S’adapter aux nouveaux enjeux
Réunis en assemblée générale le 23 février, les membres d’Opalim ont fait le bilan de l’année 2017 avant de s’arrêter sur les enjeux qui seront les leurs dans les mois à venir. Entre évolution de la consommation de viande et changement climatique, l’organisation de producteurs travaille à adapter son offre.
En 2017, la première organisation de producteurs non commerciale de Nouvelle-Aquitaine comptait 1 360 adhérents sur ces huit départements. Ses adhérents détenaient 110 651 vaches et 90 100 brebis, chiffres globalement stables par rapport à 2016. 80 % d’entre eux étaient engagés dans une démarche qualité. Dans le détail, 2017 aura été plutôt favorable aux broutards dont la commercialisation augmente de 4 %, à la faveur de la forte demande en maigre, notamment de l’Italie. A contrario et pour les mêmes raisons, le jeune bovin a connu une baisse de volume sur la période (-13 %). La diminution de l’offre a conduit à une remontée des cours. Les ventes de vaches de réforme et de génisses lourdes ont progressé de 7 et 9 % par rapport à 2016. Enfin, le nombre de veaux sous la mère commercialisés est en recul (-8 %) avec des cours inférieurs à l’an passé et un poids de carcasse en hausse. À ce bilan s’ajoutent des événements et des tendances de fond relevés par le président d’Opalim dans son rapport d’orientation. « Il est indispensable d’avoir bien conscience du contexte actuel, a souligné Roland Pellenard. On observe une baisse de la consommation de viande bovine. Les conditions de production influent sur l’acte d’achat. Nous devons réagir et nous attacher à répondre aux attentes des consommateurs. » Dans cette optique, l’organisation projette de s’engager dans le bio. « Toutes les démarches, SIQO, circuits courts, RHD … ne s’opposent pas. Elles se complètent, il faut les investir », continue-t-il. Le projet de marché au cadran de Bourdelas poursuit également son chemin, les intentions d’adhésion étant conformes aux attentes. D’autre part, Opalim propose de nouveaux services à ses adhérents parmi lesquels la réalisation d’échographies ovines, des formations, un accompagnement à la rédaction du DUER ou encore des suivis de reproduction.
Et le climat dans tout ça ?
Parmi les changements auxquels l’agriculture est confrontée, le changement climatique fait depuis 2015 l’objet d’un projet de recherche au niveau du Massif central. Le projet Adaptation des Pratiques Culturales au Changement Climatique (AP3C) a pour objectif de comprendre le changement climatique et d’analyser ses conséquences sur les systèmes agricoles. Lors de l’assemblée générale, Vincent Caillez, climatologue, a présenté les résultats de l’analyse de l’évolution de plusieurs paramètres météorologiques ainsi que leur évolution probable à l’horizon 2050. Première constatation, la température annuelle moyenne a augmenté d’1,5 °C depuis 1980. Si les étés ne sont pas plus chauds (effet Massif central), les printemps accusent eux, une hausse de 6 à 6,5 °C. Les précipitations annuelles moyennes n’évoluent guère mais leur répartition dans l’année fluctue. De très faibles précipitations au printemps associées au phénomène d’évaporation conduisent à un manque d’eau en cette saison. En été, des précipitations supplémentaires sont enregistrées avec une évaporation modérée. Pour traduire ces données climatiques sur le terrain, douze indicateurs agro-climatiques thermiques ont été définis. Ceux-ci ont par exemple révélé que le premier cycle de l’herbe est désormais plus court et surtout plus précoce. Le redémarrage de la végétation a ainsi gagné une dizaine de jours depuis 1980 et devrait gagner dix autres d’ici 2050. Les dates de mise à l’herbe et de fauche sont aussi plus précoces. Autre exemple, le risque d’échaudage du maïs devient plus important (+4 jours depuis 1980). Ces grandes tendances vont avoir des conséquences sur les exploitations. Troisième étape du projet, le volet systémique qui étudiera les impacts du changement climatique à l’échelle de l’exploitation vient de débuter.