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Antibiotiques : comment Dr Toudou et des éleveurs répondent à Hugo Clément sur Twitter

A la suite de l’émission Sur le Front d’Hugo Clément sur l’usage des antibiotiques dans un élevage de lapin, plusieurs voix se sont élevées sur Twitter pour contester les propos tenus par le journaliste et militant.

Hugo Clément le 16 novembre sur France Inter.
Hugo Clément le 16 novembre sur France Inter.
© Capture d'écran vidéo France Inter

« Les lapins sont très très fragiles. Ils chopent toutes sortes d'espèces de petits microbes. Ce sont des animaux qui ont été sélectionnés pour avoir des croissances hyper rapides, pour résister à ça, il faut mettre des antibiotiques. » Ainsi un éleveur, accompagné de Brigitte Gothière cofondatrice de L214, se confie anonymement dans l’émission Sur le Front d’Hugo Clément diffusée le 14 novembre à 21 heures sur France 5. Autre passage phare du documentaire relayé sur les réseaux sociaux : quand on lui demande s’il mange ses lapins, l’éleveur au visage flouté répond « non, non, non, comme je mets de l'antibiotique, il est hors de question que je mange ces bêtes […] Les consommateurs les mangent, parce qu'ils ne savent pas. C'est bien pour ça qu'on nous demande de fermer les portes à clefs pour que personne ne rentre dans les élevages ».


Critique généralisée à l'élevage intensif

Cette émission intitulée « Médicaments : la bombe à retardement », le journaliste et militant pour le bien-être animal Hugo Clément en fait la promotion le mercredi 16 novembre dans sa chronique hebdomadaire sur France inter. Et il n’hésite pas à généraliser le cas de cet éleveur : « 99% des lapins sont élevés en cage dans des situations similaires », assure-t-il sur les ondes et d’affirmer que l’éleveur a utilisé devant lui des antibiotiques en préventif. Le responsable derrière tout ça selon lui : le système de l’élevage intensif qui ne profiterait pas « aux éleveurs précaires croulants sous les dettes ».

« Non on ne met pas d'antibio en préventif », rappelle Dr Toudou

L’épisode de Sur le Front et les propos d’Hugo Clément n’ont pas manqué de déclencher de vives critiques du côté des éleveurs mais aussi des vétérinaires, le Dr Toudou en tête. Tudual Le Bras, jeune vétérinaire rural spécialisé dans les bovins, membre de la communauté FranceAgritwittos, est très actif sur Twitter. Cette semaine, c’est le premier à avoir dégainé un Thread pédagogique sur le réseau social en réponse à l’émission.

A l’affirmation de l’éleveur de lapin anonyme « je mets des antibios en préventif », le vétérinaire commente par exemple « non, on ne met pas d’antibio en préventif, jamais, en fait c’est tout simplement illégal ». Il explique ensuite qu’il « est parfois nécessaire de traiter tout un lot d’animaux lorsqu’une infection débarque » mais que cette situation n’est pas du préventif mais « de la métaphylaxie ».

Une consommation d'antibiotique en forte baisse depuis 20 ans

Yves Roullier, éleveur de lapin dans la Drôme, va lui aussi tenter de démonter les affirmations contenues dans le documentaire et en rebondissant sur le thread du vétérinaire recontextualiser l’utilisation des antibiotiques dans l’élevage de lapin. « En lapins la consommation d’antibiotique a baissé de 55% en 20 ans et j’ai vu comment la filière a œuvré à chacun de ses niveaux pour arriver à ce résultat », écrit-il, avant de raconter les efforts engagés par la filière et auxquels il a participé.

L’éleveur finit en renvoyant vers le Thread de la journaliste du Point Géraldine Woessner qui estime que le passage de l’émission Sur le Front d’Hugo Clément est "une valse de Fake news".


Peut-on consommer des produits animaux contenant des antibiotiques ?

Tout comme le chargé de mission de l’Institut de l’élevage Benoît Rouillé, elle rappelle à France Inter et à ses auditeurs à l’issue de la chronique d’Hugo Clément que personne en France ne consomme de produits animaux contenant des antibiotiques car c’est interdit par la loi. « Les éleveurs gèrent des délais d’attente quand ils en utilisent pour soigner leurs animaux », explique l’expert de l’Idele.

Parce qu’Hugo Clément critique l’élevage en général, l’éleveur de porc Adrien Montefusco, alias Luna de Kereonnec, réagit également sur twitter affirmant que « s’il est vrai que certaines conditions d’élevage peuvent augmenter le risque de maladie, notamment en élevage hors sol ou dits intensif », « faire le lien direct élevage intensif = bourré d’antibiotiques est pour le moins réducteur, tendancieux et plutôt fallacieux ».

Faire le lien direct élevage intensif=bourré d'antibiotiques est plutôt fallacieux

Et l’éleveur de rappeler de manière très pédagogique les efforts de l’ensemble des filières réalisés depuis 15-20 ans avec la sensibilisation des vétérinaires et éleveurs aux risques d’antibiorésistance et à la montée de la biosécurité dans les élevages et à la protection face aux sources externes de contamination.

Des réactions très argumentées que la publication de deux rapports de l’Anses cette semaine vient conforter montrant la baisse de l’exposition des animaux d’élevage aux antibiotiques et le recul du taux de bactéries résistantes pour la plupart des antibiotiques à l’exception de l’amoxicilline et de l’amoxicilline-acide clavulanique.

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