Vétérinaires, éleveurs : qui vaccinera contre la FCO ?
Éleveurs et vétérinaires revendiquent chacun la responsabilité de la vaccination contre la FCO.
Éleveurs et vétérinaires revendiquent chacun la responsabilité de la vaccination contre la FCO.
Sur fond de crise sanitaire et économique, le débat fait rage entre représentants des éleveurs et des vétérinaires sur la pratique de la vaccination contre la fièvre catarrhale. Si les GDS (voir notre précédent numéro) et les organisations syndicales (FNSEA, JA) militent pour que les éleveurs puissent réaliser eux-mêmes cet acte vaccinal, mettant en avant des arguments de réduction de coût mais aussi une rapidité d’exécution pour cette solution, la vision des vétérinaires est tout autre.
Des vétérinaires confortés qui s’organisent
Président du Syndicat cantalien des vétérinaires, Éric Février tient au préalable à indiquer qu’un nouveau texte réglementaire français, qui remet à plat l’ensemble des réglementations préexistantes en matière de lutte contre la fièvre catarrhale, vient de confirmer début avril la responsabilité conférée à sa profession pour ce vaccin. “Le vaccin contre le sérotype 8 de la FCO est en autorisation temporaire d’utilisation. Contrairement à la prophylaxie contre la maladie d’Aujeszky, sa réalisation ne peut donc en être déléguée aux éleveurs”, avance le vétérinaire. Revenant sur l’exemple de cette même maladie, qui atteint les cheptels porcins, il estime d’ailleurs que les pouvoirs publics ont fait fausse route en délégant la vaccination aux producteurs de porcs : “La vaccination a pu être optimisée lorsque les vétérinaires en ont eu ensuite l’entière responsabilité”.
Les éleveurs restent sceptiques
Éric Février bât en brèche un autre argument des organisations d’éleveurs : “Dire que les vétérinaires ne parviendront pas à vacciner dans des délais courts est faux !”. Et le président du syndicat d’expliquer que, depuis l’automne 2007, la profession s’est organisée pour faire face à la nécessité d’une vaccination de masse : recrutement d’assistants qui mis à disposition dans les départements au fur et à mesure de l’arrivée des vaccins, examens des écoles vétérinaires avancés pour permettre une sortie plus précoce des élèves diplômés et accroître ainsi le potentiel de professionnels qualifiés... Autant d’éléments qui pour lui sont censés donner des garanties aux éleveurs. Peine perdue visiblement puisqu’à l’occasion de l’assemblée générale des JA vendredi soir, de nombreuses voix de jeunes éleveurs et de responsables se sont élevées pour dénoncer ce que Michel Combes, président du GDS, a qualifié de “deal” entre la DGAL et les vétérinaires. “Les 110 millions d’euros de coût de la vaccination seraient mieux dans la poche des éleveurs que dans celles des vétérinaires”, a plaidé de son côté Patrick Bénézit, au nom de la Fédération nationale bovine (FNB). Comme lui, Michel Combes, également responsable de la fédération nationale des GDS, a prévenu : “quand les doses arriveront, nous ne laisserons que huit jours aux vétérinaires pour vacciner...”.