Stage France-Ukraine, la démarche plombée en plein vol
Ki-France permet chaque année à de jeunes ukrainiens de parfaire leur français
à travers différents stages, notamment sur des exploitations agricoles.
a progressé dans l'apprentissage du français durant son séjour.
Depuis près de 20 ans, l’association « Ki-France » propose à de jeunes étudiants ukrainiens de découvrir la France et de parfaire leur apprentissage de la langue au travers de stages. Une initiative née de la volonté d’anciens experts agricoles de l’Union Européenne. Jean-Yves Larvor, actuel président et fondateur de l’association se souvient avoir souhaité avec ses collègues «donner la possibilité aux jeunes ukrainiens, plutôt qu’à des experts mandatés, d’être des ambassadeurs, de créer et développer les relations avec la France». Les membres fondateurs ont donc profité de leurs contacts établis en Ukraine durant leurs missions européennes pour lancer l’activité de Ki-France». Au commencement, ils ne comptaient qu’une Université ukrainienne partenaire centrée sur les études agricoles. L’association travaille désormais avec huit établissements scolaires allant des écoles d’agriculture, de vétérinaire, de biologie aux facultés de lettres. «La possibilité de partir en immersion en France en moyenne trois mois intéresse profondément les Ukrainiens. Pour eux, le stage est une étape indis-pensable à la poursuite des études, la validation des diplômes et l’expérience professionnelle.» En 17 ans, plus de 650 stages ont été réalisés, majoritairement en Auvergne.
Critères de sélection
L’association est avant tout un intermédiaire «administratif» entre les jeunes et les maîtres de stages. En aucune façon, elle ne finance la venue des jeunes. « Ils doivent payer les frais de transports jusqu’en France. Ensuite, le maître de stage prend en charge le logement, la nourriture et leur rémunération de stagiaire. Ils sont également tenus de leur faire visiter la région» précise Jean-Yves Larvor.
Côté critères de sélection, les jeunes doivent avoir entre 17 et 22 ans et avoir suivi des cours de français. Si, il y a quelques années encore, les établissements scolaires ukrainiens proposaient l’apprentissage du français, c’est aujourd’hui beaucoup moins le cas. La faute, selon le président, à «l’État français qui ne faisait, et ne fait encore, aucun effort pour promouvoir notre langue à l’étranger.»
L’association doit alors faire appel à un professeur indépendant chargé d’enseigner les rudiments de la langue de Molière aux jeunes Ukrainiens.
Un chaînon défaillant
Malheureusement, ce n’est pas la seule difficulté que traverse l’association. Depuis près de deux ans, Jean-Yves Larvor se heurte à l’imperméabilité de l’État français. Ce dernier délivre les visas au compte-goutte créant des situations complexes. «Sur trois élèves d’une même classe souhaitant venir faire un stage en France, une seule a eu son visa ! Pourquoi ? J’ai posé la question, je suis même monté à Paris plusieurs fois, personne ne m’a répondu. J’envoie les gens au casse pipe et on ne me donne aucune explication. C’est une situation invivable.» Devant ce cruel manque d’investissements de la part de l’administration, Jean-Yves Larvor, à 72 ans, pense stopper l’activité de Ki-France expliquant « les stages n’intéressent pas l’ambassade de France. Je ne vais continuer à donner de l’espoir à ces jeunes alors que je sais pertinemment qu’il n’y en a pas… ».
« Mon premier voyage à l’étranger »
Tatiana Pepukahaokhova a 19 ans. étudiante en faculté de lettre en Ukraine, elle réalise un stage de deux mois au camping de la Haute-Sioule de Saint-Bonnet-près-Orcival. Agnès Valleix, la propriétaire accueille depuis plus de cinq ans de jeunes ukrainiens durant les mois d’été par le biais de l’association Ki-France. Une opportunité inespérée pour Tatiana : «C’est la première fois que je quitte mon pays, je n’avais jamais voyagé avant. J’ai amélioré mon français, découvert la culture et appris à cuisiner français. Mais surtout, je sais désormais que je suis capable de vivre ailleurs, de parler correctement et de me faire comprendre. J’ai pris confiance en moi». Satisfaite de son expérience, la jeune étudiante espère pouvoir renouveler l’expérience l’année prochaine en Auvergne ou dans une autre région.