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«Union sacrée pour l’agneau Pascal»

Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale Ovine, évoque les inquiétudes des éleveurs ovins en cette saison capitale de Pâques.

La demande est presque atone et le marché totalement désorienté.
La demande est presque atone et le marché totalement désorienté.
© S.C.

Période cruciale pour la consommation de viande d’agneau, Pâques risque d’être ruinée par le confinement lié au coronavirus. Alors pour inciter les citoyens à consommer de l’agneau français, l’interprofession ovine en partenariat avec la filière bétail et viandes Interbev lance une grande campagne de communication pour tenter de soutenir la demande. Elle se déroulera du 2 au 12 avril sur les principales chaînes de radio et les réseaux sociaux.


Quelles sont les inquiétudes des producteurs ovins français dans ce contexte de pandémie ?
Pâques est une période capitale pour les éleveurs ovins ; c’est une saison particulièrement œcuménique pendant laquelle les quatre grandes religions célèbrent leurs rites autour de l’agneau. La demande en produits est donc importante et vient généralement doper le marché. Mais avec l’épidémie qui sévit en ce moment, le confinement et l’arrêt total de la restauration hors foyer, la demande est presque atone et le marché totalement désorienté. À l’heure où nous parlons (le 30 mars ndlr), plus de 350 000 agneaux sont bloqués dans les fermes.
Une situation extrêmement compliquée pour les éleveurs contraints de continuer à nourrir leurs animaux, lesquels avec davantage de gras ne correspondront plus à aucun marché. Et cette situation est d’autant plus difficile que plus de 1180 tonnes d’agneaux de Nouvelle Zélande sont déjà entreposées dans les frigos de la grande distribution ; une concurrence qui habituellement est absorbée par les marchés mais qui aujourd’hui freine totalement l’écoulement de l’agneau français. Face à cette situation inédite et lourde de conséquences pour les éleveurs, nous avons décidé avec l’ensemble de l’interprofession viandes de lancer une campagne de communication auprès des consommateurs et de la grande distribution. L’objectif de cette opération est de vider les frigos.
Quels sont vos messages dans cette campagne ?
Nous appelons à un acte patriotique des consommateurs. Le week-end de Pâques, les 12 et 13 avril prochains, doit rester l’occasion d’un repas festif en famille -certes réduite- mais autour de l’agneau Pascal. Consommer de l’agneau français c’est soutenir les éleveurs qui par leurs activités façonnent les paysages, entretiennent des espaces partagés, maintiennent la biodiversité mais aussi la vie économique et sociale du monde rural. Ce sont là je crois des valeurs auxquelles nos concitoyens sont de plus en plus attachés, particulièrement en cette période de pandémie.
À travers cette campagne de communication, nous appelons aussi les distributeurs à mettre prioritairement en avant la viande d’agneau français dans leurs rayons et non celle de Nouvelle-Zélande, pour booster la consommation. Les enseignes doivent faire preuve d’une plus grande solidarité envers les producteurs ovins. Éleveurs, distributeurs, consommateurs nous devons jouer l’union sacrée afin d’éviter que les ventes et les tarifs ne s’effondrent sur les principaux marchés de production.

Ils ont dit …

APIV Auvergne : Tous les agneaux trouvent un débouché
«Le marché au cadran de Saugues est l’un des rares marchés aux ovins à être encore ouverts en France !» indique Christian Pantel, technicien de l’APIV Auvergne. Ces dernières semaines, ce sont environ 500 agneaux/semaine qui sont apportés par les éleveurs sur le marché au cadran et la totalité des effectifs trouve à chaque fois preneur.
Si les éleveurs adhérents à l’APIV Auvergne ne rencontrent pour l’instant aucun problème pour écouler leurs agneaux, ils se confrontent à une baisse des prix, de l’ordre de - 30%. «Sur le marché, on note une perte comprise entre -70 centimes et - 1 euro par kg vif» indique le technicien. Une baisse de prix que le président de l’APIV Auvergne, Clément Lebrat, explique par une chute de la demande de la part des consommateurs qui, en cette période de confinement, ont mis la priorité sur d’autres produits (pâtes...).
En filière Label Rouge, mars-avril est une grosse période pour les agneaux avec des effectifs compris entre 800 et 1 000 agneaux par semaine. Quant aux agneaux qui ne peuvent entrer dans la démarche Label Rouge (entre 20 et 25% des effectifs), les Ets Greffeuille Aveyron viennent de leur trouver un débouché intéressant via un opérateur qui accepte de jouer le jeu de l’agneau français. Cette opportunité permet aux Ets Greffeuille de ramasser la totalité des agneaux pour la filière Label Rouge.
En terme de prix, les agneaux Laiton Label Rouge connaissent une légère baisse de prix (autour de -10%) ; la baisse de prix est plus accusée pour les agneaux hors Label Rouge (-30%).

Propos recueillis par Véronique Gruber

Thierry Orcière, président de Copagno :
«La situation est très compliquée. Nous avions organisé nos filières pour répondre à une demande forte d’agneaux en cette période. Or aujourd’hui les marchés sont quasi à l’arrêt y compris pour les produits sous signes officiels de qualité qui constituent habituellement une plus-value pour les éleveurs. Nous n’avons aujourd’hui aucune visibilité. Depuis le 23 mars nous reportons chaque semaine 50% de la collecte d’agneaux auprès de nos adhérents ; nous les collectons une semaine sur deux seulement.  La préoccupation majeure de la coopérative est de collecter des agneaux qui puissent être abattus dans la foulée afin d’éviter le déclassement et donc la dépréciation des produits. En l’absence de lisibilité sur les prix et sur l’évolution des marchés il est difficile de rassurer nos adhérents mais nous comptons sur les actions qui vont être mises en place au plan national pour accompagner les éleveurs ovins, notamment sur la campagne de communication visant à booster la consommation d’agneaux français en cette période de Pâques. Malgré tout, Copagno et ses salariés restent à l’écoute des éleveurs».

Propos recueillis par C.Rolle

Sauver Pâques
Du 2 au 12 avril, l’interprofession bétail et viandes Interbev communiquera sur les radios et les réseaux sociaux. Le but ?
«Rappeler la tradition de l’agneau de Pâques» et «donner aux consommateurs des recettes adaptées aux morceaux» proposés. Habituellement, à Pâques, ces viandes sont consommées lors de réunions de famille - et donc en morceaux de grande taille (gigots, épaules). Un mode de consommation rendu impossible par le confinement. «La filière ovine française a besoin que la profession fasse évoluer l’offre pour proposer des unités de besoin qui correspondent à des familles plus petites», précise Interbev.
D’après Culture viande, la période de Pâques représente un peu moins de 40 % des abattages des agneaux.

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