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Fédération nationale bovine
Un projet économique pour l’avenir de l’élevage allaitant

Les pouvoirs publics appellent à la contractualisation dans les filières. La FNB y est prête mais juge indispensable de s’inscrire dans une démarche spécifique.

Les pouvoirs publics appellent à la contractualisation dans les filières. La Fédération nationale bovine (FNB) y est prête mais juge indispensable de s’inscrire dans une démarche spécifique : il faut un cadre collectif national ; elle doit se fonder sur les coûts de production réels qui rémunèrent le producteur ; le schéma doit participer à stabiliser le marché ; les pouvoirs publics doivent conforter ce schéma par un appui financier.

 

La FNB a donc proposé à son congrès d’Angers les 3 et 4 févier dernier, un dispositif de contractualisation rénovée, « avec sécurisation de marge », fondé sur ces principes. Le projet vise dans un premier temps à engager au moins 30 % de la production des animaux d’engraissement (JB, génisses, bœufs). Il doit favoriser le soutien des prix de l’ensemble des bovins finis, mais également être bénéfique pour le marché du maigre, en « tirant vers le haut » la valorisation.

 

Patrick Bénézit, responsable FNB du Berceau des races à viande, et Jean-Paul Thénot voulaient que cette idée de sécurisation des marges soit débattue avec les sections bovines du bassin allaitant herbager. Leur projet a finalement donné naissance à une tournée générale des administrateurs de la FNB qui participeront à six réunion inter-régionales. A la première réunion d’Aubière, le 24 février dernier, participaient les sections bovines des FDSEA d’Auvergne, du Limousin et du Centre.

 

Des perspectives de déficit en viande bovine inquiétantes pour la filière

Pierre Chevalier, président de la FNB présente le contexte économique général. « Il manque 110 000 t de viande en France ». La production européenne de viande bovine est issue d’un troupeau constitué de deux tiers de vaches laitières. Elle augmentera difficilement en raison de la hausse des rendements laitiers. Et pourtant, la demande mondiale va augmenter fortement, soutenue par les pays à forte croissante qui consomment de plus en plus de viande bovine. Quant à l’Amérique du sud, elle a reconverti en cultures de vente des grandes superficies de prairies naturelles. La production de viande bovine pour l’export se développe à partir d’élevages bovins hors-sol de taille gigantesque. Elle se tourne naturellement vers les marchés des pays asiatiques, moins exigeants et plus faciles d’accès. « L’Amérique du sud ne produira pas la viande dont l’Europe a besoin ! », martèle le président Chevalier. Cette situation inquiète à tel point la filière, que plusieurs gros opérateurs sont très attentifs aux propositions de la FNB pour sécuriser les marges et les revenus des éleveurs et sécuriser ainsi l’approvisionnement des outils industriels sur le long terme.

 

Un système collectif, volontaire et progressif pour sécuriser les marges

La proposition de la FNB repose sur des calculs de coûts de revient qui intègrent l’ensemble des charges, y compris les bâtiments et la rémunération du travail. Les éleveurs et les acheteurs s’engagent à rester dans une fourchette de plus ou moins 0,10 euros par kilos même lorsque le prix de marché est supérieur ou inférieur au prix de base, dans une limite de plus ou moins 0,40 euros/kg. Lorsque les prix descendent en dessous de 0,40 euros/kg une caisse de sécurisation intervient pour faire remonter les prix. Cette caisse serait alimentée par les éleveurs et la FNB demande que l’Etat s’implique dans son financement. Ce système contractuel et assurantiel serait géré au niveau national par l’interprofession et serait librement choisit par les agriculteurs. « Si on arrive à faire rentrer 30 % des volumes, le système donnerait des orientations de prix pour l’ensemble du marché », estime Guy Hermouet, vice-président de la FNB. Ce système de sécurisation des marges se mettrait en place pour les animaux de boucherie et au niveau de la filière d’engraissement française.

 

Sécuriser les marges des engraisseurs pour stabiliser le marché du maigre

« On a tout intérêt à faire augmenter le prix du JB en France », assure Patrick Bénézit, répondant aux nombreuses questions des éleveurs spécialisés en système naisseur, notamment dans le Puy-de-Dôme. « N’oublions pas que 80 % des engraisseurs sont aussi des naisseurs » rappelle Guy Hermouet. Avec des perspectives de marges à l’engraissement sécurisées, ces éleveurs mettraient moins de broutards sur le marché, au profit des zones spécialisées dans le maigre. Intéressant quant on sait que les contraintes environnementales pourraient limiter la demande italienne en broutard. Le débat est encore ouvert pour savoir si ce système de sécurisation des marges est adapté à la filière des animaux maigres comme il l’est à celle du JB français.

 

Prix à la consommation et prix payé aux éleveurs : le grand écart !

Le système de sécurisation des marges permet d’aller vers les « prix rémunérateurs » malgré les difficultés pour avancer dans le combat syndical pour le partage de la valeur ajoutée avec la grande distribution. A l’issue du blocage des GMS, notamment à Moulins le printemps dernier, l’observatoire des marges de la viande bovine est à l’étude depuis le début de l’année. Il permettra d’y voir plus clair et surtout de faire sanctionner les dérives. Mais pour partager efficacement la valeur ajoutée avec les distributeurs, les responsables syndicaux insistent sur la nécessité de s’organiser. « Le regroupement de l’offre est indispensable », explique Cédric Mandin, responsable du groupe viande des JA. « On ne peut plus continuer à se présenter sur les marchés complètement atomisés ! ».

Visite d’exploitation

 

A l’issue de la réunion du matin, les responsables professionnels de la FNB se sont retrouvés sur l’exploitation de Charles et Roger Lamadon à Moureuilles. C’était l’occasion de poursuivre les débats sur la sécurisation des marges mais aussi de faire un tour d’horizon de l’actualité syndicale avec les éleveurs présents.

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