Un outil pour aider les sylviculteurs à adapter leurs pratiques au changement climatique
Curieux paradoxe que d’aborder la thématique de l’évolution climatique, et plus particulièrement de la hausse des températures, dans un cadre de températures glaciales !
C’est pourtant l’exercice qu’ont réalisé les conseillers de la Chambre d’Agriculture de la Creuse, en ce lundi 14 novembre 2016 au cœur de la forêt d’Alesme sur la commune de Saint-Pardoux-Morterolles. L’instance consulaire avait en effet invité les professionnels de la forêt afin de leur présenter un nouvel outil leur permettant d’adapter leurs pratiques face au changement climatique réellement observé.
La Creuse, pionnière dans le domaine de l’adaptation des pratiques au changement climatique
En préambule, Pascal Lerousseau, vice-président de la Chambre d’Agriculture, a rappelé aux participants l’importance des études menées dans le domaine climatique, lorsqu’on travaille avec le vivant.
Selon lui, « la possibilité de produire encore demain, passera par la capacité des professionnels à anticiper pour tenter de s’adapter ». En ce sens, Vincent Cailliez, mis à disposition par Météo-France à la Chambre d’Agriculture de la Creuse, travaille, depuis 2012, sur ces problématiques et, par son analyse, a d’ores et déjà permis de donner des pistes d’adaptation aux agriculteurs.
Preuve de la qualité de son expertise, il est aujourd’hui régulièrement appelé à travailler ou à intervenir dans d’autres régions, voire même sur un plan international.
Sachant que l’échelle de production dans la sylviculture n’est pas la même que pour les autres cultures, la pertinence de son analyse devra permettre aux forestiers d’implanter des essences adaptées aux nouvelles conditions climatiques déjà engagées.
Joël Bialoux, professionnel en charge des dossiers environnementaux à la Chambre d’Agriculture rappelle, pour sa part, qu’en effet, « contrairement aux pratiques agricoles qui ont des cycles de production relativement courts, les pratiques sylvicoles se pensent sur un plus long terme. Les interrogations des sylviculteurs face aux sécheresses répétées, tempête, gelées tardives, canicules, etc sont donc d’autant plus légitimes que les arbres plantés actuellement seront exploités dans quarante ans et que leurs capacités de résistance et d’adaptation à ces nouvelles conditions semblent de plus en plus mises à mal. En ce sens, le travail mené par la chambre d’agriculture a permis de mettre en place un accompagnement permettant d’identifier, à l’échelle de la parcelle, les espèces qui pourront s’adapter au mieux aux nouvelles donnes climatiques. »
Trois volets pour un nouvel outil
S’appuyant sur trois domaines de compétence : climatologie, pédologie et techniques forestières, le nouvel outil de la Chambre d’Agriculture a donc vu le jour et est à la disposition des professionnels qui auraient besoin de conseils en reboisement et notamment, afin de les aider à choisir leurs essences en fonction des caractéristiques de leurs parcelles.
Pour sa partie, Vincent Cailliez, explique qu’il prend en compte différents paramètres sur l’évolution du climat réellement observé : les moyennes de températures et les cumuls de précipitations, le nombre de jours de fortes chaleur, ainsi que l’évapo-transpiration potentielle (bilan hydrique).
Les participants ont ensuite pu bénéficier de l’expertise d’Amandine Sanchez, pédologue de la Chambre d’Agriculture, qui a longuement expliqué les différentes caractéristiques et composantes du sol et qui, pour l’occasion, avait réalisé une fosse pédologique afin d’étayer ses propos.
Enfin, découlant, entre autres, des deux expertises précédentes, la partie forestière a pu être développée par Pierre Beuze, conseiller forestier, qui a expliqué comment se servir des données précédemment recueillies, associées aux caractéristiques de la parcelle (orientation, exposition, pente, …), afin d’optimiser ses choix en matière de reboisement ou d’entretien.
L’ensemble des conseillers concerné par le nouvel outil « Sylvo-Futur » se tiennent à la disposition des professionnels qui souhaiteraient faire appel à leurs compétences.
Pour toute information sur ce sujet, contacter Pierre Beuze au 05 19 37 00 30.