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Sécheresse : un dossier très chaud

Une centaine d'agriculteurs ont répondu présents à l'appel à mobilisation de la FDSEA et de JA 23, ce mercredi 14 décembre place Bonnyaud, pour demander à l'État le reclassement de la totalité du département de la Creuse en sécheresse au titre des calamités agricoles.

Après avoir appris que le dossier sécheresse creusois présenté lors de la dernière commission du CNGRA (Comité National de Gestion des Risques en Agriculture) du 9 décembre dernier, n'avait pas été validé dans sa totalité, quelques explications de l'État s'imposaient.
Alors que seulement 96 communes ont été retenues sur les 256 que compte le département, pour le président de la FDSEA, Christian Arvis « le compte n'y est pas ! Il est indispensable que tout le département soit reconnu. Nous avons effectué un travail minutieux avec des enquêtes de terrain pour déposer un dossier complet avec des pertes réelles, qui a été validé en CDE (comité d'expertise) le 9 novembre dernier, il est impensable de ne pas en tenir compte et de laisser des agriculteurs sur le bord de la route ! »
La préfète, Madame Virginie Darpheuille étant retenue à une réunion hors du département, c'est devant M. Benoît Bayard, directeur de cabinet de la préfecture, M. Schwartz, directeur de la Direction Départementale des Territoires, M. Rouet, chef du service Économie Agricole, et M. Maréchal, adjoint au chef du service Économie Agricole que, les responsables de la FDSEA et de JA 23 n'ont pas manqué de rappeler l'importance du classement de la totalité du département et les inquiétudes et désarroi de nombreux agriculteurs dans la zone exclue. Ils représentent pas moins des 2/3 des surfaces du département !
M. Schwartz, directeur de la DDT, rappelle tout de même « que les services de l'État dans le département ont joué des coudes pour que le dossier soit présenté, car 48 h avant la date du CNGRA, le dossier ne devait pas être étudié. Au moins un arrêté va être pris pour les zones déjà retenues qui pourront être payées rapidement. Maintenant notre marge de manoeuvre c'est d'aller voir du côté des communes qui n'ont pas été prises pour refaire des bilans et redéposer un dossier complémentaire. Il y a des communes pour lesquelles le taux est de moins de 20 %, ça va être plus difficile de convaincre ! La DDT est prête à travailler avec les agriculteurs. »
En effet, il existe plusieurs méthodes et plusieurs sources pour évaluer les pertes : les cartes ISOP qui n'indiquaient qu'un petit déficit de 10 %, les cartes AIRBUS, qui insistent sur la pousse d'herbe, mais qui ne montraient qu'un déficit de 20 % ! Aucune carte sur juin, juillet ou août ne permettait de déposer un dossier avec 30 % de pertes. Une carte de septembre montrait quelques communes ayant un déficit de plus de 30 %, ce qui a permis, avec les bilans fourragers, de constituer un dossier à présenter.
Pour Thierry Jamot, vice-président de la FDSEA et agriculteur sur une commune non reconnue en sécheresse, cette restitution des cartes est complètement obsolète ! « Sur mon secteur, les taux de pertes s'élèvent à plus de 40 % et aujourd'hui nous ne sommes pas retenus. La décapitalisation s'accélère, les broutards ont été vendus 2 mois plus tôt avec un prix inférieur. Les agriculteurs n'achètent pas de foin par manque de trésorerie, les charges augmentent ! Cette décapitalisation du cheptel de souche pour acheter du fourrage ça ne reviendra jamais ! Trouvons les bons arguments, continuons les enquêtes terrains, l'enjeu c'est que les agriculteurs risquent de s'effacer du territoire creusois, or nous sommes une source économique du département ! »
Après ces propos, Fabien Périgaud, président de Jeunes Agriculteurs complète : « Ça ne servira à rien d'installer des jeunes s'il n'y a plus de cheptel. Le compte n'y est pas, la situation est grave ! »
« La préfecture défend, avec ses services, ces dossiers techniques. Nous comprenons les enjeux et ce sujet est suivi de près. Le résultat obtenu n'est certes pas satisfaisant mais c'est déjà ça. Nous sommes là derrière vous et nous serons là en janvier pour continuer de défendre les dossiers. La préfète est pleinement engagée sur ce sujet » conclut M. Benoît Bayard.

Pas un mais deux matches à jouer !
Le président de la FDSEA, reprécise qu'il y a deux matches qui se jouent simultanément. En effet, à partir du 1er janvier 2023, le système actuel des calamités agricoles s'arrête au profit d'un système assuranciel, donc pour Christian Arvis « si l'État se base sur des données satellitaires qui ne correspondent pas à la réalité, l'assurance ne servira à rien ! »
Les agriculteurs révoltés par la non-considération de leur profession par la députée du département et afin d'honorer son absence coutumière sont allés déverser quelques déchets verts devant sa permanence.
Pour Christian Arvis : « N'oublions pas qu'un éleveur, c'est 7 emplois induits, c'est la première fois que nous avons une députée aussi peu investie pour défendre la vie économique de son département. Pour elle qui est dans l'opposition gouvernementale, ce dossier sécheresse Creuse aurait dû être une aubaine à saisir. »
Par ailleurs, dernièrement madame la députée a tenu des propos diffamatoires envers les éleveurs creusois dans l'hémicycle : en affirmant qu'ils laissaient crever les vaches de faim dans les champs pour mettre leur fourrage dans les méthaniseurs. Pour le président de la FDSEA Christian Arvis, « un nouveau méthaniseur creusois vient d'être ouvert officiellement : il s'agit de la permanence de la députée, qui accepte tous les produits du terroir ».

Ré-examen en janvier ?
Suite aux différents échanges avec la profession agricole, les services creusois de l'État envisagent de demander un ré-examen du dossier au CNGRA du mois de janvier 2023. En appui de cette demande de réexamen, des éléments complémentaires et notamment des bilans fourragers ont été demandés aux services de la chambre d'agriculture.

Indemnisations

Le Comité National de Gestion des Risques en Agriculture (CNGRA) s'est prononcé le 9 Décembre 2022 sur la demande de reconnaissance des pertes de récolte sur fourrage en Creuse suite à la sécheresse 2022. Pour rappel, le comité départemental d'expertise (CDE) avait demandé une reconnaissance des pertes de récolte pour l'ensemble du département, mais le CNGRA n'a pas validé la proposition du CDE. Le zonage reconnu est le suivant  
1- Le zonage Nord-Ouest (63 communes) est reconnu avec un taux de perte de récolte sur prairie de 32 % et sur maïs ensilage de 30 %.
Communes éligibles : Arrènes, Azerables, Bazelat, Bétête, Bonnat, Le Bourg-d'Hem, Boussac, Boussac-Bourg, Bussière-Saint-Georges, La Celle-Dunoise, La Cellette, Chambon-Sainte-Croix, Chamborand, La Chapelle-Baloue, Châtelus-le-Marcheix, Châtelus-Malvaleix, Chéniers, Clugnat, Colondannes, Crozant, Domeyrot, Dun-le-Palestel, La Forêt-du-Temple, Fresselines, Genouillac, Jalesches, Lafat, Linard-Malval, Lizières, Lourdoueix-Saint-Pierre, Maison-Feyne, Malleret-Boussac, Marsac, Méasnes, Mortroux, Moutier-Malcard, Naillat, Noth, Nouzerines, Nouzerolles, Nouziers, Roches, Sagnat, La Souterraine, Saint-Agnant-de-Versillat, Saint-Dizier-les-Domaines, Fursac, Saint-Germain-Beaupré, Saint-Goussaud, Saint-Léger-Bridereix, Saint-Marien, Saint-Martin-Sainte-Catherine, Saint-Maurice-la-Souterraine, Saint-Pierre-Chérignat, Saint-Priest-la-Feuille, Saint-Sébastien, Saint-Silvain-Bas-le-Roc, Saint-Silvain-sous-Toulx, Saint-Sulpice-le-Dunois, Tercillat, Toulx-Sainte-Croix, Vareilles, Villard.
2- Le zonage Sud-Est (33 communes) est reconnu avec un taux de perte de récolte sur prairie de 35 % et sur maïs ensilage de 30 %. Ces taux de perte cumulent les dommages constatés suite à la sécheresse et la grêle.
Communes éligibles : Basville, Brousse, Bussière-Nouvelle, Chard, Charron, Châtelard, Clairavaux, Le Compas, Crocq, Croze, Dontreix, Féniers, Gentioux-Pigerolles, Gioux, Lioux-les-Monges, Magnat-l'Étrange, Mainsat, Les Mars, Le Mas-d'Artige, Mautes, La Mazière-aux-Bons-Hommes, Mérinchal, Pontcharraud, Poussanges, Sermur, Saint-Agnant-près-Crocq, Saint-Bard, Saint-Frion, Saint-Georges-Nigremont, Saint-Maurice-près-Crocq, Saint-Oradoux-près-Crocq, Saint-Pardoux-d'Arnet, La Villeneuve.
Les demandes d'indemnisation seront à réaliser via la téléprocédure « TELECALAM ». Nous vous tiendrons informé de son ouverture. La réflexion a été engagée avec la profession agricole pour analyser le zonage reconnu par le CNGRA.

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