Une agriculture « gardiennée la nuit »
Une mission d’information parlementaire alerte sur l’insécurité grandissante à laquelle font face les agriculteurs mahorais. Selon les rapporteurs, les installations agricoles de l’île sont désormais « gardiennées la nuit » pour éviter les vols de récolte.
Dans un rapport d’information paru le 4 juillet sur l’autonomie alimentaire des outre-mer, les députés Marc Le Fur (LR) et Estelle Youssouffa (UDI) font état du niveau d’insécurité grandissant que rencontrent les agriculteurs de Mayotte, dont désormais « toutes les installations sont gardiennées la nuit et doivent être protégées » pour se prémunir des vols, notamment de fruits. Lors de leurs visites, les députés ont rencontré des jeunes agriculteurs qui « ont tous mis en exergue le poids que fait peser l’immigration incontrôlée sur leurs cultures, régulièrement pillées à la veille des récoltes, ainsi que sur leurs vies, menacées en permanence par des clandestins ».
Selon le rapport, « tous les agriculteurs rencontrés ont des histoires de vol – avec ou sans violence – à raconter, la plupart ayant admis qu’une partie de leur travail avait vocation à leur échapper ». Mais « les agriculteurs portent rarement plainte, la démarche n’aboutissant jamais et étant considérée comme une perte de temps ». Pour y remédier, les deux députés proposent d’autoriser la construction de logements sur l’exploitation « pour protéger les récoltes contre le vol », et ce « même si le terrain ne dispose pas d’eau courante et des commodités habituelles requises ».
Une agriculture clandestine
Les rapporteurs dénoncent, en parallèle, le développement d’une production agricole « clandestine », réalisée par des « immigrés », qui utilise « beaucoup d’herbicides et de pesticides interdits et entrés illégalement sur le territoire ». Selon le rapport, « la plupart des fruits et légumes issus de cette agriculture [sont] impropres à la consommation » et leur commercialisation « favorise l’émergence de maladies cutanées, de cancers, voire d’infertilité ». La préfecture « argue d’effectifs trop réduits pour pouvoir intervenir efficacement ».
Outre-mer : les propositions des députés pour « l’autonomie alimentaire »
Dans un rapport d’information présenté le 4 juillet aux députés de la délégation aux outre-mer, les rapporteurs, le député LR Marc Le Fur (Côtes-d’Armor) et la députée UDI Estelle Youssouffa (Mayotte), ont soumis plusieurs propositions pour « l’autonomie alimentaire » des outre-mer, dont une partie spécifique à Mayotte. Les mesures générales visent à mettre en avant les produits locaux (via la restauration collective, la création de labels), préserver le foncier (limitation des friches et de l’urbanisation), et promouvoir la recherche d’alternatives aux produits phytosanitaires, notamment en créant une direction des outre-mer au sein de l’Anses. Ils demandent aussi qu’une attention leur soit portée dans le cadre des négociations d’accord de libre-échange. Dans le cas de La Réunion, les auteurs préconisent enfin de créer un « fonds de garantie bancaire » qui dédommagerait « les établissements bancaires en cas de défaillance de leur client agriculteur ».