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Comment peut-on désinfecter outils et matériaux en apiculture ?

Parmi les nombreux outils à notre disposition pour gérer la biosécurité au rucher, il existe la désinfection. Elle consiste à détruire les micro-organismes – en général pathogènes – pour limiter la contamination.

L’abeille, du fait de sa grande liberté, est, plus que d’autres animaux d’élevage, exposée aux agents pathogènes. Il est donc important d’appliquer un minimum de règles de biosécurité au rucher. On cherchera avant tout à empêcher l’agent pathogène de pénétrer sur l’emplacement. S’il est malheureusement arrivé, on évitera qu’il ne se multiplie et, enfin, s’il s’est multiplié, on évitera de le propager ailleurs.

Le choix de la méthode de désinfection dépend d’abord du support à désinfecter. Ce n’est pas facile car le matériel apicole est souvent en bois, les gants sont en peau, etc. Or, un désinfectant n’est en général pas efficace si on l’applique sur de la matière organique. Les désinfectants habituellement employés en élevage ne seront donc pas utilisables.  

Désinfecter un matériel en métal (lève-cadre, certains grillages…)

La chaleur est une bonne méthode. Après avoir gratté les salissures pour enlever le maximum de matière organique, on peut passer la flamme sur le matériel pendant trente secondes minimum. Le matériel sans contact avec les abeilles ou avec des produits de la ruche peut être assaini avec un désinfectant du commerce homologué pour l’utilisation en élevage. Mais attention à la corrosion. Le choix du désinfectant sera fait en fonction de sa cible (bactéricide, virucide, fongicide) et de son homologation pour l’usage souhaité (un numéro est alors apposé sur le récipient qui le contient). Désinfecter l’enfumoir est inutile. La chaleur s’en charge à chaque utilisation.

Désinfecter un matériel en bois (hausses, corps de ruche, cadres…)

On grattera d’abord la cire et la propolis pour enlever le maximum de matière organique (aucun désinfectant chimique n’est actif en sa présence). On peut ensuite passer la flamme d’un chalumeau en insistant pour faire fondre les cires restantes pendant trois minutes en alternant passages et refroidissements du bois pour ne pas l’enflammer. Cette désinfection n’est pas parfaite. Il reste toujours des endroits non atteints. 

Pour enlever complètement la matière organique d'un matériel en bois, on peut le plonger (le lester car il flotte) pendant quinze minutes dans une solution dite de « cristaux de soude » (carbonate de sodium Na2CO3) portée à ébullition (500 g de cristaux pour 100 litres d'eau).

On peut affiner la technique en trempant le matériel en bois dans un bain de « phosphate de sodium » (phosphate trisodique Na3PO4) à 6 % ou dans un bain contenant un détergent enzymatique. Cette opération, qui élimine la matière organique, sera suivie d’un nettoyage au jet d’eau à haute pression.

Mais c’est le trempage dans la cire d’imprégnation microcristalline (paraffine à haut point de fusion) qui reste la technique la plus efficace. Pour cela on prépare un bac de trempage, sorte de friteuse géante, où de la cire microcristalline est fondue et maintenue à 150 °C. Attention, l’eau et l’huile bouillante sont incompatibles. Il faut impérativement fondre la cire au bain-marie sous peine de la voir prendre feu. On y plonge (muni de gants et de protections), dans un bac grillagé, le petit matériel (les plus gros éléments y seront déposés directement). On laisse agir dix minutes. L’humidité du bois s’évapore et est remplacée par de la cire.

Attention, les vapeurs de cire sont toxiques et l’opération doit être effectuée à l’extérieur ou dans un local bien aéré.

Ce traitement est le meilleur qui puisse se faire en apiculture. Il élimine tout agent pathogène, y compris les très résistantes spores de loque américaine.

Désinfecter un matériel en peau (gants…)

On emploiera un gel hydroalcoolique utilisé pour se désinfecter les mains. Il faut veiller à passer le gel sur toute la surface. Mais la désinfection est rarement complète. Le mieux, quand on ne veut pas transmettre d’agent pathogène via les gants, est de les recouvrir de gants jetables à usage unique que l’on change d’un rucher à l’autre. Mais cela crée beaucoup de déchets.

Désinfecter un matériel en plastique (planchers, nourrisseurs, corps…)

On enlèvera toute trace de matière organique, on peut à cet effet utiliser un détergent puis on plongera le plastique dans une solution d’eau de Javel à 9° chlorométrique (2,6 % de chlore actif). Le chlore détruit les spores mais il faut un temps de contact de dix minutes minimum. Attention, l’eau de Javel se conserve mal.

Désinfecter un matériel en tissu (vareuse, blouse, cote, pantalon…)

On le passera à la machine à laver en choisissant l’option la plus chaude (90°C si la qualité du tissu le permet). Si le programme ne le permet pas, on fera bouillir les tissus dans un récipient contenant de l’eau chauffée à 90°C puis on les passera ensuite à la machine à laver à plus faible température. Certains tissus peuvent être trempés dans l’eau de Javel après avoir été nettoyés pour enlever toute trace de matière organique. Mais ces techniques sont un peu anciennes. Aujourd’hui on peut employer des désinfectants destinés au linge que l’on met directement dans la machine à laver.

Et enfin, se désinfecter les mains

Il y a rarement de l’eau courante au rucher. On utilisera alors un gel hydroalcoolique. Attention, un rapide passage n’est pas suffisant. Il faut respecter les doses indiquées sur l’emballage et se frotter les mains assez longuement en respectant un ordre précis. On se lavera les mains après chaque geste sale et avant un geste propre. La transmission des agents pathogènes par les mains est la principale cause d'infection de nombreux animaux d’élevage. La main est en effet un site privilégié pour les micro-organismes. Il existe deux sortes de flore sur les mains : la flore résidente qui est le propre de chaque individu. Elle est stable et n’est pas pathogène. Elle ne peut pas être éliminée complétement. Elle va se reconstituer rapidement quand on cherche à l'éliminer, en une heure environ.

Il existe aussi la flore transitoire ou flore superficielle. Cette flore est composée de micro-organismes contractés par contact d’animaux ou d’objets contaminés, voire par l'air ambiant. C’est le cas des spores de loque américaine. Cette flore s'implante difficilement sur la peau, en revanche, elle s'élimine facilement au lavage.

Parole d’apiculteur
« Nous avons décidé de désinfecter nos corps de ruche régulièrement l’hiver en les trempant dans la cire microcristalline. On lutte mieux contre les contaminations et notre matériel voit sa durée de vie prolonger, la cire protégeant très bien le bois en profondeur. »

Parole de vétérinaire
« Il est important quand on effectue des opérations de nettoyage et de désinfection de prendre toutes les précautions pour se protéger. Il existe des équipements de protection individuelle pour chaque usage.»

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