Robot de traite : un autre métier, une autre qualité de vie au travail
Une étude conduite par l’Anact(1) et la MSA montre que l’installation d’un robot de traite peut être vecteur de qualité de vie au travail des éleveurs ; mais le projet doit être bien réfléchi.
Le robot de traite participe-t-il à l’amélioration de la qualité de vie au travail ? Une question étudiée conjointement par l’Anact(1) et la Msa dans le cadre d’une étude réalisée in situ auprès de 29 exploitations réparties sur 5 départements. « Nous avons conduit nos investigations sur 4 saisons au plus près des éleveurs, c’est-à-dire dans le local robot des exploitations visées » précise Aline Dronne, Sociologue, chargée de mission, Aract Grand Est. Tous les profils étaient représentés ; ainsi sur l’échantillon étudié, une majorité possédait au moins un robot de traite, d’autres deux ou en cours d’installation. Les observations sur le travail et les usages, les entretiens individuels et collectifs avec les exploitants et les salariés ont été le fil conducteur de cette enquête.
Que faut-il retenir de l’étude ?
Les résultats de l’étude montrent que l’installation d’un robot de traite peut, sous certaines conditions, être vecteur de qualité de vie au travail des éleveurs. Le robot permet en effet de réduire la pénibilité au travail, prévenir l’usure professionnelle, dégager du temps pour soi et accroitre la souplesse dans l’organisation journalière en diminuant notamment la contrainte horaire.
Autres arguments constatés : le robot permet dans certains cas de conserver la production laitière, de maintenir l’emploi des salariés et/ou des exploitants. «C’est aussi un moyen qui permet de réfléchir et anticiper le développement de la stratégie de l’exploitation. L’intégration d’un robot de traite dans une exploitation améliore les opportunités futures de transmission et cession de l’exploitation, détaille la sociologue. Les générations d’aujourd’hui ne veulent plus arrivées « cassées » à la retraite, elles veulent des outils qui leur permettent de vivre autrement leur vie professionnelle ». Selon une étude de l’Institut de l’élevage, le robot permet de dégager 2 mn/vache/jour soit 2h de temps pour un troupeau de 60 laitières ; de quoi prendre du temps avec son entourage ou, pourquoi pas, diversifier ses activités professionnelles. C’est là un autre enseignement de l’étude : certains exploitants vont en effet réinvestir ce gain de temps journalier dans l’exercice d’une activité complémentaire au risque, selon Adeline Delavallade, Ergonome, conseillère nationale prévention CCMSA « de développer à nouveau un surcroît de travail et donc de réduire l’intérêt du robot de traite dans l’amélioration de la qualité de vie de l’éleveur ».
Un changement de métier
Le coût d’investissement d’un robot de traite mais aussi les changements qu’il induit dans le quotidien de l’éleveur sont des éléments importants à prendre en compte dans le projet d’installation. « L’éleveur doit avoir à l’esprit qu’avec un robot son autonomie et ses marges de manœu-vres seront réduites au profit d’une dépendance plus grande au fabricant/technicien sur la maintenance. Il devra développer d’autres compétences professionnelles comme la maîtrise de l’informatique, le traitement des informations et des données ; il devra par ailleurs réorganiser son travail de surveillance du troupeau » explique Aline Dronne. Un changement de métier qu’aucun des éleveurs interrogés ne regrette aujourd’hui. « Aucun ne souhaite faire marche arrière même si parfois l’installation et l’apprentissage ont été difficiles au début » confie la sociologue de l’Aract.
(1) Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail
À noter
Le nombre d’exploitations équipées d’au moins 1 robot a explosé. Fin 2015, 3 316 exploitations étaient équipées en France soit 10 fois plus qu’en 2005 et 2 fois plus qu’en 2010. Une augmentation exponentielle qui s’explique, selon l’étude réalisée par l’Anact et la Msa, par les nouveaux enjeux qui s’imposent aux agriculteurs (diversification, contraintes environnementales, développement de l’agriculture durable) et auxquels la robotisation peut répondre.