Sodiaal mobilisé sur tous les fronts en 2016
C’est un discours réaliste qu’ont livré le 28 avril les responsables de Sodiaal, prédisant une année 2016 encore chahutée, mais aussi une mobilisation forte pour en amortir les effets.
Dire que le marasme actuel de la filière laitière ne tient qu’à un différentiel de quelques pourcents entre l’offre et la demande mondiale. La faute à une Europe qui a remis le pied sur l’accélérateur des volumes, à la fin des quotas, à de bonnes conditions météo qui ont globalement favorisé la production chez les principaux exportateurs et à l’embargo russe. Avec les conséquences que l’on sait en 2015 pour les producteurs français qui ont vu leur prix dégringoler de plus de 60 euros les mille litres. 2016 ne devrait pas permettre de redresser la barre comme l’a reconnu le 28 avril Damien Lacombe, président du groupe Sodiaal dont la section Cantal-Corrèze-Lozère tenait son assemblée générale à Laveissière dans le Cantal.
En éclaireur sur le prix
Pas de faux espoirs donc mais des responsables de Sodiaal bien décidés à jouer pleinement leur rôle sur l’échiquier laitier hexagonal et européen en faisant valoir la voix des producteurs comme ils l’ont fait déjà l’été dernier. « Nous avons alors passé une première hausse pour donner une chance aux discussions au sein de la filière d’aboutir », a souligné le responsable aveyronnais. Un engagement qui n’a certes pas inversé les tendances de fond mais qui a donné une inflexion à la filière. Et si certains ont surchargé le marché, « ce n’est pas le cas de Sodiaal », a souligné Laurent Duplomb, président de la section Massif central. Sur la campagne 2015, les adhérents de Sodiaal ont ainsi livré 60 Ml de moins sur les cinq milliards collectés l’année précédente par la coopérative. Un lait payé en moyenne sur l’année à 303 euros (contre 364 en 2014). Pour les 1 785 exploitations du Massif central, qui se caractérisent par la plus petite moyenne de collecte du groupe (240 000 l par exploitation), ce prix a été légèrement supérieur (305 euros). La prime de saisonnalité a permis de redistribuer 6 M d'euros sur les paies des mois d’été. Quid de l’avenir ? « Les perspectives à moyen terme restent favorables avec les besoins mondiaux toujours en hausse. Il faut d’abord digérer tout cet afflux de lait et les stocks générés, sachant que la production continue d’être hyper dynamique dans les pays d’Europe du Nord mais qu’elle va diminuer d’ici fin 2016 en Allemagne, en France, mais aussi aux Pays-Bas du fait des contrats phosphore », a analysé Damien Lacombe.
Pas d’embellie avant 2017
Il faudra attendre le premier trimestre de 2017 pour une embellie sur le prix du lait. Une embellie à laquelle la coopérative compte bien contribuer en jouant sur deux tableaux. Sur les 40 % de son lait destiné à la GMS, elle considère avoir sécurisé un minimum la valorisation (à hauteur de 320 euros) via la signature de la charte laitière de la FNPL. Sur les 60 % restant, une partie est constituée d’excédents (20 %) fléchés vers le marché mondial et payés au prix B. L’enjeu porte sur les 40 autres pourcents, soit deux milliards de litres de lait, notamment à destination de la restauration hors foyer, avec une valorisation guère au-delà des 230 euros. « Si on arrive à toucher les décideurs, les élus de nos communes au plus haut niveau, on pourrait protéger ce marché et gagner 20 à 30 euros”, estime Laurent Duplomb qui a en outre rappelé l’action de Sodiaal en faveur d’une régulation européenne. Des dizaines d’euros qui seraient plus que bienvenues, car pour l’heure Sodiaal a annoncé un prix du lait moyen à 265 euros pour le mois de mai.