Un accord très diversement accueilli par la profession
Si la dérégulation des marchés poursuivie par l’accord du 20 novembre est dénoncée unanimement, les positions professionnelles divergent sur le redéploiement des aides.
Accord à bas prix” - selon la FNSEA - témoignant, pour son association spécialisée des grandes cultures (Orama), d’une “absence de sens des réalités économiques de l’agriculture”... Le moins que l’on puisse dire est que l’accord conclu jeudi dernier sur le bilan de santé de la Pac sous présidence française de l’Union européenne, fait l’unanimité des syndicats agricoles contre lui, ou presque. En effet, dans le concert des voix qui se sont élevées pour dénoncer un compromis qui, malgré les récents bouleversements économiques internationaux, persiste dans la voie du tout marché et du démantèlement des outils de gestion, celle du monde de l’élevage se distingue du moins sur le volet consacré à la redistribution possible des aides européennes.
Débat franco-français
Tout en condamnant l’orientation libérale confortée par les ministres européens, notamment sur le volet laitier, les Éleveurs du berceau des races à viande jugent “prometteuse” la boîte à outils ouverte par les ministres des Vingt-sept le 20 novembre. Elle a le mérite selon la Fédération nationale bovine (FNB) d’offrir des possibilités pour assurer “la pérennité de l’élevage et de l’engraissement en France”. Même satisfaction du côté de la FRSEA et des Jeunes agriculteurs du Massif central, qui considèrent que la détresse et “l’appel digne” des 20 000 manifestants à Clermont-Ferrand en septembre dernier, “a été, semble-t-il entendu”. Une divergence de réactions à l’image des positions de plus en plus éloignées qui se sont faites jour depuis plus d’un an, et le lancement du livre blanc de l’agriculture du Massif central, entre le secteur du végétal et les productions animales. Des tensions scellées il y a 15 ans par la réforme de la Politique agricole commune de 1992, qui avait fait la part belle au soutien direct aux productions végétales - contre une baisse de prix des céréales - au détriment de l’élevage à l’herbe. Un “trou de l’herbe” dénoncé depuis régulièrement par les éleveurs des zones herbagères qui ont réussi le tour de force d’enlever l’engagement du ministre Michel Barnier à défendre une politique de l’herbe soutenue dans le pilier économique de la Pac, à venir au secours de la production ovine et à appuyer les producteurs laitiers en zone défavorisée. Les éleveurs se tournent maintenant vers le gouvernement pour une application nationale de ces décisions “en conformité avec les engagements pris publiquement”. La filière végétale en appelle elle à la FNSEA pour des arbitrages en sa faveur. Les débats s’annoncent intenses au sein de la profession.
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