Session Chambre d'agriculture - L'application immédiate d'Égalim 2 comme bouclier à la flambée des coûts de production
Face à un contexte qui évolue au jour le jour et dont on ne saurait déterminer le butoir, l'indexation rapide des coûts de production sur les prix de vente s'avère la solution.
I névitablement, le coût des carburant (du GNR en particulier) et la flambée exponentielle des cours des céréales ont constitué, vendredi, le gros des débats de la session de la chambre d'agriculture du Cantal(1). Patrick Chazal, responsable du pôle économique, a exposé des chiffres qui donnent le tournis et livré quelques explications, pas forcément à même de rassurer (voir ci-dessous). En revanche, que ce soit du côté du syndicat majoritaire, des élus consulaires ou de leurs invités - Conseil départemental, parlementaire, préfet... - tous ont unanimement présenté l'application de la loi Égalim 2 comme recours essentiel pour faire face à cette crise sans précédent.
Un effort collectif partagé
"Je suis convaincu qu'Égalim 2 est la solution. Les expressions hostiles de certains sont derrière, exprime sans ambigüité Serge Castel. Il n'y a pas d'autres alternatives ; tout le monde doit payer et participer collectivement à un effort solidaire." En clair, l'agriculture ne servira pas de barrière d'ajustement de la flambée des cours, promet le préfet. Chantal Cor approuve : "Il ne serait pas acceptable de penser qu'on ne pourrait pas
augmenter les prix de nos produits : on serait la seule profession qui ne pourrait pas répercuter les hausses. La loi nous y autorise, il n'a pas d'état d'âme à avoir." C'est donc à l'unanimité que la motion déposée par la FDSEA du Cantal, face aux conséquences de la guerre en Ukraine, a été approuvée.
Après avoir rappelé une conjoncture qui ne permet pas de couvrir les coûts de production et un risque important de décapitalisation accélérée du cheptel (qui nuirait à l'enjeu de souveraineté française), le syndicat réclame : "la mise en oeuvre immédiate et renforcée de la loi Égalim 2" ; "des garanties de prix et de disponibilité des matières premières soumises à tension" ; "l'établissement de stocks stratégiques d'alimentation animale dès la prochaine récolte" ; "des aides à la trésorerie et un alignement de la TVA de l'alimentation animale sur celle de l'alimentation humaine"... La motion exige aussi "une renégociation rapide des prix de l'alimentation avec la grande distribution".
Hausse modérée au consommateur
À cet égard, Patrick Bénézit réfute l'idée d'un prix du panier de la ménagère qui soudainement exploserait : "Surtout dans la période actuelle, nous n'avons pas d'autre choix que de facturer, au niveau du coût de production. Mais même si cela engendre une
augmentation dans les rayons, l'impact ne sera jamais aussi élevé que celui sur l'énergie pour les ménages. Il y aura certes une petite inflation, mais qui ne dépassera pas les 5 ou 6 EUR par mois, quand on compte au moins 40 EUR de plus pour l'énergie. On n'est pas un sujet de pouvoir d'achat", affirme le secrétaire général adjoint de la FNSEA.
"Ce n'est plus un plan de résilience, c'est un plan de survie qu'il nous faut", réclame le président de la FDSEA du Cantal, Joël Piganiol, rappelant la fragilité de l'économie agricole du département que le nouveau contexte conduit à "une situation de grande détresse" (particulièrement marquée en élevage porcin, comme l'a souligné Benoît Julhes). Alors, il appelle à une "ré-évaluation des coûts de production dans des délais très courts", sûr que l'agriculture est à un tournant de son histoire. Et que, comme le souligne Brigitte Troucellier, les angoisses économiques affectent cruellement le moral des agriculteurs.
(1) La réunion s'est tenue au Campus de la CCI (la salle des sessions de la Chambre d'agriculture étant en travaux) et sous la présidence de Chantal Cor, vice-présidente, Patrick Escure étant
positif à la Covid.