Revenus agricoles 2017 : du mieux, après la catastrophe de 2016
La Commission des comptes de l’agriculture a publié jeudi les comptes de l’agriculture pour l’année 2017. Des résultats en hausse mais une situation toujours précaire.
Le revenu des exploitations agricoles repart à la hausse en 2017. C’est ce qu’indiquent les statistiques prévisionnelles de l’Insee présentées le 14 décembre à la Commission des comptes de l’agriculture de la Nation. Après une année 2016 catastrophique, le revenu net de la branche agricole par actif non salarié serait en hausse de 22,2 %. Le résultat net de la branche agriculture devrait atteindre 14,2 milliards d’euros, alors qu’il frôlait péniblement les 11,8 milliards en 2016. Si l’économie agricole semble retrouver une dynamique positive, celle-ci est cependant insuffisante pour compenser la catastrophe de 2016. Le résultat net de la branche agriculture reste inférieur à celui de 2015 (15,5 Md€). Si l’on regarde les données brutes, c’est-à-dire le revenu de la branche agricole par actif non salarié avant déduction des charges, la hausse est moindre (+ 13 %) ; signe que les charges ont diminué, “pour la quatrième année consécutive”, précise l’Insee. À noter par exemple, le recul des taux d’intérêt (- 2,42 %) ou des charges locatives nettes (- 3 %).
Grandes cultures : les volumes, pas les prix Depuis quelques années, le ministère se refuse à publier des chiffres par orientation technico-économique des exploitations. Une décision qui avait fait suite au vif débat suscité par des écarts de statistiques énormes entre les chiffres prévisionnels et les résultats consolidés. Cependant, les chiffres fournis par l’Insee sur la valeur de la production (hors subventions) par secteur donnent des pistes sur la santé économique des différentes filières agricoles. Dans son ensemble, la production nationale agricole atteindrait 71,1 milliards d’euros, en hausse de 2,4 %, après une baisse de 6,6 % en 2016. Après une année 2016 catastrophique, “la valeur de la production de céréales se redresse fortement”, indique l’Insee : elle enregistre une hausse de 25 % après un recul de 31,3 % en 2016. Ce redressement est imputable à la hausse des volumes (+ 26,4 %), les prix étant de leur côté en retrait de 1,1 %. “La progression est également très marquée pour les oléagineux avec une récolte historique pour le colza et le tournesol”, affirme l’Insee.
Productions animales : des prix en hausse La filière laitière a profité de “la hausse exceptionnelle du prix du beurre en 2017”, commente l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture. Et en effet, malgré une production stable en volume, la filière lait et produits laitiers enregistre une hausse de 14 % de la valeur de sa production. Le même phénomène, à moindre échelle, s’observe pour le bétail : la production recule légèrement en volume (- 2,2 %) mais profite de la hausse des prix (+ 3,4 %). La production porcine tire son épingle du jeu : la hausse des prix (+ 6 %) entraîne une augmentation de la production, en valeur, de 2,8 %. Quant à la filière bovine, elle bénéficie du mieux dans le secteur laitier : la concurrence avec les vaches laitières réformées s’apaise et permet une remontée des prix de la viande bovine. Enfin, en volaille, le constat est le même : les volumes en recul (- 1,3 %) sont largement compensés par la hausse des prix (+ 5,1 %).
Légumes, pommes de terre, vin : valeur en recul Si 2017 devrait ressembler à 2016 pour la filière fruits, avec une hausse des volumes de 2 % qui compense parfaitement le recul des prix, ça n’est pas le cas pour les légumes. Les prix, en recul de 7 %, handicapent une production pourtant restée stable en volume. Quant aux pommes de terre, les volumes repartent à la hausse (+ 20 %) après deux années de repli. Mais ce rebond ne compensera pas l’effondrement des prix (- 40 %). Enfin, la filière vinicole voit la valeur de sa production reculer de 9,2 % du fait de volumes en repli de 12,2 % suite à des conditions météo “particulièrement défavorables”. L’agriculture française semble se redresser quelque peu en 2017. Mais ce rebond ne compensera pas une année 2016 catastrophique. En prenant un peu de recul, on s’aperçoit que les filières qui rebondissent en 2017 sont simplement celles qui avaient touché le fond en 2016. On comprend mieux pourquoi les syndicats agricoles ont bien du mal à se réjouir.
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