Téléphonie : Les maires du Cantal tirent à boulet rouge sur Orange
Après plusieurs incidents cet été, l’Association des maires du Cantal a lancé un questionnaire auprès des élus. Leur réponse concernant l’opérateur a été cinglante.
En début de semaine, Pierre Jarlier, sénateur et président de l’Association des maires du Cantal, et Christian Montin, maire de Marcolès et secrétaire général de l’AMF 15, ont souhaité faire le point sur une situation devenue intolérable à leurs yeux : l’opérateur Orange et “ses manquements dans la prise en compte et le suivi des réclamations”. Au cours de l’été, l’AMF a été saisie par nombre de ses adhérents “inquiets de la situation au niveau du réseau téléphonique sur leur commune”. À la suite de ces démarches, “nous avons réalisé une enquête en juillet sur l’ensemble des communes du Cantal, explique Pierre Jarlier. Les résultats traduisent d’évidents problèmes de fonctionnement du réseau téléphonique. Dans un département qui se dit numérique, c’est un vrai sujet, qui touche à la fois à des questions de sécurité, et des questions d’attractivité”.
Des coupures qui durent jusqu’à cinq semaines
Cette situation de dysfonctionnement, “on se bat avec depuis plusieurs années. Elle s’amplifie été après été. Tous les épisodes orageux sont suivis de périodes où les territoires sont privés durablement de téléphonie fixe, donc internet, et souvent aussi de la téléphonie mobile”, ren- chérit Christian Montin. Le constat : les réparations durent longtemps, et “les perturbations ont des conséquences très négatives sur les communes”. D’autant que “dès qu’il y a un souci sur une commune, c’est le maire qui est sollicité, qui se fait même engueuler, alors que nous, notre capacité d’intervention sur le réseau téléphonique est limité, à part relayer auprès d’Orange les difficultés. Mais il semblerait que cela soit devenu un recours quasi normal. Je suis sûr que la direction régionale d’Orange reçoit une quantité astronomique d’appels d’élus. Ce n’est pas normal. Ce n’est pas aux élus de servir de commerciaux, de relais au quotidien”, pestent-ils. Après le questionnaire de l’AMF, près de 50 communes ont répondu très rapidement, faisant, pour certaines,état d’une interruption de réseau allant jusqu’à quatre voire cinq semaines. “C’est là une situation pouvant mettre en danger la sécurité des personnes, notamment les personnes isolées bénéficiant du dispositif présence verte. Car plus de téléphone, plus de présence verte. C’est ce qui s’est passé à Coren ou encore à Cros-de-Montvert.” Autre problème relevé : plus d’internet égale plus d’activité professionnelle. “Un certain nombre de gens se sont installés dans le Cantal pour bénéficier des facilités liées à internet. Mais beaucoup viennent voir les maires et disent “s’il n’y a pas plus de fiabilité sur le réseau, moi je ne peux plus continuer à exercer mon activité”. C’est le cas notamment sur ma commune”, explique Christian Montin.
Une situation inacceptable
Toutes les manifestations estivales sont également touchées, car les touristes ne sont plus en relation avec leur famille. “En terme d’image pour ce département c’est tout de même assez catastrophique”, assène le maire de Marcolès, s’appuyant une nouvelle fois sur sa commune et l’absence de réseau durant deux à trois jours au moment du festival Léz’Arts de la rue (15 août). “Sécurité, activité, image, voilà trois conséquences qui pour nous sont dramatiques, sans compter les petits tracas de la vie quotidienne que l’on peut imaginer. Dernier point très mal vécu : la difficulté à entrer en relation, à communiquer d’une manière normale et acceptable, d’avoir des réponses, d’être écouté par Orange.”“C’est une situation qui n’est pas acceptable. Le réseau téléphonique, au même titre que le réseau électrique ou d’eau potable, doit évidemment être traité de la même façon, s’insurge Pierre Jarlier. Quand on voit les efforts fait par ERDF pour assurer son système de maintenance, et dans des délais extrêmement courts, on comprend mal qu’il n’en soit pas de même pour la téléphonie. Les maires ne comprennent pas qu’il n’y ait pas un dispositif opérationnel permettant d’assurer la sécurité et le maintien du service.” Le sénateur a profité de l’occasion pour évoquer également un autre sujet : la téléphonie mobile. “Il existe des problèmes avec certains opérateurs sur certains secteurs, avec notamment un problème sur l’itinérance. On en a beaucoup parlé, surtout dans les territoires ruraux, et de la possibilité lorsqu’un pylône était construit de pouvoir l’utiliser via différents opérateurs. Mais visiblement ce n’est pas le cas partout. À l’image du bourg de Vézac, comme celui de Lafeuillade-en-Vézie.” De nombreuses réclamations ont été faites, mais sans réponses. “On a alerté le préfet qui est intervenu lui-même auprès d’Orange. Nous avons également interpelé la direction régionale d’Orange. On n’a toujours pas de réponse aujourd’hui. Nous souhaiterions avoir une rencontre rapide avec les responsables de la direction régionale pour voir quelles sont les solutions à apporter pour assurer la continuité du service en matière de téléphonie fixe, s’assurer qu’il puisse y avoir de nouvelles mesures en matière de téléphonie mobile, et aborder l’absence d’itinérance.”Et l’AMF de conclure : “Il est indispensable qu’Orange nous apporte les informations pour qu’on puisse comprendre comment on en arrive à des situations comme celles-là.”
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