahissante

Dutarte 2017, Centre de ressources des espèces exotiques envahissantes

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