Une situation inédite passant d’un extrême thermique à l’autre
À l’échelle nationale, le constat d’anomalie thermique établi à l’automne (+2,6°C du 1er octobre au 24 novembre) est toujours d’actualité en décembre avec des températures qui ont dépassé les valeurs saisonnières de 0,7°C.
Les températures rencontrées ont été peu propices à la vernalisation. Pour les espèces d’hiver nécessitant une vernalisation ou freinés par la durée du jour, le cumul thermique actuel n’impacte pas la phénologie de l’année. À l’inverse, les espèces alternatives ou de printemps (blé dur, orge de printemps, mais aussi et surtout les Cipan et Cive) ont été fortement accélérées par la chaleur de ces derniers mois. La manifestation la plus visible peut être l’épiaison d’espèces précoces implantées cet été pour couvrir les sols.
Focus sur le climat du mois de décembre
Le mois de décembre a été contrasté avec des températures déficitaires de 2°C par rapport à la normale sur les deux premières décades et un redoux sur la troisième décade où les températures se sont envolées, avec un excédent thermique de plus de 5°C, ce qui en fait la décade de décembre la plus chaude jamais enregistrée, devant 2015 et 2012. Noël 2022 se situe à la deuxième place des noëls les plus doux depuis 1947, après celui de 1997.
Les céréales n’ont pas suffisamment expérimenté de longues périodes de températures fraîches, voire froides, nécessaires à l’endurcissement vis-à-vis du gel. Le scénario à craindre serait donc une chute brutale et significative des températures et l’apparition rapide de gelées fortes.
Du côté des précipitations, on observe un léger déficit à l’échelle nationale de l’ordre de 10 %. Les pluies ont été plus marquées en deuxième et troisième décades. Dans nos régions, le couloir Rhodanien a bénéficié de pluies abondantes avec en moyenne 36 mm de plus que la normale des vingt dernières années. En revanche, l’Auvergne est légèrement déficitaire avec en moyenne 13 mm de moins que la normale, le constat est plus marqué pour la Bourgogne-Franche-Comté avec en moyenne 50 mm de moins que la normale.
Ces situations extrêmes renvoient aux enjeux du changement climatique avec une variabilité interannuelle accrue.