Retour à une situation normale mais fragile, la vigilance reste de mise
Malgré le contexte de la crise sanitaire et compte tenu de l’importance d’anticiper toute crise dans un domaine où l’on sait que la situation est fragile, la Préfète tient à réunir régulièrement les services de l’État compétents (Météo France, BRGM pour les niveaux des nappes, ARS pour la qualité sanitaire de l’eau, Office français de la biodiversité pour les niveaux des rivières) et les principaux acteurs de l’eau dans le territoire : le Conseil départemental, la ville de Guéret, les chambres consulaires, les représentants des usagers comme les syndicats agricoles ou associations environnementales... Le comité s’est donc réuni en audioconférence ce mardi 9 juin 2020 et pour la troisième fois cette année.
La pluviométrie des mois de mars et avril 2020 est légèrement excédentaire, alors que mai est déficitaire de 20 % surtout en fin de mois, avant une reprise des pluies depuis début juin. Entre le 1er et le 7 juin, il est tombé entre 20 et 75 mm de pluie suivant les stations. La pluviométrie sur l’ensemble des saisons hivernale et printanière est normale.
Le comité a constaté que les débits des cours d’eau surveillés du département sont compris entre 50 % et 170 % des normales saisonnières. On retrouve encore une fois un gradient Sud-Ouest/Nord-Est décroissant pour ces débits, avec un bassin du Cher moins bien doté, mais sans que la situation ne soit préoccupante même sur ce bassin.
La situation des eaux souterraines est elle aussi plutôt rassurante, avec des niveaux de nappes qui sont quasiment tous égaux ou supérieurs à la moyenne du mois de juin, excepté sur la zone d’Auzances.
Les sols qui étaient moyennement humides début mai, ont séché en fin de mois. Les pluies actuelles devraient rapidement rétablir la situation.
Au niveau agricole, les pluies de fin de printemps ont permis une bonne pousse de l’herbe, qui a été récoltée dans de bonnes conditions fin mai. Cette récolte n’a toutefois pas pu être complète.
Au vu des réserves en eau du sol et des prévisions météorologiques des prochains jours, la situation des ressources en eau du département peut être considérée comme globalement normale, et aucune pénurie n’est à craindre à court ou moyen terme, même si certains secteurs du département restent à surveiller. Les services de l’État continuent à suivre la situation avec vigilance.
La Préfète indique que l’objectif du comité eau n’est pas simplement de suivre la situation hydrologique au jour le jour mais aussi et surtout d’anticiper les éventuelles pénuries d’eau et les difficultés qu’elles pourraient entraîner tant pour les particuliers qui seraient soumis à des restrictions d’eau que pour les acteurs économiques, au premier rang desquels figurent les agriculteurs, en adoptant une vision la plus large possible des écosystèmes (nappe ou débits des rivières) et des usages.
Force est de constater que la sensibilisation du grand public reste nécessaire dans un territoire qui n’a pas encore totalement conscience de son extrême fragilité, comme en témoigne encore la multiplication des structures de gestion de l’eau, un prix de l’eau dans certaines zones sans rapport avec les travaux à réaliser sur les réseaux pour réduire les fuites, et le reste à faire pour assurer la sécurisation de la distribution de l’eau potable.
C’est toute l’importance des travaux en cours engagés dans le cadre du SAGE (Schéma d’aménagement et de gestion des eaux) du bassin de la Creuse mis en place début 2020 et du schéma départemental d’alimentation en eau potable dont les résultats seront fondamentaux pour éclairer les décisions qui devront être prises dans les années à venir.
La préfète tient à rappeler que ce n’est pas parce que le niveau hydrologique est moins préoccupant en ce début de mois de juin, que la situation n’en est pas moins fragile et qu’une sécheresse pourrait être exclue à l’été.