Routes, rail, avion... voyage au coeur des échanges entre Département et État
Préfet et président du Département ont échangé leurs rapports de services, lors d'une session publique au cours de laquelle toutes les décisions ont été votées à l'unanimité.
C'est une tradition bien établie. Une fois par an, le préfet du Cantal est invité par l'Assemblée départementale pour faire un tour d'horizon des services de l'État et répondre aux questions des élus. Serge Castel est intervenu lors de la dernière session, vendredi 24 juin, et a ainsi pu réaffirmer le soutien apporté en monnaie sonnante et trébuchante aux collectivités : "Elles n'ont jamais perçu autant de Dsil et de DETR(1)" ; aux entreprises : "Un plan France Relance doté de 405 millions d'euros, qui a bénéficié à 6 800 entreprises soutenues et une vingtaine fortement aidées pour renforcer leurs capacités de production" ; à l'agriculture : "Des aides exceptionnelles dont 900 000 EUR à la filière bovins maigre, grêle d'avril..." ; et même aux particuliers - "avec notamment 1 000 dossiers Ma prime rénov" -, illustre le préfet.
De vraies différences
Dans un rapport exhaustif, le préfet Castel a aussi détaillé la gestion de la crise Covid, les chiffres de la sécurité, les travaux engagés sur la RN 122, la qualité de l'enseignement, le tournant énergétique, etc. Et d'en conclure que "oui, on peut vivre correctement dans le Cantal" et que cet argument global doit servir l'attractivité de nouvelles populations. Mais... tout n'est pas si simple selon Bruno Faure. Le président du Conseil départemental trouve que Serge Castel "enjolive" le paysage brossé. "Nous avons des différences d'appréciation sur la réussite de la
gestion Covid, notamment sur la vaccination, puisque nous étions prêts et que les doses n'étaient pas disponibles. Sur les énergies renouvelables, nous ne sommes pas aussi enthousiastes que vous sur l'éolien, alors que nous sommes excédentaires en termes de production électrique. Nous ne voulons pas d'une économie coloniale : qu'on installe des éoliennes place Bellecour ou sur le Champs-de-Mars, après on verra si elles sont bienvenues dans le Cantal !"
Le président du Conseil départemental ne partage pas non plus le point de vue du représentant de l'État sur l'accès à l'enseignement, à l'heure où des postes sont rendus et des heures supprimées en collège. Enfin, quand le préfet s'émeut d'une forme de solitude dans les campagnes, Bruno Faure rétorque que La Poste, à trop vouloir rationaliser le travail de ses facteurs, prive le rural de lanceurs d'alertes.
Débat sans concession
Mais là où les questions des conseillers départementaux ont été les plus insistantes, c'est au sujet des transports, routiers, ferroviaires, aériens. "L'État cherche à se dessaisir de la RN 122, alors même que les travaux ne sont pas terminés ; travaux qu'on appelle de nos voeux depuis 50 ans." Quant aux grandes déviations de Vic ou de Maurs, le préfet finit par lâcher qu'il n'y croit pas, mais que des plans de circulation sont à l'étude... "Des promesses qui s'effacent avec le claquement de portière", ironise Vincent Descoeur en référence à des visites ministérielles. "Et quid des personnels si le Département ou la Région reprend la compétence ?", s'interroge Didier Achalme.
Toujours sur le dossier transport, si la garantie du retour d'un train de nuit - quoique plus discrète - semble toujours d'actualité, les conseillers généraux et leur président ne veulent pas d'un équipement "sortie du musée du rail", mais au contraire "digne du XXIe siècle". L'idée d'une expérimentation de propulsion à hydrogène est même évoquée, la ligne Aurillac-Paris n'étant pas électrifiée. Quant à la liaison aérienne, alors que s'ouvre une nouvelle consultation pour la délégation de service public(2), il est espéré qu'Air France ne jette pas l'éponge et participe, "après avoir reçu 9 milliards de la part de l'État"...
(1) Dotation de soutien à l'investissement local et Dotation équipement des territoires ruraux.
(2) Les prochaines clauses prévoient le retour d'une troisième rotation si la fréquentation est suffisante, ce qui devrait être rapidement le cas.