Un plan européen avec les moyens du bord
Alors que les producteurs européens d’engrais et les agriculteurs subissent de plein fouet la flambée des prix des engrais liés à ceux du gaz dans le contexte de la guerre en Ukraine, la Commission européenne, contrainte d’agir avec réactivité, a mis sur la table le 9 novembre un ensemble de mesures visant à limiter l’impact de la crise énergétique.
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La pandémie de Covid-19 suivie par la crise énergétique dans le contexte de la guerre en Ukraine ont entraîné depuis deux ans une hausse record des prix des engrais. Les prix des engrais azotés ont ainsi enregistré en septembre une hausse de 149 % sur une base annuelle et ceux de la roche phosphatée de 254 %. Ces prix prohibitifs poussent aujourd’hui les agriculteurs à retarder leur décision d’achat d’engrais et donc de plantation, ce qui in fine pourrait grandement affecter la récolte 2023. Selon les estimations de la Commission, la baisse des achats d’engrais pourrait atteindre 20 % sur la campagne 2022-2023. Pour éviter une pénurie d’engrais et garantir des prix abordables, la Commission européenne a, comme annoncé, présenté le 9 novembre une stratégie sur les engrais qui répond d’abord aux besoins des industriels. Elle encourage les États membres, à travers leurs plans d’urgence nationaux, à donner la priorité d’accès au gaz naturel en cas de rationnement. Principal intrant dans la production d’engrais minéraux, le gaz dont les prix se sont envolés en raison de l’approvisionnement incertain en provenance de Russie (40 % des importations européennes avant l’invasion de l’Ukraine), représente à l’heure actuelle près de 90 % du coût variable de production de l’ammoniac dans l’UE.